Près d'un foyer sur trois pour l'électricité et près d'un sur deux pour le gaz a changé de fournisseur en France en 2024. (©EDF-Philippe Marini)
À la fin 2023, 30% des ménages en France avaient un contrat de fourniture d’électricité en offre de marché auprès d'un fournisseur alternatif. Le chiffre monte à 44% pour les ménages raccordés au gaz naturel.
Pourquoi changer d'offre et qu'est-ce que cela implique ?
Une législation rassurante
Contrairement à certaines idées reçues, le changement de fournisseur d’énergie est gratuit, ne nécessite pas de changer de compteur et n’entraîne pas de coupure d’alimentation (la réglementation européenne impose une séparation des activités de fourniture et de distribution d’énergie). Enfin, il est toujours possible de retourner chez son ancien fournisseur si on le souhaite.
Il n'y a pas de frais de résiliation ni en cas de changement de fournisseur, ni en cas de déménagement. Les factures de résiliation ou de « clôture » correspondent à la facturation de l’abonnement et des consommations jusqu’à la date de fin de contrat. Lors d'un déménagement, les consommateurs doivent en revanche toujours payer des frais de « mise en service ».
Des économies
La première motivation des ménages pour changer de fournisseur d’énergie reste le prix selon le Baromètre Energie-Info, très loin devant les raisons environnementales.
Depuis la libéralisation du marché, nombreux sont les fournisseurs ayant choisi une stratégie de baisse des prix pour attirer des clients. En garantissant des réductions par rapport au prix du kilowattheure des offres phares d'EDF et Engie, les fournisseurs alternatifs ont gagné des dizaines de millions de clients.
Prix moyen par an. Client HP/HC 9 kVA consommant 8 500 kWh/an dont 46% en heures creuses. Sources : CRE et Selectra
En dehors du cœur de la crise des prix de l'énergie durant l'été 2022, les tarifs réglementés n'avaient jamais été l'offre la plus économique sur le marché. Les économies sont dont bien réelles. Elles représentent quelques dizaines d'euros par an pour les petits consommateurs, jusqu'à des centaines d'euros pour les plus gros consommateurs.
Evolution du prix en c€/kWh hors taxes. L'évolution du prix du kWh a un impact sur la partie variable de la facture d'électricité. Elle ne prend pas en compte l'évolution potentielle de l'abonnement et des taxes (voir méthodologie). Ici sont comparées les évolutions des prix sur : les tarifs réglementés ; la moyenne de l'ensemble des offres de marché disponibles à la souscription ; la moyenne des 10 % des offres les plus chères du marché disponibles à la souscription ; la moyenne des 10 % des offres les moins chères du marché disponibles à la souscription.
Evolution du prix en c€/kWh hors taxes. L'évolution du prix du kWh a un impact sur la partie variable de la facture de gaz naturel. Elle ne prend pas en compte l'évolution potentielle de l'abonnement et des taxes (voir méthodologie). Ici sont comparées les évolutions des prix sur : les tarifs réglementés ; la moyenne de l'ensemble des offres de marché disponibles à la souscription ; la moyenne des 10 % des offres les plus chères du marché disponibles à la souscription ; la moyenne des 10 % des offres les moins chères du marché disponibles à la souscription.
Pour connaître les prix des offres d’énergie et estimer son budget pour l'énergie avec tel ou tel fournisseur, il est possible d’utiliser des comparateurs comme celui proposé par Selectra, qui compare les fournisseurs depuis 2007.
L'origine de l'énergie
En 2020, « 7 personnes sur 10 sont favorables à l’électricité verte mais ils sont seulement 16% à être prêts à souscrire une telle offre si elle est plus chère que les autres ») selon le Baromètre Energie-Info. Dans les faits, de nombreuses offres vertes sont moins chères que les offres des fournisseurs historiques.
Les fournisseurs peuvent développer leurs propres capacités de production, acheter leur électricité via l'ARENH ou sur le marché, ou encore se fournir directement auprès de petits producteurs d'énergie verte.
Techniquement, pour vendre de l'électricité verte, un fournisseur doit acheter des garanties d'origine. Or celles-ci peuvent être découplées de la production : par exemple se procurer de l'électricité nucléaire auprès d'EDF et acheter en parallèle des garanties d'origine d'un barrage hydroélectrique en Slovénie, sans même communiquer sur la provenance exacte de son électricité.
L'ADEME (Agence de la transition écologique) a donc créé VertVolt(1), un label qui classe les offres d'électricité verte selon :
- Niveau 1 (engagé) : l'électricité provient directement de producteurs d'énergies renouvelables situés en France.
- Niveau 2 (très engagé) : au moins 25 % provient des installations renouvelables sont développées par des collectivités territoriales avec une gouvernance partagée (projets citoyens) ou par d'autres acteurs sans soutien public.
Le service client
Qui dit changement d'entreprise, dit changement de service client. Or tous ne se valent pas.
Deux types d'indicateurs existent pour se renseigner :
- les avis sur les plateformes spécialisées (Trustpilot) ou sur les comparateurs (Selectra) ;
- les rapports annuels du Médiateur de l'énergie sur le nombre de litiges par fournisseur.
Nombre de litiges pour 100 000 clients (pour les fournisseurs de plus de 50 000 clients de la zone Enedis/GRDF) - Source : Rapport 2023 du Médiateur National de l'Energie
Plus généralement, Selectra a mis en place un SelectraScore(2) pour classer les offres sur le marché de A à E en prenant en compte les prix proposés et la qualité du fournisseur.
Quelles sont les démarches pour changer de fournisseur ?
Une fois son offre choisie, il faut entrer en contact avec le service de souscription du fournisseur par téléphone ou en ligne. Il est possible de changer d'offre d'électricité, ou de gaz, ou les deux à la fois.
Pour souscrire un contrat auprès d’un nouveau fournisseur :
- le consommateur doit fournir son nom et son adresse complète ;
- il peut lui être demandé son numéro de PDL (« point de livraison ») ou PRM (« point référence mesure ») pour l’électricité ou son numéro de PCE (« point de comptage-estimation ») pour le gaz, afin d'identifier avec précision le compteur ;
- les index du compteur doivent être transmis au nouveau fournisseur (sauf si le consommateur dispose d’un compteur communicant, les données de consommation pouvant alors être transmises directement).
L’ancien contrat du consommateur est alors automatiquement résilié, sans aucune démarche à réaliser auprès de son ancien fournisseur. Celui-ci éditera une facture de clôture des consommations.
Près de « 71% des foyers déclarent connaître les démarches pour changer de fournisseur de gaz ou d’électricité, soit deux fois plus qu’en 2015 » selon le Baromètre Energie-Info publié en novembre 2020 par le médiateur national de l’énergie. Cette part de la population a fortement progressé, avec les pratiques de démarchage et de nombreuses campagnes de communication, dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Vers quelle offre se tourner ?
Il existe plusieurs dizaines d'acteurs et plusieurs typologies d'offres.
Nombre de fournisseurs d'énergie avec des offres ouvertes à la souscription sur territoire Enedis / GRDF - source Selectra
Tarifs réglementés et offres de marché
Depuis juillet 2007, les ménages français ont la possibilité de choisir pour leur fourniture d’énergie (électricité ou gaz) entre :
- les tarifs réglementés de vente (TRV) fixés par les pouvoirs publics et proposés par les seuls fournisseurs « historiques » (principalement EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz, mais aussi les entreprises locales de distribution dites « ELD »)
- et des offres « de marché » dont le prix est librement fixé par contrat auprès du fournisseur de leur choix (historique ou « alternatif »).
Notons qu'EDF est le premier fournisseur alternatif de gaz et Engie le premier fournisseur alternatif d'électricité. Les deux entreprises vendent des offres de marché d'électricité comme de gaz. Leur intérêt est de pouvoir fixer leurs prix comme ils le souhaitent. Le succès de leurs offres tient pour beaucoup à leur forte notoriété.
La loi énergie-climat de novembre 2019 a acté la fin des tarifs réglementés pour le gaz naturel : ceux-ci ne pouvaient déjà plus être commercialisés depuis le 8 décembre 2019 et les particuliers encore soumis au TRV avaient dû opter pour une offre de marché auprès du fournisseur de gaz de leur choix jusqu'au 1er juillet 2023, ou bien passer à une offre passerelle.
Le tarif réglementé n'existant plus, un indicateur de tarif a été mis en place par la CRE : le Prix repère du gaz(3). Côté électricité, le tarif réglementé ne devrait pas disparaitre, et sert en outre toujours d'indicateur de tarif sur le marché.
Fixation et évolution des prix
Tarif réglementé
Le tarif réglementé est fixé par les pouvoirs publics, en collaboration avec la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Ce tarif est révisé périodiquement, en février et en août.
Or réglementé n'est pas synonyme de stabilité : les prix du TRV ont fortement augmenté ces dernières années.
Pour une puissance de 9kVA et une consommation de 8500 kWh/an dont 50% en heures creuses - Source: CRE et Selectra - Graphique: Selectra
Offres de marché
Pour les offres de marché, les fournisseurs ne dépendent pas des pouvoirs publics pour établir leurs prix.
Prix indexés
Les offres à prix indexés sont directement liées à un indice de référence, le plus souvent le tarif réglementé de l'électricité ou le prix repère de gaz, et plus rarement un indice de marché comme le prix de gros.
Le prix de l'énergie pour ces offres fluctue en fonction des variations de l'indice de référence. Souvent, les fournisseurs proposent un certain pourcentage de réduction HT par rapport aux prix de référence pendant une durée d'un an, en principe reconductible.
Prix fixes
Les offres à prix fixes garantissent un prix de l'énergie stable pendant une période déterminée, souvent entre un et trois ans. Le prix est fixé au moment de la signature du contrat et ne change pas, indépendamment des fluctuations des coûts de production ou des prix de marché. Cela offre aux consommateurs une protection contre les hausses de prix, mais ils ne bénéficient pas des baisses de prix possibles durant la période contractuelle.
Ces offres sont populaires parmi les consommateurs qui préfèrent la stabilité et la prévisibilité budgétaire, et qui anticipent des hausses futures.
Prix libres
Les prix peuvent varier fréquemment, en fonction des conditions de marché, des coûts d'approvisionnement et des politiques internes du fournisseur. Ces offres peuvent offrir des tarifs compétitifs, mais elles peuvent aussi être plus volatiles, avec des variations de prix plus fréquentes et potentiellement plus importantes.
Les consommateurs doivent surveiller régulièrement ces offres pour s'assurer qu'ils obtiennent un bon rapport qualité-prix.