Les banques et entreprises chinoises investissent actuellement dans des projets de centrales à charbon dans 27 pays différents. (©Pixabay)
L’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) a publié le 21 janvier un rapport sur les investissements chinois dans des projets de centrales à charbon à l’étranger(1).
Centrales à charbon : 35,9 milliards de dollars d’investissements chinois à l'étranger
À fin juillet 2018, les investissements en cours ou prévus des banques et entreprises chinoises dans des projets de centrales à charbon hors de Chine s’élevaient à 35,9 milliards de dollars selon les dernières données de l’IEEFA. Au total, ces investissements portaient sur 102 GW de capacités électriques, soit plus du quart des projets de centrales à charbon en cours de développement dans le monde « hors Chine » (d’une puissance cumulée de 399 GW).
Près de trois quarts de ces investissements chinois concernent des projets situés dans cinq pays : le Bangladesh, le Vietnam, l’Afrique du Sud, le Pakistan et l’Indonésie.
Précisons que 38% des projets de centrales à charbon soutenus sont de technologie « ultra-supercritique » (centrales à haut rendement, au-delà de 300 bars et de 585°C). Les centrales « sous-critiques » (à faible rendement) ne captent plus que 23% des investissements chinois en faveur de projets de centrales à charbon à l'étranger (contre 58% pour les projets soutenus entre 2001 et 2016).
La Chine, « de plus en plus isolée »
Selon l’IEEFA, la Chine est ainsi toujours « agnostique » en matière d’investissements dans l’énergie. Le pays est d'ailleurs parallèlement restée de loin « le leader » des investissements dans les « énergies propres » en 2018 selon BNEF (100,1 milliards de dollars, soit 30% du total mondial). Si Pékin encourage la baisse de sa demande domestique de charbon, les banques chinoises constituent encore « le prêteur de dernier ressort pour les centrales à charbon » à l'étranger.
Les investissements chinois vont ainsi à rebours des stratégies des institutions financières à travers le monde qui détournent peu à peu leurs investissements des projets de centrales à charbon, à l’image de la Banque mondiale, craignant entre autres les risques d’actifs échoués. Les autres principaux pays financeurs de centrales à charbon à l'étranger, le Japon et la Corée du Sud, se désengagent également de plus en plus de ces projets selon l'IEEFA, laissant la Chine « de plus en plus isolée par rapport aux autres pays ».
Pour rappel, le charbon a toutefois encore compté pour 38% de la production mondiale d’électricité en 2017 et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que la consommation mondiale de ce combustible pourrait rester stable d’ici à 2023.
Les investissements chinois dans des projets de centrales à charbon au Bangladesh s’élevaient à plus de 7 milliards de dollars à fin juillet 2018. (©Connaissance des Énergies, d’après IEEFA, Global Coal Plant Tracker)