Poignée de main entre le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano et le négociateur iranien Saïd Jalili le 21 mai dernier. (©photo)
Des discussions ont eu lieu cette semaine entre l’Iran et les grandes puissances de la communauté internationale. Si le fil des négociations n’est pas rompu, toute sortie de crise paraît actuellement fragile.
Contexte des négociations
La controverse se concentre actuellement principalement sur le taux d’enrichissement de l’uranium. L’Iran ne possède qu’une tranche nucléaire, à Bouchehr dans le sud-ouest du pays. Il s’agit d’un réacteur à eau pressurisée (type des réacteurs installés en France). Pour l’alimenter, il est nécessaire de disposer d’un combustible dont la proportion d’uranium 235 se situe entre 3% et 5%, car seul cet isotope de l’uranium peut subir la fission nucléaire libératrice d’énergie. Or, sur 100 kg d’uranium naturel, il y a 99,3 kg d’uranium 238 et 0,7 kg d’uranium 235 fissile, soit 0,7 % seulement d’uranium 235 fissile. Il est donc nécessaire d’augmenter la proportion d’uranium 235 en l’« enrichissant ».
La communauté internationale craint que Téhéran n’enrichisse son uranium au-delà du taux nécessaire à la production électrique (3 à 5%) afin de produire la matière nécessaire à la conception d’une arme atomique. L’Iran, signataire du Traité de Non Prolifération (TNP) dément cette accusation mais a fait preuve dans le passé d’une attitude ambiguë à l’égard des inspecteurs de l’AIEA.
Cette posture de Téhéran a poussé de nombreux pays à lui imposer des sanctions financières et un embargo progressif sur le pétrole iranien. Outre les problèmes éventuels d’approvisionnement de cette ressource (l’Iran est le 4e producteur mondial), les observateurs craignent un dérapage armé dans la région : une intervention d’Israël sur les sites nucléaires iraniens, un blocage du détroit d’Ormuz par l’Iran qui pourrait entraîner à son tour une intervention militaire sous l’égide des Etats-Unis, etc. Dans ce cadre, toute avancée dans le processus de négociations est suivie avec attention et prudence.
Bilan d'une semaine de négociations
Lundi dernier, le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano, s’est déplacé à Téhéran. L’objectif de cette rencontre était de s’entendre sur une approche structurée pour encadrer le programme nucléaire iranien. Aucun accord n’a été signé à l’issue de cette rencontre et de nouvelles réunions sont prévues à Vienne, où siège l’AIEA, afin de dresser un état des lieux plus précis.
Mercredi et jeudi, c’est une délégation des 5 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) et de l’Allemagne qui ont rencontré les négociateurs iraniens, à Bagdad cette fois. Les négociations, conduites par Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, n’ont pas permis aux protagonistes d’acter des engagements communs. Il a été fait état de « désaccords importants ».
Les responsables sont toutefois parvenus à convenir de nouvelles discussions les 18 et 19 juin prochain à Moscou, un préalable à une sortie de crise éventuelle.