La SNCF veut « changer de braquet » et devenir un producteur majeur d'électricité solaire

  • AFP
  • parue le

Des TGV qui roulent au solaire : la SNCF veut couvrir d'ici 2030 de l'ordre de 15 à 20% de ses besoins électriques actuels et futurs avec ses propres panneaux photovoltaïques, ce qui ferait de la compagnie publique l'un des grands producteurs d'énergie solaire de France.

La SNCF, deuxième propriétaire foncier derrière l'Etat, a annoncé jeudi vouloir installer 1 000 hectares de panneaux sur des terrains qu'elle possède, sur le toit de ses bâtiments, ou sur ses parkings. L'investissement prévu atteindrait un milliard d'euros. La société met déjà en location des terrains à des producteurs d'énergie solaire à Nîmes-Pont du Gard, Valence ou Avignon.

"Mais le modèle d'aujourd'hui ne me plaît pas", a souligné son président Jean-Pierre Farandou lors d'une conférence de presse au siège de la SNCF à Saint-Denis, près de Paris. "Ça consiste à louer nos surfaces pour pas cher à des gens qui investissent et récoltent les bénéfices".

L'envolée des prix de l'énergie début 2022 a poussé la SNCF à accélérer ses plans. À elle seule, la filiale Voyageurs consomme entre 1 et 2% de l'électricité nationale. "On change de braquet", a lancé M. Farandou. "On n'est plus des loueurs de terrain, on produit de l'électricité (...) C'est aussi un peu renouveler la SNCF. On ose voir grand, c'est l'époque des ruptures".

Ce projet doit aider la société à "maîtriser le coût des billets", en la protégeant "des aléas du marché de l'électricité", a souligné M. Farandou.

Toutes les régions

Le "cadastre solaire" de la société prévoit de couvrir toutes les régions françaises, avec le Grand Est identifié comme "un grand pourvoyeur de parcelles". Les opérations doivent démarrer dès 2023 sur une trentaine de sites de tailles diverses.

Premier consommateur industriel d'électricité du pays avec ses 15.000 trains et 3.000 gares, la SNCF espère déployer en panneaux solaires une puissance de 1.000 mégawatts-crête (MWc, unité mesurant la puissance maximale) d'ici sept ans.

La nouvelle filiale chargée de ce projet, SNCF Renouvelables, rivaliserait dans ce domaine avec les leaders du secteur comme Engie ou Neoen, même si ces entreprises prévoient de développer très fortement le solaire dans la prochaine décennie.

La SNCF prévoit d'alimenter directement les équipements électriques de nombreuses gares et de bâtiments industriels. L'électricité aura également vocation à alimenter une partie de ses trains, dont plus de 80% fonctionnent actuellement à l'électricité.

Le matin, à l'heure de pointe, les trains auront besoin d'acheter de l'électricité. Dans les heures creuses, la société pourra en revendre.

Les gains financiers générés par SNCF Renouvelables permettront de financer l'entretien et la modernisation des infrastructures ferroviaires, précise la SNCF.

Ce projet solaire allie "l'utile à l'agréable", car il "baisse la facture et renforce les infrastructures", s'est félicitée Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

La société est déjà en train d'installer des panneaux sur les parkings d'une centaine de petites gares, et sur des grandes stations.

L'installation des panneaux sera assurée par des partenaires et la SNCF s'est engagée à "acheter en Europe, chaque fois que possible, les composants nécessaires à l'établissement de ses projets photovoltaïques".

Une deuxième phase de développement est déjà envisagée : des panneaux solaires longitudinaux et verticaux pourraient être installés par segment de 20 à 30 kilomètres le long des voies sans circulation (environ 7.000 km), a indiqué la SNCF.

Des prototypes de panneaux à double face (orientés est/ouest) sont en cours de test sur les berges du Rhône à l'initiative de la Compagnie nationale du Rhône, une filiale d'Engie.

À très long terme, à horizon 2050, une capacité maximale de 10 000 hectares de foncier pourrait être couverte de panneaux solaires, et la SNCF se met à rêver: elle pourrait être autosuffisante, et même revendre une grande partie de l'énergie produite.

Commentaires

Rochain Serge
Ils auraient déjà pu, et du, le faire depuis au moins 10 ans !N28Pd
BrigitteMB
Excellente nouvelle. Et la SNCF renoue en fait avec une tradition, car il me semble que nombre de barrages ont été construits dans la première moitié du 20ème siècle pour alimenter des compagnies de chemins de fer. Avec la part envisagée (15-20%), ce n'est sans doute pas un problème que le solaire ne soit pas vraiment en phase avec les besoins de transports (majoritairement matin et soir, et non milieu de journée, comme le montrent les tarifs !).
Olivier DE BOISSEZON
Je trouve que c'est un bon projet de produire sa propre énergie verte. Cela représente une vrai mesure pour maitriser ses propres coûts, et se sortir de ce marché capitaliste de l'énergie, marché captif s'il en est (et "électro-sensible" à la spéculation). Alors à partir du Photovoltaïque, il y a de la production d'électricité le jour, mais les mêmes panneaux peuvent aussi contribuer à produire de l'hydrogène vert, cet H2 qui est stockage de manière industrielle et utilisable plutôt dans des Transports en commun (puissances importantes, stockage en sécurité) ou bien stocké sur site, mais produisant de l'électricité à des horaires où la Terre a tournée et l'ombre céleste est venue. Un rapprochement de compétences de la SNCF avec celles de l'entreprise nantaise Lhyfe serait heureux selon moi. Quant à l'histoire (je complète ce que BrigitteMB a cité plus haut), effectivement la SNCF de 1937-1938, intègre dans cette Société Nationale la SHEM issue de la Compagnie des Chemin de Fers du Midi, elle même rattachée à la Compagnie Paris-Orléans. La SHEM (Société Hydroélectrique du Midi) a construit des barrages importants et durables dès 1920 dans les Pyrénées et dans le Massif Central. Cette production hydraulique d'électricité verte était utilisée par les premières motrices électriques de la Compagnie des Chemins de Fers du Midi, motrices qui circulaient sur un réseau ferré électrifié dans tous le sud ouest de la France, alors que le reste de la France était noyée dans le charbon, avec une pollution de Paris que l'on n'imagine pas. Depuis le réseau ferré de la France a été électrifié principalement. Des motrices Thermiques (à combustibles fossiles mais pas le charbon) ont complété ces besoins de circulation sur des portions de réseaux ferrés non électrifiés. Il me semble que cela serait judicieux que ces besoins de circulations non électrifiés soient les premiers à être en H2 vert, et que l'électricité photovoltaïque propre produite par la SNCF viennent contribuer directement en interne aux besoins de circulation électrifiés, avec une part électricité verte grandissante (pas pseudo verte nucléaire). Enfin, sur les idées de production d'électricité photovoltaïque et leur optimisation, il me semble que des wagons équipés de panneaux PV à monture équatoriale pourraient judicieusement être regroupés et connectés au réseau (soit de production H2, soit d'usage électrique) et se mouvoir (monture équatoriale) par le déplacement mécanisé et contrôlé de ces wagons, voire même à partir de l'énergie gratuite de pesanteur, si le lieux est légèrement en pente, les frottements fer/fer étant très faibles.

Ajouter un commentaire