En 2018, l'intensité énergétique primaire de la Chine a baissé de presque 3%. Celle des États-Unis a augmenté « pour la première fois en plus de 25 ans ». (©Unsplash-Robert Bock)
En 2018, les progrès en matière d’efficacité énergétique dans le monde ont « chuté à leur plus bas niveau depuis le début de la décennie », indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un nouveau rapport(1) publié le 4 novembre.
Une baisse de l’intensité énergétique de 1,2% en 2018
En 2018, la consommation mondiale d’énergie primaire a augmenté de 2,3%, ce qui constitue la plus forte hausse annuelle depuis 2010. L’intensité énergétique, c’est-à-dire le rapport entre cette consommation d’énergie et le PIB, a diminué de 1,2% au niveau mondial par rapport à 2017. Cet indicateur est utilisé par l’AIE pour mesurer l’efficacité énergétique de l’économie mondiale. Or, l’Agence déplore un ralentissement des progrès pour la 3e année consécutive (l'AIE prône une baisse annuelle de 3% de l’intensité énergétique mondiale dans le cadre de son Efficient World Strategy(2)).
Le ralentissement des progrès en matière d’efficacité énergétique en 2018 s’explique par différents facteurs selon l’AIE :
- une part plus importante des industries intensives en énergie dans la production industrielle, notamment en Chine et aux États-Unis ;
- l’impact de la météo, par exemple aux États-Unis où un hiver plus froid et un été plus chaud « ont tiré vers le haut la consommation d’énergie à la fois pour le chauffage et le refroidissement »(3) ;
- des changements structurels dans les transports (préférence des consommateurs pour des plus grandes voitures, chute des taux d’occupation par véhicule) et l’habitat (augmentation des surfaces d’habitation par personne, croissance du nombre d’appareils par ménage) ;
- la hausse de la production électrique à partir du charbon (+ 2,5% en 2018) pour contribuer à satisfaire des besoins électriques en forte hausse(4).
En 2015, l’intensité énergétique mondiale avait reculé de 2,9%. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Des politiques et investissements insuffisants
L’AIE met en cause les politiques insuffisantes en matière d’efficacité énergétique dans le monde : « la couverture et la force des programmes d’obligation sont restées pratiquement inchangées » en 2018, constate l’Agence.
Selon l’AIE, les investissements mondiaux destinés à l’amélioration de l’efficacité énergétique ont atteint 240 milliards de dollars en 2018 (soit 1,6% de plus qu’en 2017), un montant jugé bien trop faible par l’AIE dans le contexte de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Entre 2015 et 2018, les progrès en matière d’efficacité énergétique ont permis d’éviter l’émission supplémentaire de 3,5 Gt de CO2, « soit approximativement l’équivalent des émissions liées à l’énergie du Japon durant cette période », souligne l’AIE.
Dans son nouveau rapport, l’Agence souligne que le recours au numérique peut permettre « de moderniser l’efficacité énergétique et d’augmenter sa valeur » (par exemple en développant des services de flexibilité pour le réseau électrique). Le niveau de ces bénéfices reste toutefois sujet à de nombreuses incertitudes (notamment en raison de la consommation accrue d’énergie liée à la multiplication des appareils numériques), ce qui requiert une attention particulière dans les politiques mises en œuvre.