La crise énergétique actuelle « rappelle la fragilité et la non-durabilité du système énergétique mondial actuel » selon l'AIE. En 2050, les énergies solaire et éolienne pourraient respectivement satisfaire 7% et 5% des besoins énergétiques mondiaux selon le scénario central (STEPS) de l'Agence. (©Invenergy)
« La crise énergétique mondiale déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie provoque des changements profonds et durables susceptibles d'accélérer la transition vers un système énergétique plus durable et plus sûr », selon le World Energy Outlook 2022 publié ce 27 octobre par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Le gaz naturel, grande « perdante » de la guerre en Ukraine ?
La guerre en Ukraine a eu un impact majeur sur les marchés de l'énergie, notamment sur le gaz naturel dont le prix a en particulier flambé en Europe. Pour rappel, l’Union européenne avait importé 155 milliards de m3 (Gm3) de gaz naturel à partir de la Russie en 2021, ce qui représentait alors près de 45% des importations et environ 40% de la consommation de gaz naturel des États membres.
L'un des effets majeurs de la guerre en Ukraine est que « l'ère de la croissance rapide de la demande de gaz naturel touche à sa fin » selon l'AIE. Dans son scénario « STEPS » (« Stated Policies », sur la base des politiques annoncées à ce jour), l'Agence estime que la consommation mondiale de gaz va « augmenter de moins de 5% entre 2021 et 2030, puis rester stable à environ 4 400 milliards de m3 par an jusqu'en 2050 ». La dynamique du gaz naturel a y compris ralenti dans les économies en développement, notamment en Asie du Sud et du Sud-Est, ouvrant « une brèche » dans la vision souvent relayée ces dernières années d'une énergie fossile « de transition » .
Au total, « la majeure partie de la révision à la baisse de la demande gazière d'ici à 2030 dans le scénario STEPS présenté cette année est due à un passage plus rapide à l'énergie propre, mais environ un quart est également dû au fait que le gaz perd de l'importance au profit du charbon et du pétrole », indique l'AIE.
Pour compenser les déficits d'approvisionnement en gaz russe, « l'Europe devrait importer 50 milliards de m3 supplémentaires de gaz naturel liquéfié en 2022 par rapport à l'année précédente » mais aussi fortement réduire sa demande, précise l'Agence.
Toujours un peu plus de 60% d'énergies fossiles dans le mix énergétique mondial en 2050 selon le scénario central...
Selon le scénario central « STEPS » de l'AIE, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial pourrait descendre en dessous de 75% d'ici à 2030 et se situer « juste au-dessus de 60% à l'horizon 2050 » (contre plus de 80% à l'heure actuelle). Les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie pourraient, selon ce scénario, atteindre un pic en 2025 - à 37 milliards de tonnes de CO2 - et chuter à 32 milliards de tonnes en 2050.
C'est un « meilleur résultat » que celui anticipé ces dernières années par l'AIE mais cette trajectoire énergétique entraînerait une hausse moyenne de 2,5°C de la température mondiale d'ici à 2100 selon l'Agence(1). Le scénario « APS » de l'AIE (« Announced Pledges », si tous les objectifs annoncés à ce jour sont atteints dans les temps ») pourrait quant à lui conduire à une hausse des températures d'environ 1,7°C (tandis qu'un scénario « NZE » - « Net Zero Emissions by 2050 » - reflète les efforts pour limiter à 1,5°C le réchauffement mondial).
À quelques jours du début de la COP27, l'Agence met par ailleurs en garde contre les « fractures » entre pays riches et pauvres en matière d'investissements dans les énergies bas carbone et réclame un « effort international majeur » pour « réduire ce fossé inquiétant ».