BP voit son bénéfice semestriel essoré par marges de raffinage en repli et des dépréciations

  • AFP
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Le géant pétrolier britannique BP a publié mardi un bénéfice en forte chute au premier semestre, notamment à cause de dépréciations d'actifs et de marges de raffinage en repli.

Le bénéfice net part du groupe ressort en recul de 79% sur un an à 2,1 milliards de dollars. Le chiffre d'affaires a baissé pour sa part de 8% à 98 milliards de dollars.

Hors éléments exceptionnels, le bénéfice sous jacent au coût de remplacement, mesure la plus suivie par les marchés, se replie plus modestement.

Le directeur général Murray Auchincloss affirme que le groupe "réduit ses coûts tout en bâtissant une dynamique pour 2025" et une stratégie d'entreprise "plus simple, plus concentrée et avec plus de valeur".

BP avertit pour le troisième trimestre d'une production de pétrole et gaz plus faible qu'au deuxième trimestre et de marges sur le carburant "sensibles aux variations de coûts d'approvisionnement".

La "major" pétrolière augmente par ailleurs son dividende de 10% et étend un programme de rachat d'actions jusqu'au 4e trimestre.

Au premier trimestre, géant des hydrocarbures avaitdéjà vu son bénéfice plonger raison de prix des hydrocarbures en très fort repli comparé à leurs records du début de la guerre en Ukraine.

Malgré leur diminution, les résultats semestriels dépassent les attentes des analystes.

D'autant que BP avait annoncé début juillet que ses comptes semestriels pâtiraient d'"ajustements défavorables" après impôts compris "entre 1 et 2 milliards de dollars" dans ses résultats du deuxième trimestre, liés notamment à des dépréciations d'actifs.

Celles-ci comprennent des charges liées à la transformation "de notre raffinerie de Gelsenkirchen en Allemagne", avait alors précisé BP.

En mars, le groupe avait notamment annoncé son intention de réduire la capacité de production totale de ce site à partir de 2025, tout en engageant une production accrue de carburants à faibles émissions.

Il avait aussi prévenu que ses marges de raffinage seraient "nettement inférieures" d'un trimestre à l'autre et ses ventes de pétrole en recul.

"Alors que le monde fait face à une chaleur record, la plupart d'entre nous veulent désespérément voir des mesures prises pour lutter contre le changement climatique. Malheureusement il est clair que BP s'en moque" et "engrange des milliards de bénéfices, en payant d'énormes dividendes et redoublant d'ardeur sur les projets pétroliers et gaziers" polluants, a dénoncé l'ONG Global Witness mardi dans un communiqué.

- Confiance des investisseurs -

L'action prenait 2,32% à 463,65 pence en début de séance, soutenue par les redistributions aux investisseurs et par des résultats meilleurs qu'attendu.

Depuis le début de l'année, le titre recule de 0,12%.

"Les résultats du deuxième trimestre de BP interviennent au moment où la société veut regagner la confiance des investisseurs pour sa stratégie et fait face à des vents contraires alors qu'elle tente de baisser ses coûts en réduisant les projets de renouvelables, tout en maintenant les rachats d'actions pour doper les rendements" pour les investisseurs, commente Andrew Keen, analyste d'Edison.

"Après une crise de l'énergie en 2022 générée par l'invasion russe de l'Ukraine qui a dopé les profits des géants pétroliers, BP et ses rivaux s'habituent à des périodes de résultats plus normales", remarque Victoria Scholar, analyste d'Interactive Investor.

Elle rappelle que Murray Auchincloss, qui a pris les commandes du groupe en début d'année, "a tranché dans les projets d'énergie verte du groupe pour se focaliser à nouveau sur le pétrole et gaz. Les projets de biocarburants ou d'éolien ont été revus à la baisse ou mis en pause".

"Au lieu de cela BP a donné le feu vert au projet de Kaskida dans le Golfe du Mexique, un nouveau puits de pétrole important dont l'exploitation doit débuter en 2029", poursuit-elle.

L'ex-patron Bernard Looney, parti avec fracas l'an dernier pour des relations personnelles non pleinement dévoilées au sein de l'entreprise, avait commencé son mandat en mettant l'accent sur la transition énergétique, promettant de mener l'entreprise vers la neutralité carbone avec une stratégie plus ambitieuse que celle de ses pairs.

Le groupe avait mis un coup de frein l'an dernier, espérant doper son action.

ved/nth

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