La feuille de route énergétique de la Guyane

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Guyane

Mis en service en 1994, le barrage hydroélectrique de Petit Saut est la principale installation de production électrique en Guyane. (©EDF-Sébastien Salerno)

Le décret relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Guyane a été publié au Journal officiel le 1er avril alors que la collectivité ultramarine connaît actuellement un mouvement social de grande ampleur. Présentation des grandes orientations énergétiques de cette région d’ici à fin 2023.

Une PPE principalement axée sur le système électrique

Pour préciser les orientations énergétiques des différentes collectivités françaises, la loi de transition énergétique adoptée à l’été 2015 prévoit qu’une PPE unique couvre le territoire continental de la France (adoptée en octobre 2016) et que les zones non interconnectées (ZNI comme la Guyane et la Corse) adoptent chacune une PPE spécifique, eu égard à leurs spécificités.

La PPE de la Guyane, élaborée conjointement par la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) et les services de l’État, porte sur deux périodes (2017-2018 et 2019-2023), une révision étant prévue d’ici fin 2018 pour confirmer les objectifs énergétiques à l’horizon 2023 et prolonger la programmation jusqu’à fin 2028.

A l’heure actuelle, la Guyane dépend à près de 80% des importations (hydrocarbures). Elle ne dispose pas d’interconnexions électriques avec les pays voisins mais bénéficie d’importantes ressources renouvelables sur son territoire. A ce jour, c’est sur le système électrique que la PPE est « axée prioritairement ». Des mesures majeures dans les transports, secteur qui compte pour 56% de la consommation d’énergie primaire en Guyane, devraient être précisées lors de la révision de la PPE en 2018.

Une production électrique reposant fortement sur les énergies renouvelables

Comme dans les différentes PPE (métropole continentale, Corse, etc.), le développement des énergies renouvelables constitue un axe prioritaire de la feuille de route énergétique guyanaise. Parmi les ZNI, la Guyane se distingue d’ores et déjà par la très forte pénétration des renouvelables dans son mix électrique : de l’ordre de 64% de la production électrique selon les données de la PPE (portant sur 2014) contre 33% à la Réunion, de l'ordre de 30% en Corse, 18,5% en Guadeloupe et 7% en Martinique.

Plus de la moitié de la production électrique totale de la Guyane (863 GWh en 2014) provient de la centrale hydroélectrique de Petit Saut de 116 MW(1). La Guyane envisage de développer encore davantage la production électrique d’origine renouvelable en s’appuyant sur le déploiement de nouvelles capacités, principalement intermittentes avec le solaire avec ou sans stockage (+ 51 MW d’ici à fin 2023) et l’éolien avec stockage (+ 26 MW), mais aussi avec la biomasse (+ 40 MW), la petite hydraulique (+ 16,5 MW) et les déchets (+ 8 MW).

Rappelons que le développement de solutions de stockage est essentiel pour pouvoir augmenter l’injection d’électricité intermittente (photovoltaïque et éolien) sur le réseau et que les différentes installations renouvelables ont des facteurs de charge très différents entre elles selon la nature des ressources (disponibles de façon continue ou aléatoire) qu’elles exploitent et le lieu où elles sont implantées.

Améliorer l’efficacité énergétique et l’accès à l’électricité

La centrale thermique au diesel de Dégrard-des-Cannes (associée à deux turbines à combustion(2)) est, avec le barrage hydraulique de Petit Saut, l’autre grande installation électrique guyanaise. Elle devrait être remplacée d’ici à fin 2023 par une nouvelle centrale thermique de 120 MW pouvant fonctionner aussi bien au fioul léger qu’au gaz naturel (une étude devrait permettre de confirmer ou non d’ici 2023 l’intérêt d’un plan d'approvisionnement gazier du territoire).

La Guyane prévoit par ailleurs d’augmenter l’efficacité énergétique sur son territoire avec un objectif de réduction de sa consommation électrique de près de 17% en 2023 par rapport au scénario tendanciel (avec un effort particulier portant sur la climatisation dans les secteurs tertiaire et industriel et sur l’eau chaude sanitaire dans le secteur résidentiel).

L’accès à l’électricité constitue également une problématique importante en Guyane pour les territoires ruraux non connectés au réseau public. Il est prévu de développer différentes actions expérimentales pour l’électrification de ces zones (autoconsommation, stockage).

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