La Russie envoie des renforts pour repousser l'incursion ukrainienne

  • AFP
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Les combats font rage vendredi dans la région russe de Koursk, où les forces ukrainiennes ont lancé une offensive d'ampleur il y a trois jours, poussant Moscou à y envoyer des chars et des canons en renfort.

Dans la région orientale ukrainienne de Donetsk, qui reste à l'épicentre du conflit et où les troupes russes progressent lentement, une frappe de missile russe sur un supermarché a par ailleurs, selon les secours, provoqué vendredi la mort d'au moins quatorze personnes.

Des détachements ukrainiens se sont, d'après des analystes, enfoncés sur plusieurs dizaines de kilomètres dans la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine.

Pour le quatrième jour consécutif, les affrontements s'y poursuivent vendredi, a souligné dans un communiqué le ministère russe de la Défense, assurant de nouveau que les attaques ukrainiennes sont "mises en échec".

Cité par les agences de presse russes, celui-ci a affirmé envoyer davantage de matériel, notamment des lance-roquettes multiples, des pièces d'artillerie et des chars pour contrer l'incursion ukrainienne.

Le ministère a confirmé que les soldats de Kiev avaient atteint la ville russe de Soudja, à une dizaine de kilomètres de la frontière, affirmant avoir frappé des unités ukrainiennes "dans la périphérie ouest" de cette cité de 5.500 habitants qui abrite un noeud de transit pour le gaz fournissant toujours l'Europe -à commencer par la Slovaquie et la Hongrie- via l'Ukraine.

Dans la région ukrainienne de Soumy, qui fait face à celle de Koursk, la police a pour sa part vendredi appelé à l'évacuation d'environ 20.000 personnes vivant dans 28 localités, en raison de frappes russes.

- "La guerre est arrivée" -

La progression et les effectifs des forces ukrainiennes qui participent à l'incursion ne sont pas connus, les dirigeants ukrainiens s'abstenant pour l'instant de tout commentaire sur l'ampleur et les objectifs de l'opération.

Mardi, l'état-major de l'armée russe avait dit faire face à plus de mille militaires ukrainiens appuyés par une dizaine de chars et une vingtaine d'autres blindés mais n'a depuis pas donné de nouvelle évaluation.

Le premier jour de l'attaque, le gouverneur de la région de Koursk avait signalé que cinq civils avaient été tués. Vendredi, le ministère russe de la Santé a fait savoir que 55 personnes y avaient été hospitalisées.

Cette opération est un revers inattendu pour les Russes, qui jusque-là avaient l'initiative et gagnaient inexorablement du terrain dans l'est ukrainien face aux soldats de Kiev, moins nombreux.

"Tout le monde peut constater que l'armée ukrainienne sait surprendre et sait comment obtenir des résultats", a noté jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans mentionner directement cette incursion.

Plusieurs médias russes ont diffusé une vidéo, non vérifiée, dans laquelle des gens se présentant comme des habitants de Soudja appellent à l'aide le président Vladimir Poutine.

Selon les autorités russes, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées.

"La guerre est arrivée chez nous, donc tous nos proches sont partis pour Moscou", expliquait vendredi après-midi une mère à sa fille sur un quai de la gare moscovite de Kievskiï, où arrivaient des trains transportant des évacués, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Les Etats-Unis, le principal pourvoyeur d'aide à Kiev, ont répété jeudi "soutenir fermement les efforts de l'Ukraine pour se défendre contre l'agression russe", sans commenter les détails de la situation dans la région de Koursk.

- 14 morts dans l'Est ukrainien -

Le tableau de cette incursion dressé par des experts militaires montre une progression rapide des formations ukrainiennes, alors que, dans d'autres parties du front, le conflit s'est transformé en guerre d'usure depuis fin 2022.

Les soldats russes, plus nombreux et mieux équipés, grignotent ces dernières semaines du terrain dans la région de Donetsk et, pensent des analystes, pourraient conquérir des villes importantes si cette tendance se poursuivait.

La cité industrielle de Kostiantynivka, située à environ 13 kilomètres du front dans cette même région, a été endeuillée vendredi par une frappe en pleine journée sur un supermarché qui a fait au moins 14 morts et 43 blessés, selon le parquet.

D'après les secours, l'armée russe a utilisé un missile Kh-38 pour ce bombardement qui a également endommagé quatre maisons, un bureau de poste et d'autres commerces.

Dans les minutes ayant suivi la frappe, une équipe de l'AFP a vu des dizaines personnes en train de fuir les lieux, tandis que des policiers mettaient en garde sur le risque d'un deuxième tir russe au même endroit.

Le gouverneur de la région, Vadym Filachkine, a expliqué qu'une cinquantaine de personnes se trouvaient dans le supermarché au moment de l'attaque et que les secours cherchaient d'autres victimes potentielles dans les décombres.

"Je n'ai rien entendu venir, juste soudain une énorme explosion. Je n'ai rien d'autre à dire. Je suis sous le choc", a raconté à l'AFP une témoin, une femme en robe de chambre et en tongs, sans vouloir décliner son identité.

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