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Couper le financement de TotalEnergies en refusant de lui prêter de l'argent : près de 60 ONG ont appelé mercredi banques et investisseurs à "ne pas participer" à l'apport d'argent frais de l'entreprise qui continue "sa stratégie climaticide".
Ces organisations viennent principalement de France (les Amis de la Terre, Attac), d'Afrique (Justiça Ambiental du Mozambique, le Cecic en Uganda), mais sont aussi implantées à l'international (Reclaim Finance, Extinction Rebellion).
Près de 70% du financement de l'entreprise vient de ses levées de fonds sur les marchés financiers, via les émissions d'obligations, affirme le communiqué. TotalEnergies compte actuellement 45 emprunts sur les marchés, dont dix "doivent expirer entre 2024 et 2025". L'entreprise doit les rembourser, soit avec ses fonds propres soit, plus couramment, en contractant un nouvel emprunt.
Les ONG ont envoyé leur lettre à 24 banques (Crédit Agricole, HSBC, JPMorgan...) pour qu'elles "s'engagent publiquement à ne plus souscrire ou faciliter l'émission d'obligations" et à six gestionnaires d'actifs (Amundi, Blackrock, Allianz...) pour "refuser d'accorder un nouvel emprunt" à TotalEnergies.
Destinataire aussi de la lettre, BNP Paribas assure n'avoir " participé à aucune émission obligataire du secteur pétrolier et gazier depuis le 9 février 2023".
Les obligations, « un vrai eldorado financier »
"En aidant TotalEnergies à lever de l'argent sur le marché obligataire, [banques et fonds d'investissement] lui permettent alors indirectement de financer" ses nouveaux projets pétroliers et gaziers, explique le communiqué commun des ONG.
"Les obligations sont un vrai eldorado financier, plus discret que le financement de projet, pour TotalEnergies. Les acteurs financiers qui y participent doivent se rendre compte de leur responsabilité dans le financement de la stratégie climaticide de l'entreprise" a défendu Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements soutenables pour Reclaim Finance, citée dans le communiqué.
Premier gestionnaire d'actifs en Europe, Amundi, "estime qu'il est de sa responsabilité d'encourager la transition des entreprises énergétiques, notamment pétrolières (...) en veillant à ce que les acteurs mettent en oeuvre une stratégie climat en ligne avec les objectifs de l'Accord de Paris", selon une déclaration transmise à l'AFP.
TotalEnergies a rappelé à l'AFP qu'il avait a investi 17 milliards de dollars en 2023 dont 35 % dans les énergies bas carbone, disant vouloir "réussir notre transition et d'accompagner celle de nos clients".
Parmi ses dépenses d'investissement d'ici 2030, TotalEnergies prévoit "un tiers dans les énergies bas carbone, environ 30% dédiés au développement de nouveaux projets pétrole et gaz, le reste étant consacré à la maintenance du portefeuille hydrocarbures", avait indiqué l'entreprise par le passé.