©OPEP
Les pays producteurs de pétrole réunis au sein du groupe « OPEP+ » ont convenu les 4 et 5 janvier 2021 par visioconférence de leurs plafonds de production pour les mois de février et mars 2021. Ce qu’il faut en retenir.
Le contexte
Au dernier trimestre 2020, l’offre mondiale de pétrole brut était estimée à près de 91,9 millions de barils par jour (Mb/j), dont plus de la moitié provenait des producteurs de l’OPEP+ (OPEP et 10 autres producteurs au premier rang desquels la Russie), selon les dernières données disponibles relayées par IFP Énergies nouvelles(1). Le marché pétrolier continue à se rééquilibrer alors que la demande mondiale de brut est remontée à hauteur de 94,7 Mb/j au dernier trimestre 2020 (contre environ 100 Mb/j en 2019).
Pour rappel, les pays de l’OPEP+ avaient convenu début décembre 2020 de remonter leur production cumulée de 0,5 Mb/j en janvier 2021. Cela correspond à un niveau d’offre inférieur de 7,2 Mb/j au niveau de production de référence considéré par ce groupe, c’est-à-dire celui d'octobre 2018 (sauf pour l'Arabie saoudite et la Russie, pays pour lesquels la production « de référence » est fixée à 11 Mb/j).
En décembre 2020, l’OPEP s’était également accordé sur le fait de tenir chaque mois une réunion à partir de janvier 2021 afin « d'évaluer les conditions de marché et de décider des futurs ajustements de production pour le mois suivant » (les ajustements mensuels de la production ne devant pas dépasser 0,5 Mb/j).
Les engagements pour février et mars 2021
Le communiqué de presse publié le 5 janvier par l’OPEP(2) souligne les « événements sans précédent de 2020 et l’impact brutal de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale et les marchés ». Partant de ce constat, l’Arabie saoudite a plaidé ces derniers jours pour une « approche prudente » face aux incertitudes sur la demande mondiale de pétrole, tandis que la Russie souhaitait augmenter sa production (afin que les producteurs américains ne regagnent pas des parts de marché en profitant d'une remontée des cours).
À l'issue des discussions au sein de l'OPEP+, seuls la Russie et le Kazakhstan sont finalement autorisés à très faiblement remonter leur niveau de production aux mois de février et mars 2021. La production russe de pétrole, plafonnée à 9,119 Mb/j en janvier 2021, pourra en particulier remonter à 9,184 Mb/j en février 2021 et 9,249 Mb/j en mars 2021 (voir le détail des plafonds de production par pays de l'OPEP+).
Le ministre saoudien de l’Énergie Abdelaziz ben Salmane a par ailleurs annoncé l’intention de Riyad d’abaisser de façon unilatérale son quota de production (actuellement fixé à 9,184 Mb/j) de 1 Mb/j, réendossant ainsi son rôle de « swing producer » - qu'elle avait abandonné à plusieurs périodes (entre juillet 2014 et décembre 2016 et en mars-avril 2020) - pour maintenir les cours du pétrole(3). In fine, la production cumulée de l’OPEP+ devrait donc baisser en février et mars 2021(4).
Le communiqué de presse de l’OPEP appelle à nouveau les producteurs du groupe OPEP+ à respecter leurs quotas de production. Les membres ayant produit davantage que leurs plafonds de production doivent présenter au Secrétariat de l’OPEP leurs plans de « compensation » d’ici au 15 janvier 2021.
Les cours du pétrole
Suite aux annonces de l’OPEP+ et de Riyad, le cours du baril de Brent est remonté au-dessus de 54 $, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis fin février 2020.
IFP Énergies nouvelles signale, pour le mois de décembre 2020, « plusieurs facteurs à l’origine de la relative fermeté des prix du pétrole : la bonne tenue des marchés financiers, la faiblesse du dollar, la baisse des stocks pétroliers américains » (ainsi que la montée des tensions avec l’Iran, « également de nature à soutenir les cours »). Une hypothétique « guerre » pour défendre les parts de marché ferait probablement retomber le prix du pétrole autour de 40 $/b, voire moins », précise IFP Énergies nouvelles.