- Source : Ifri
En 2016, la pollution de l’air (extérieur) était tenue responsable de près d’un million de décès « prématurés » en Chine(1). Elle réduirait en moyenne de 25 mois l’espérance de vie dans ce pays, les grandes zones urbanisées étant particulièrement affectées (en particulier dans la région de Pékin, Tianjin et la province d’Hebei).
Dans l’étude ci-après publiée le 14 février par le Centre Énergie de l’Ifri, Thibaud Voïta(2) présente les principaux défis en matière de pollution de l’air(3) et de transition énergétique auxquels sont confrontées les villes chinoises ainsi que les initiatives locales mises en œuvre pour relever ces défis, à l’image de l’électrification de la flotte de bus de Shenzhen ou du système de classification de l’efficacité énergétique introduit par la ville de Suzhou.
Il est entre autres rappelé que « l’appétit vorace de ciment » dans les villes chinoises serait à l’origine de plus du quart des émissions nationales de particules fines. Selon Thibaud Voïta, « la période de construction de très gros ensembles est terminée » mais le mouvement d’urbanisation se poursuit dans le pays : en 2030, la Chine pourrait compter 173 villes de plus de 1 million d’habitants (contre 124 en 2018) selon les dernières projections de l’ONU(4).
Thibaud Voïta souligne que les villes chinoises peuvent se montrer particulièrement volontaristes dans leurs efforts de « transition », comme en témoigne l'engagement de 25 d’entre elles - réunies au sein de l’Alliance of Pioneer Peaking Cities - d'atteindre un pic de leurs émissions de gaz à effet de serre avant l’objectif national (à savoir 2030). Il est toutefois souligné les limites de certaines initiatives locales, la politique de réduction de la pollution de l’air de Pékin ayant par exemple consisté en partie à déplacer des industries polluantes dans des zones voisines (en particulier dans la province de Hebei).
Le système politique chinois étant très centralisé, le gouvernement central reste « le principal acteur des nouvelles politiques énergétiques, y compris au niveau local ». À cet égard, Xiongan, projet de « ville verte » porté par les autorités chinoises(5), a vocation à servir de modèle aux villes du pays (mais aussi à l'étranger).
Située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Pékin, cette ville « bas carbone » est censée être terminée à l’horizon 2035 mais elle pourrait compter 2 millions d’habitants dès 2022. Le mix énergétique de Xiongan devrait reposer sur le gaz naturel (« souvent considéré comme une énergie propre en Chine »), la biomasse, la géothermie et le solaire. De nombreuses sociétés chinoises (Baidu, Sinopec, State Grid Corporation of China, etc.) ont déjà investi dans le projet pour soutenir les ambitions du gouvernement chinois.
Entre 2010 et 2016, la part du gaz naturel a plus que doublé dans le mix énergétique de Pékin (ce combustible se substituant au charbon), indique Thibaud Voïta, signe de la volonté de réduire la pollution de l'air dans cette ville. (©Connaissance des Énergies, d'après Ifri)
Sources / Notes
- Rapport spécial de l’AIE sur l’énergie et la pollution atmosphérique, 2016.
- Thibaud Voïta est un consultant spécialiste des politiques énergétiques et environnementales en Chine.
- D’importants efforts sont notamment réalisés dans le domaine du transport routier qui compte pour près de 85% de la consommation chinoise de pétrole. Le développement de véhicules à faibles émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques est entre autres encouragé par la feuille de route Made in China 2025 de Pékin. Le gouvernement chinois ambitionne entre autres de disposer de 5 millions de véhicules électriques sur les routes du pays dès 2020. À cette fin, des subventions nationales et locales s’élevant en moyenne à 23% du prix des voitures visent à encourager leur acquisition.
- World Urbanization Prospect 2018.
- La création de Xiongan a été annoncée par les autorités chinoises en avril 2017.