La production électrique du Pérou a atteint 48,1 TWh en 2015, soit 6% de plus qu'en 2014. (©photo)
Treize nouveaux projets renouvelables d’une capacité cumulée de 430 MW ont été officialisés mardi dernier au Pérou. Les principaux d’entre eux portent sur des installations éoliennes et photovoltaïques, une nouveauté dans ce pays où l’hydroélectricité est bien plus développée. Le Pérou diversifie ainsi ses sources d’énergie, un peu plus d’un an après la tenue de la Conférence Climat à Lima (COP20).
Un pays en pleine croissance
Le Pérou a une superficie deux fois plus importante que la France mais une consommation d’énergie près de 10 fois inférieure. Le pays est toutefois classé par les Nations Unies parmi les pays au « développement humain élevé » (il se classe au 84e rang mondial en matière d’IDH)(1) et a vu son PIB tripler depuis 2000. L’économie péruvienne est l’une des plus dynamiques de la région. En 2015, elle a connu une croissance de 3,3% selon l’Institut national de statistiques(2) (c’est la 17e année consécutive de hausse du PIB national).
En matière d’énergie, ce développement s’est entre autres matérialisé par une amélioration considérable de l’accès à l’électricité lors des 25 dernières années : son niveau de couverture au niveau national est passé de 45% en 1990 à plus de 91% en 2015. Ce taux reste néanmoins parmi les moins élevés d’Amérique du Sud en raison des zones rurales encore non connectées(3).
Signalons que la population du Pérou qui avoisine 31,4 millions d’habitants en 2015 pourrait augmenter d’un peu plus de 10 millions de personnes d’ici à 2050 selon le dernier rapport des Nations Unies (qui prévoit une hausse de 33,5% de la population dans les 35 ans à venir). Cette croissance démographique aura un impact sensible sur la consommation d’énergie qui a déjà augmenté de près de 80% entre 2004 et 2014, sous l’effet de la croissance économique (elle atteint 23 Mtep en 2014(4)).
Un mix énergétique reposant sur les hydrocarbures et sur l’hydroélectricité
Les énergies fossiles satisfont actuellement près des trois quarts des besoins énergétiques péruviens, les hydrocarbures liquides (diesel et essence, GPL, etc.) apportant la plus grande contribution. Selon l’IRENA (Agence internationale des énergies renouvelables), le Pérou dispose toutefois d’importantes ressources renouvelables encore inexploitées (solaire, biomasse, éolien et géothermie)(5), outre son parc hydraulique existant.
Un organisme public en charge des investissements dans l’énergie et l’industrie minière (Osinergmin) supervise des mises aux enchères portant sur le développement des projets renouvelables. Ce système doit permettre de retenir les projets les plus compétitifs.
A l’heure actuelle, la production d’électricité du Pérou repose encore à parts à peu près égales sur le gaz naturel et l’hydroélectricité. Les centrales thermiques à combustible fossile(6) ont produit 23,9 TWh en 2015, soit 49,8% du mix de production électrique péruvien et les centrales hydroélectriques 23,3 TWh (48,5%). Avec 833 GWh produits en 2015, les parcs solaire et éolien du Pérou comptent en revanche pour moins de 2% de ce mix selon les dernières données officielles(7).
La centrale hydroélectrique de Cheves a été inaugurée en septembre 2015 à près de 245 km au nord de Lima. Dotée d’une puissance installée de 172 MW, elle devrait permettre de produire près de 840 GWh par an. (©flickR-Ministerio de Energia y Minas)
Des nouveaux projets renouvelables retenus cette semaine
L’organisme Osinergmin a officialisé le 16 février les résultats de la dernière mise aux enchères portant sur les énergies renouvelables qui a permis de sélectionner 13 projets. Parmi eux figurent 2 futurs parcs photovoltaïques d’une puissance cumulée de 185 MW et dont l’électricité sera acheté à un prix de 48,1 $/MWh et 3 projets éoliens dont le prix d’achat atteindra seulement 37,8 $/MWh. Ont également été retenus 6 projets hydroélectriques et 2 petits projets dans le domaine de la biomasse et des déchets dont l'électricité sera racheté à des prix plus élevés. L’exploitation de ces projets devrait débuter d’ici à décembre 2018.
Enel Green Power est le principal bénéficiaire de cette mise aux enchères puisque 3 de ses projets ont été retenus (éolien, photovoltaïque, hydroélectricité) pour une capacité cumulée de 326 MW. Ceux-ci bénéficieront d’un contrat garanti d’achat d’une durée de 20 ans et devraient faire de l'entreprise le principal acteur des énergies renouvelables au Pérou en 2018. Selon Enel Green Power, son projet éolien (ferme Nazca de 126 MW) sur la côte sud du Pérou pourrait en particulier permettre de produire 600 GWh par an (soit un facteur de charge très élevé d’environ 54%) grâce à de très bonnes ressources de vent(8).
Pour rappel, le Pérou avait accueilli la 20e Conférence Climat des Nations Unies (COP20) en décembre 2014 et avait été associé à la préparation de la COP21 qui s’est tenue à Paris fin 2015. Dans ce cadre, le pays s’est engagé à réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre (qui comptent pour 0,3% des émissions mondiales) d’ici à 2030 par rapport aux projections « business as usual » à cet horizon(9).