Le terminal méthanier « Dunkerque LNG » est située sur la commune de Loon Plage, dans le Nord. (©EDF-Jean-Louis Burnod)
Le terminal méthanier de Dunkerque a débuté ses activités commerciales début janvier. Il a vocation à devenir une place majeure pour réceptionner les importations croissantes de gaz naturel sous forme liquéfié (GNL). Présentation.
Un terminal capable d’accueillir 150 méthaniers par an
Implanté au sein du Grand Port Maritime de Dunkerque, le terminal méthanier « Dunkerque LNG » (pour « GNL » en anglais) s’étale sur 56 hectares, soit l’équivalent d’environ 80 terrains de football. Il comprend une jetée capable d’accueillir jusqu’à 150 méthaniers par an, dont les plus grands actuellement en activité (les « Qmax » capables de transporter 267 000 m3 de GNL). Les cargaisons de GNL sont déchargées au niveau d’un appontement grâce à cinq bras articulés, opérant avec un débit maximal de 14 000 m3 par heure.
Le GNL est ensuite stocké au sein de trois réservoirs isothermes de près de 60 m de haut et d'environ 200 000 m3 de capacité unitaire. En fonction de la demande sur les réseaux, ce gaz est regazéifié en étant réchauffé au sein d’échangeurs de chaleur par ruissellement d’eaux tièdes (le terminal compte 10 échangeurs).
Précisons que ces eaux tièdes sont captées dans la mer au niveau du canal de rejets de la centrale nucléaire voisine de Gravelines et transportées jusqu'aux échangeurs via un tunnel sous-marin de 5 km de long. Selon l’exploitant Dunkerque LNG, cette utilisation de « chaleur fatale » permettrait d’économiser l’équivalent de la consommation annuelle de gaz de l’agglomération de Dunkerque (près de 200 000 habitants). Sur d’autres terminaux méthaniers, le GNL est en effet réchauffé par combustion d’une partie du gaz.
Le terminal Dunkerque LNG, dont la construction avait débuté en 2011 et dont la mise en service a débuté avec un an de retard(1), présente l’intérêt d’être raccordé aux marchés français et belges et jouit d’une situation géographique très favorable à la croisée des routes maritimes entre la Manche et la mer du Nord. Il est opéré par Gaz-Opale, filiale de Dunkerque LNG à 51% et de Fluxys à 49%. Dunkerque LNG, propriétaire et exploitant du site, est une filiale d’EDF à 65%, les parts restantes étant détenues par Fluxys (25%) et Total (10%).
Schéma de présentation du terminal méthanier de Dunkerque LNG (©EDF)
Une capacité de regazéification de 13 milliards de m3
Au total, la capacité de regazéification du terminal méthanier de Dunkerque atteint 13 milliards de m3(2), soit plus de 20% des consommations annuelles de gaz cumulées de la France et de la Belgique. Il s’agit, selon EDF, du 2e terminal méthanier le plus important en Europe continentale par la taille (le 4e par la capacité de regazéification)(3). La France compte 3 autres terminaux méthaniers, dont deux à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et un à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique).
Les flux de gaz naturel sous forme liquéfié constituent désormais près d’un tiers des flux totaux de gaz naturel dans le monde. Pour rappel, la liquéfaction du gaz (à une température d’environ - 162°C) permet d’en réduire le volume d’un facteur 600. Cela offre la possibilité aux pays importateurs comme la France de diversifier leurs approvisionnements en ayant recours à des pays fournisseurs éloignés par voie maritime.
Lors d’essais et de tests de performance réalisés à l’été 2016, le terminal Dunkerque LNG avait déjà accueilli en juillet un premier méthanier contenant 130 000 m3 de GNL en provenance de l’usine de liquéfaction de Bonny au Nigéria. Selon EDF, le coût du transport de gaz sous forme liquéfié s’avère compétitif par rapport au transport par gazoducs sur des distances supérieures à 3 000 km. Le chantier de Dunkerque LNG a pour sa part nécessité un investissement total de près d’un milliard d’euros pour le seul terminal, auxquels s’ajoutent les coûts liés au chantier portuaire et au raccordement à une station de compression du réseau gazier.