- Source : Ifri
La COP21 a abouti le 12 décembre 2015 à l’adoption par les 196 Parties présentes d’un accord « universel » mais « fondé sur un droit mou » puisqu’il n’est pas contraignant. De nombreux observateurs s’interrogent sur les limites de l’efficacité du cadre onusien dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cet accord de Paris constitue toutefois un succès incontestable pour la diplomatie française, qui a été soutenue durant les négociations par l’Union européenne et l’Allemagne en particulier.
Dans cette note du Cerfa (Comité d’études des relations franco-allemandes) publiée par l’Ifri, Stefan Aykut analyse les conditions du succès de la COP21 et décrypte en particulier le rôle joué par l’Union européenne. L’Europe a longtemps fait figure de « leader dans l’arène climatique » mais ce sont désormais les États-Unis et la Chine, premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, qui cadrent les négociations.
Cette note rappelle les avancées de l’accord de la COP21 mais aussi les limites du cadre onusien qui tend à éluder tous les points jugés trop conflictuelles : gouvernance économique mondiale, régulation des transports maritimes et aériens, démographie, etc. Dans l’accord de Paris, aucune mention n’est faite à la nécessité de diminuer les subventions aux énergies fossiles (thématique très abordée pendant la Conférence au Bourget) ou de développer les énergies renouvelables (elles sont uniquement citées dans le préambule précédant l'accord en vue de favoriser leur développement en Afrique). L’objectif très ambitieux de contenir le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C, d’ici la fin du siècle(1) contraste avec le calendrier tardif de révision des contributions nationales (INDC) et semble difficilement atteignable à ce jour.
L'Union européenne a accueilli 8 des 21 COP organisées à ce jour et la plupart des négociations intermédiaires ont encore lieu dans la ville de Bonn, où siège le secrétariat de la Convention climat. Les « lignes rouges sino-américaines » et l’essor des grands émergents ont toutefois eu tendance à marginaliser l’Europe dans les négociations alors que seules 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre lui sont aujourd’hui imputables (contre 17% en 1990). C’est par un leadership « directionnel », c’est-à-dire par sa faculté à promouvoir des solutions concrètes de décarbonisation que l’Union européenne pourra retrouver un certain leadership selon cette note. Les politiques climatiques européennes constituent déjà « le standard normatif et l’exemple empirique » à partir duquel sont notamment élaborées certaines politiques américaines.
Les initiatives allant dans le sens d’un renforcement des ambitions européennes dans la lutte contre le changement climatique comme le nouveau « Paquet Énergie-Climat » à l’horizon 2030 (objectif de réduction de 40% des émissions par rapport à 1990) replacent ainsi indirectement l’Union européenne au cœur du jeu diplomatique. Stefan Aykut appelle à ce titre les instances européennes à mieux prendre en compte la dimension environnementale et climatique dans « l’Union de l’énergie » à l’étude, qui favorise actuellement davantage les questions de sécurité d’approvisionnement et d’indépendance énergétique.
Sources / Notes
- Par rapport aux températures de l’ère préindustrielle.