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Les géants norvégien Equinor et allemand RWE ont convenu jeudi de coopérer en vue de décarboner l'énergie en Allemagne grâce à l'hydrogène, un ambitieux projet qui pourrait voir la pose d'un pipeline sous-marin entre les deux pays.
Signé à l'occasion d'une visite à Oslo du ministre allemand de l'Economie et du Climat Robert Habeck, le protocole d'accord prévoit de construire un nombre indéterminé de centrales, d'abord alimentées par du gaz norvégien, pour remplacer les centrales à charbon que Berlin veut fermer d'ici 2030.
Émettant moins de CO2 que le charbon, le gaz sera graduellement remplacé par de l'hydrogène, à mesure que les capacités de production de cette technologie encore embryonnaire augmenteront.
L'hydrogène lui-même sera d'abord bas carbone - produit à partir de gaz naturel dont plus de 95% du CO2 seront captés lors du processus industriel - puis complètement décarboné grâce à une production à partir de parcs éoliens en mer qu'Equinor et RWE disent vouloir développer conjointement au large de l'Allemagne et de la Norvège.
"Un approvisionnement fiable de l'Allemagne et de l'UE en hydrogène à l'échelle industrielle dépend de la construction d'un pipeline d'hydrogène entre la Norvège et l'Allemagne", a noté Equinor dans un communiqué.
La faisabilité d'un tel pipeline sous-marin est actuellement à l'étude chez Gassco, l'opérateur norvégien de gazoducs, et ses partenaires. "Il est urgent de développer rapidement une économie tournée autour de l'hydrogène", a estimé le directeur général de RWE, Markus Krebber, cité dans le communiqué. "L'hydrogène bleu (produit à partir d'énergies fossiles dont le CO2 est capté, ndlr) en grande quantité est un bon point de départ, avec ensuite une conversion vers de l'hydrogène vert" produit à partir d'énergies renouvelables, a-t-ajouté.
Dans une interview à la chaîne ARD jeudi, M. Habeck a tenté de désamorcer les critiques émanant d'associations de défense de l'environnement, qui déplorent le recours, dans un premier temps, à une énergie fossile. "Nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons encore être très sélectifs", a dit le ministre écologiste.
Privée, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de gaz russe dont elle était très dépendante, l'Allemagne cherche tous azimuts de nouvelles sources d'approvisionnement énergétique. Elle s'est notamment tournée vers la Norvège, devenue le premier fournisseur de gaz de l'Europe.