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C'est une proposition de loi socialiste qui pourrait coaliser les oppositions : l'Assemblée se saisit jeudi d'un texte pour s'opposer à tout risque de "démantèlement" d'EDF avec une "nationalisation réelle" de l'énergéticien, accueilli favorablement par le groupe LR.
"A priori, on votera la proposition de loi. On soutiendra la demande de non démantèlement d'EDF. On est totalement sur cette position", a indiqué le président du groupe LR à l'Assemblée Olivier Marleix, mardi devant la presse.
Le texte du député PS Philippe Brun avait déjà reçu un premier feu vert en commission mercredi dernier, grâce à l'attelage des oppositions, de la gauche au RN. "J'ai bon espoir que jeudi on puisse transformer l'essai", dit l'élu socialiste. Sa proposition de loi prend une forte valeur symbolique au moment où l'État tente de mener à bien une offre publique d'achat (OPA) destinée à renationaliser le géant de l'électricité et le relancer.
Philippe Brun a des "doutes" sur cette OPA, en raison des "nombreux recours" des petits actionnaires, et il juge insuffisante la valeur de 12 euros par action fixée par l'État pour racheter les titres.
Surtout, le député de l'Eure avance que l'OPA, avec une sortie de la cote boursière, pourrait laisser les "mains libres" à l'exécutif pour "démanteler" le groupe. Il accuse ainsi le gouvernement de ne pas avoir enterré le projet controversé Hercule de restructuration d'EDF - la séparation des activités nucléaires, hydroélectriques et renouvelables - vivement combattu par les syndicats.
Le gouvernement l'a toutefois démenti à plusieurs reprises. Le projet Hercule est "abandonné", a souligné le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "L'objectif de la montée à 100% au capital d'EDF est clair, c'est renforcer la politique nucléaire de la France" pour "la construction notamment de six EPR", avait aussi insisté son collègue des Comptes publics Gabriel Attal, alors que les finances d'EDF sont grevées par une dette record.
La proposition de loi socialiste vise à "nationaliser" EDF et donner aux parlementaires un droit de regard sur le sort de l'entreprise. Elle veut en faire un "groupe public unifié" et énumère ses activités pour éviter tout démembrement. En commission, a aussi été ajouté un amendement pour ouvrir aux artisans, notamment boulangers, le bénéfice d'un "bouclier tarifaire TPE spécifique", face à l'explosion des prix de l'énergie.
Le camp présidentiel fustige un texte qui va "aboutir au même résultat" que l'OPA "mais plus tardivement et (pour) plus cher". La proposition de loi est présentée lors d'une journée réservée aux textes socialistes dans l'hémicycle jeudi.