- Source : Ifri
« Assurer la sécurité de nos approvisionnements, maintenir des prix bas de l’énergie et construire des infrastructures énergétique bas-carbone : les défis restent les mêmes », assurait au lendemain du référendum sur le Brexit (juin 2016) Amber Rudd, alors secrétaire d’État britannique à l’Énergie.
Dans cette étude publiée par le Centre Énergie de l’Ifri, Bruno Lescoeur, conseiller spécial du PDG d’EDF et ancien PDG de London Electricity Group(1), retrace l’histoire de la politique énergétique au Royaume-Uni en soulignant la constance de la « méthode employée » , économique et pragmatique, malgré les changements de majorité politique.
Bruno Lescoeur revient ainsi sur les différentes transitions énergétiques outre-Manche, à commencer par la première révolution industrielle qui a vu la substitution du charbon au « charbon de bois »(2). La production de charbon en Grande-Bretagne est passée de 2,7 millions de tonnes en 1700 à 12 millions de tonnes en 1800 et a par la suite atteint un maximum de 294 millions de tonnes en 1913, rappelle cette étude.
Une deuxième transition énergétique (fin du XIXe siècle/début du XXe siècle) a été marquée par le développement du vecteur électricité, du pétrole et du moteur à explosion. Des décennies plus tard, l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979 a engendré de profondes évolutions du système énergétique britannique, avec notamment le lancement d’un nouveau programme nucléaire (15 GW de nouvelles centrales) afin de pallier le déclin prévisible des ressources d’hydrocarbures en Mer du Nord. Le règlement de la question du charbon, qui a entraîné de très importants mouvements de grèves (en particulier en 1984-1985), est également détaillé dans cette étude.
L’auteur loue la faculté du Royaume-Uni à tester de nouveaux instruments de politique énergétique et à les adapter rapidement pour répondre aux préoccupations économiques et de sécurité énergétique (mais aussi de plus en plus environnementales) du pays. Il souligne la réforme du marché de l’électricité mise en œuvre ces dernières années(3) et notamment l’introduction du dispositif de « contract for difference » (CFD). Celui-ci consiste à donner à des producteurs d’électricité « bas carbone » (renouvelables ou nucléaire) la garantie de recevoir une prime(4) entre le prix du marché de gros (spot) auxquels ils écoulent leur production et un prix garanti convenu sur toute la durée d’un contrat(5). Ce contrat qui apporte une visibilité importante aux investisseurs a notamment été adopté dans le cas du projet d’Hinkley Point C(6).
Sources / Notes
- Société qui est devenue l’actuel EDF Energy.
- Cette substitution est liée à la crise du bois vers 1550 qui était alors nécessaire au travail des métaux.
- « EMR » pour « Electricity Market Reform ».
- Cette prime est versée par une compagnie créée à cet effet : la Low Carbon Contracts Company (LCCC).
- La durée des contrats « peut être de 15 ans pour les énergies renouvelables, et beaucoup plus pour le nucléaire ».
- Qui porte sur la construction de 2 EPR.