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A quatre jours du dénouement, les négociateurs du monde entier discutent vendredi à la COP28 à Dubaï de l'avenir du pétrole, du gaz et du charbon, tentant de façonner un compromis entre l'impératif scientifique de sortie des énergies fossiles et le nécessaire développement économique des pays émergents.
Les négociateurs épluchent frénétiquement le dernier projet d'accord rendu public vendredi après-midi et qui est passé en une semaine de 108 à 206 articles, dans le but de terminer la COP à l'heure mardi. Ce document propose une, deux, trois options ou plus sur de nombreux articles.
Des formules inédites sont apparues : sur les énergies fossiles, cinq options sont désormais proposées, dont celle de n'avoir "aucun texte" - rien sur le sujet - ou encore "une sortie des énergies fossiles alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles".
- Créativité diplomatique -
Deux autres formulations de sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) mettent l'accent sur le captage des émissions, un chiffon rouge agité par de nombreux pays dont ceux de l'Union européenne.
Mais leur sort est aussi mentionné dans le passage qui appelle à un triplement de la capacité des énergies renouvelables dans le monde d'ici à 2030. En bref, une option est la suivante : d'accord pour remplacer les énergies fossiles mais seulement au fur et à mesure que les renouvelables montent en gamme.
Une phraséologie qui fait écho à une déclaration commune en novembre Chine/Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre. Pékin et Washington s'engageaient à "accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (...) afin d'accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz".
- Besoin de dollars -
Le président émirati de la COP28 et patron de la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis, Sultan Al Jaber, n'a pas promis que charbon, gaz et pétrole figureraient dans le texte final mais il a répété vendredi, comme il le fait depuis six mois, que la réduction de la place faite aux énergies fossiles était "inévitable".
"Il est certain que le déclin de la consommation d'énergies fossiles va se produire, à terme", a-t-il martelé en conférence de presse. Toutefois, dans une allusion à sa position habituelle selon laquelle il ne faut pas se débarrasser trop vite du pétrole, il s'est redit "réaliste, pragmatique".
"Nous devons être justes. Nous devons être équitables. Nous devons être ordonnés et responsables dans la transition énergétique", a-t-il lancé.
En filigrane : les pays pauvres ont besoin d'énergie pour donner accès à l'électricité, aux transports et au développement à leurs citoyens ; si les pays riches veulent en finir avec le pétrole, ils doivent donner l'exemple et financer le solaire et les autres énergies renouvelables dans le reste du monde.
- L'Opep s'oppose -
Signe de la fébrilité ambiante, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a demandé "d'urgence" à ses 23 pays membres ou associés de "rejeter" tout accord ciblant les énergies fossiles à la COP28, selon un courrier consulté vendredi par l'AFP.
"On ne trouvera pas un accord sans la Chine", souligne quant à lui l'entourage de la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Malgré son opposition à une brusque sortie des énergies fossiles, dont elle est la première consommatrice mondiale, la Chine est considérée comme "constructive", rapportent des participants, à l'inverse de l'Arabie saoudite accusée d'obstructionnisme.
Le négociateur chinois, Xie Zhenhua, multiplie les réunions, semblant indiquer que son pays souhaite éviter un fiasco final.
- La crédibilité des COP -
Comme chaque jour, des rassemblements animent les allées de la COP28.
Des dizaines de jeunes militants se sont encore rassemblés pour appeler à la fin des énergies fossiles, au cours d'une manifestation organisée par les "Fridays for Future", le mouvement de la grève de l'école lancée par la Suédoise Greta Thunberg, absente.
Si la COP28 ne parvient pas à appeler à sortir de celles-ci, "cela remettra en question la crédibilité non seulement de la COP28 mais de l'ensemble du processus des COP", a par ailleurs mis en garde la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate.