Le traité « Euratom » fête tristement son 63e anniversaire…

Samuele Furfari

Professeur de géopolitique de l'énergie à l’Université libre de Bruxelles
Président de la Société européenne des Ingénieurs et Industriels

Le 25 mars 1957 à Rome, les 6 États membres fondateurs de la communauté européenne signaient le traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique, dit traité « Euratom »(1). Après le lancement avec succès de la CECA et l’échec de la Communauté de défense, les six ministres des affaires étrangères s’étaient entendus lors de la conférence de Messine de juin 1955 pour relancer la construction de la « communauté » comme on l’appelait à l’époque. Dans la résolution de Messine(2), il était affirmé qu’il n’y aurait « pas d’avenir sans énergie abondante et bon marché ». En moins de deux ans de négociations, le traité Euratom était signé en même temps que le traité de Rome établissant « le marché commun ».

Le traité Euratom, portant sur la seule filière nucléaire, incarne une vision positive de l’énergie avec entre autres pour missions de développer la recherche et assurer la diffusion des connaissances techniques, veiller – par la création de l’Agence d’approvisionnement - à l’approvisionnement « régulier et équitable en minerais et combustibles nucléaires », assurer la protection sanitaire de la population et des travailleurs et plus globalement promouvoir une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

Après la Seconde guerre mondiale, l’Europe n’aurait pas pu être relancée sans énergie électrique abondante et bon marché. En deux décennies, la filière du nucléaire civil était conçue et déployée. Lors des crises pétrolières des années 1970, la réaction des pays européens et des États-Unis à travers la création de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a apporté une riposte appropriée. Mais Euratom y a aussi contribué : avant les crises pétrolières, le pétrole était si bon marché et sans impact géopolitique qu’on en brûlait afin de générer de l’électricité.

En avril 1980, le Conseil européen indique chercher « le remplacement du pétrole par des sources d'énergie de rechange » pour la production d’électricité, en mentionnant l’énergie nucléaire mais aussi… le charbon(3). En juin de la même année, une résolution du Conseil des communautés européennes confirme l’ambition de « couvrir au moyen des combustibles solides et de l'énergie nucléaire 70 à 75 % des besoins en énergie primaire pour la production d'électricité » d’ici à 1990(4).

Que reste-t-il aujourd’hui du traité Euratom ? D’une durée illimitée, ses effets se font encore pleinement sentir aujourd’hui. L’Agence d’approvisionnement, basée à Luxembourg, est toujours opérationnelle. Euratom assure, comme le prévoit le traité, la non-prolifération des matériaux fissiles grâce à ses inspecteurs nucléaires (basés eux aussi à Luxembourg) qui interviennent partout dans l’UE où des produits fissiles sont utilisés ou stockés(5). En matière de fusion nucléaire, Euratom a été un précurseur de l’intégration européenne : dès les années 1970, toute la recherche était gérée par un programme européen. Euratom, représenté par la Commission européenne, est le partenaire européen dans le projet mondial de fusion nucléaire ITER en construction à Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Le vice-président exécutif au Climat, Frans Timmermans, estime aujourd'hui que, « d'aucune façon on ne peut qualifier le nucléaire d'énergie durable » (tout en reconnaissant qu’elle « jouera un rôle dans la transition » du fait de sa production décarbonée). Quel renversement historique... et dire que la politique européenne prétend décarboner l’économie ! Rappelons que l’énergie nucléaire reste aujourd’hui  la principale source d’électricité dans l’Union européenne (25,5% en 2019(6)), loin devant les autres sources décarbonées : éolien (13,4%) et solaire (4,3%).

Nous voyons au cours de la terrible pandémie actuelle combien notre santé, nos hôpitaux sont dépendants d’un approvisionnement stable et continu d’électricité et l’importance des centrales nucléaires qu’Euratom a permis de créer, alors que le Plan vert européen remet en cause notre précieux, fonctionnel et sûr système électrique pour en créer un hypothétique. Je rappelle que la Commission européenne est gardienne des traités, y compris donc du traité Euratom...

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Commentaire

Rochain
Encore un qui veut profiter de la pandémie de corona virus pour justifier ses inepties. Comme si les ENR devaient amplifier le problème !! Les éoliennes sont au moins à 150 m les unes des autres alors qu'ils sont deux ou trois mille à se côtoyer de près dans une centrale nucléaire ! Oui, vous avez raison c'est tout aussi ridicule que la tentative de Furfari de trouver un intérêt au nucléaire à propos du corona virus.
Schricke
Tiens, revoilà Mr Rochain !... Il nous manquait ! Le trublion de l'énergie est de retour, avec sa hargne viscérale du nucléaire, et ses "arguments" à l'emporte pièce...Je lui fais une recommandation: compte tenu du fait que, qu'il le veuille ou non, l'électricité qu'il utilise (comme tout le monde !) est au moins, à 70% d'origine nucléaire, je lui propose de "boycotter" cette énergie, afin de mettre ses actes en concordance avec ses convictions !... Que pense-t-il de cette proposition ?
Rochain
Mais c'est fait depuis longtemps mon pauvre Schricke, je ne suis plus client d'EDF depuis longtemps déjà. Je suis conjointement client de la St hydro-électrique de la Lentilla dans les PO et du parc photo-voltaique de Cap-Decouverte dans le Tarn. et le tout acheminé par ENEDIS jusqu'à mon compteur lynki qui sait faire la différence selon l'heure. Vous, vous êtes encore au XX e siècle. Réveillez vous, EDF n'a plus le monopole de la production électrique, mais seul ENEDIS possède le réseau de distribution. Comment voulez vous pouvoir discuter sérieusement d'avenir en ayant toujours la vision passéiste du monopole EDF ?
Justin
Rochain: Vous vous mettez le doigt dans l'oeil! Quand il n'y a pas de soleil et que c'est l'été donc pas d'eau dans les barrages, vous avez pourtant de l'électricité, non? Si oui, c'est que vous utilisez l'électricité d'EDF et donc de l'électricité nucléaire!
Rochain
Mon pauvre Justin comment pouvez vous être aussi ignorant ? Le doigt, je le réoriente vers votre œil. C'est l'été mais il n'y a pas de Soleil car il fait noir comme une nuit sans Lune dans toute la France (et même l'Europe) 48 heures d'affilée…. Vous imaginez sans doute qu'un nuage qui passe produit zéro watt sur les 5000 M2 de PPV de Cap Découverte ???? Depuis qu'il existe le barrage de Vinça n'a jamais été à sec, et si un jour ça arrive, vos centrales nucléaires refroidies à l'eau des rivières sera en bien plus mauvaise posture que moi. Comment peut-on être aussi ignorant et prétendre donner des leçons ?
Sallès
Effectivement, encore quelqu'un qui croit voir dans l'actualité une justification de son agende pro-nucléaire. On pourrait tout aussi bien lui rétorquer que, en cas de pandémie entraînant un manque de moyens humains, on serait très content de disposer de moyen de production nécessitant peu voire aucune présence humaine pour fournir de l'électricité...quelque-chose qui ressemble beaucoup au PV.
Gontier
Bonjour, je suis surpris par l'analyse des parts respectives de production. si j'ouvre le lien n°6 des pièces jointes, et que je vais à la page 13, si l'éolien est bien à 13 et le solaire à 4, il manque quand même la biomasse à 6% et surtout l'hydroélec à 11%. la comparaison nucléaire vs autres sources élec décarbonnées devrait donc se faire entre les 25,5 du nucléaire et les 35 des ENR. les ENR étant des énergies décentralisées et multiples, il ne semble pas opportun de faire une analyse partielle en n'en retenant que quelques unes dans une telle analyse. Et merci pour les liens qui permettent d'avoir les sources et de découvrir toujours plus de nouveaux documents Cordialement,
Claude MANDIL
Si je puis me permettre, le problème n'est pas de savoir si Monsieur Rochain peut consommer son électricité sous forme renouvelable 24 heures sur 24, mais de savoir ce qui se passerait si tout le monde essayait de faire comme lui

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