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Le Venezuela a confirmé vendredi qu'il oprganisera bien un référendum dimanche sur l'Essequibo, une région riche en pétrole sous administration du Guyana, malgré les injonctions de la plus haute juridiction de l'ONU de s'abstenir de toute modification du statut quo sur cette zone en dispute.
La Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, a enjoint à Caracas de "s'abstenir d'entreprendre toute action qui modifierait la situation prévalant dans le territoire en litige", sans mentionner toutefois dans sa mesure urgente le référendum.
Peu après, Caracas a confirmé sa tenue dimanche: "Rien dans le droit international ne permet à la Cour de s'immiscer dans les affaires intérieures du Venezuela, ni de prétendre interdire ou modifier un acte souverain", a déclaré la vice-présidente Delcy Rodriguez, assurant que le Venezuela "poursuivra tous les préparatifs en vue de la tenue du référendum consultatif".
Le président Nicolas Maduro a lui évoqué "une raclée historique" pour le Guyana lors de la clôture de la campagne référendaire à Caracas, devant des milliers de personnes réunies au centre de Caracas.
Le Venezuela revendique depuis des décennies cette zone de 160.000 km2 représentant plus des deux tiers du territoire du Guyana et où vit environ un cinquième de sa population, soit quelque 125.000 personnes.
Le référendum en 5 questions et dont le résultat ne fait pas de doute, demande notamment aux Vénézueliens s'ils sont d'accord pour ne pas reconnaître la compétence de la CIJ justement, de refuser un accord de 1899 qui leur aurait été "imposé de manière frauduleuse" et pour intégrer le territoire au Venezuela.
"Il faut répondre cinq fois oui", a martelé le président Maduro.
Lors d'audiences plus tôt ce mois-ci devant la cour, le Guyana a estimé que le scrutin constituait une "menace existentielle".
Le pays a ainsi demandé à la juridiction de contraindre le Venezuela à arrêter "de toute urgence" le référendum "sous sa forme actuelle" et à s'abstenir de toute action visant à prendre le contrôle du territoire.
Le président guyanien Irfaan Ali a fait remarquer que pour la CIJ "le Venezuela n'a pas le droit d'annexer ou d'envahir le territoire guyanien ni de prendre d'autres mesures, quelle que soit l'issue du référendum du 3 décembre".
La revendication du Venezuela est devenue encore plus brûlante depuis la découverte de pétrole dans l'Essequibo par ExxonMobil en 2015.
Une nouvelle et importante découverte d'or noir a eu lieu le mois dernier dans la région, ajoutant aux réserves du Guyana au moins dix milliards de barils, soit plus que celles du Koweït ou des Emirats arabes unis.
Le Guyana dispose des plus importantes réserves de pétrole par habitant au monde. Le Venezuela possède pour sa part les plus importantes réserves prouvées de la planète.
- "Pays de paix" -
La CIJ statue sur les différends entre Etats, mais si ses décisions sont juridiquement contraignantes, elle n'a pas le pouvoir de les faire appliquer.
Le Guyana estime que ce référendum peut inciter le Venezuela à s'emparer de l'Essequibo et à l'annexer de manière "unilatérale et illégale". Il l'accuse d'avoir lancé des préparatifs militaires dans ce sens, ce que Caracas dément.
Interrogée sur ce que les habitants de la région pourraient attendre après le vote de dimanche, Mme Rodriguez a assuré à l'AFP: "Ils savent que le Venezuela est un pays de paix".
Le Brésil s'est déclaré "préoccupé" par le "climat de tension entre deux pays voisins et amis" et a annoncé "une présence militaire accrue" à sa frontière nord.
Aux États-Unis, le porte-parole du Conseil national de sécurité John Kirby a lancé un appel en faveur d'une résolution pacifique du différend, appelant au "respect" de la décision de 1899 "à moins que les parties ne parviennent à un nouvel accord ou que la Cour internationale de justice n'en décide autrement".