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Sauf couac dans ses approvisionnements, la France aura assez de gaz pour se chauffer et assurer la solidarité avec ses voisins européens "quelle que soit la rigueur de l'hiver prochain", compte tenu d'infrastructures renforcées, selon les gestionnaires du réseau de transport de gaz GRTgaz et Teréga.
2 scénarios
"Le réseau français est en mesure d'assurer les approvisionnements nécessaires pour couvrir les besoins en consommation et en transit vers l'Europe, même en cas de forte baisse des températures", estiment les deux principaux gestionnaires dans leur "perspectives gazières" pour 2024-2025 publiées mercredi, très loin des craintes de pénuries suscitées par le bras de fer gazier avec la Russie à l'hiver 2022-2023.
Pour établir ce constat, les deux entreprises ont pris en compte des facteurs comme "les flux d'approvisionnement, la baisse de la consommation observée en 2023, la consommation des centrales électriques à gaz, la production de gaz renouvelable, ainsi que le niveau de remplissage important des stockages".
Celui-ci était lundi de 95%, un niveau comparable aux hivers précédents "afin de pouvoir couvrir les consommations d'un hiver froid et tardif", notent les deux transporteurs.
Deux scénarios ont été envisagés: celui d'un hiver moyen, pour lequel la consommation hivernale (du 1er novembre au 31 mars) de la France est évaluée à 260 TWh, et celui d'un hiver très froid, où la consommation nationale s'élèverait à 296 TWh.
Pour couvrir cette hausse de la consommation, les gestionnaires d'infrastructures tablent essentiellement sur une forte augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) via les terminaux méthaniers (194 TWh contre 159 TWh dans le premier scénario).
Cet équilibre, soulignent-ils, "repose sur des importations soutenues depuis la Norvège, les Pays-Bas et l'Espagne, sur des approvisionnements en GNL dans les terminaux méthaniers, sur une gestion rigoureuse des stocks, ainsi que sur le maintien de la sobriété énergétique à des niveaux comparables à ceux observés l'hiver précédent".
Depuis l'hiver 2021-2022, en dépit d'une baisse de 70% des importations de gaz russe toutes sources confondues (gazoduc et GNL), le système gazier européen "a réussi à s'adapter pour garantir la sécurité d'approvisionnement", relèvent-ils.
Importations de GNL
Les importations de gaz russe pour l'Europe représentent encore "à peu près 17% des approvisionnements", a précisé la directrice générale de GRTgaz, Sandrine Meunier, mercredi lors d'un point presse.
"Douze nouveaux points d'entrée" pour importer du gaz "ont été créés en Europe depuis 2022 (dont quatre seront mis en service d'ici fin 2024) grâce au développement rapide de terminaux méthaniers flottants", permettant notamment de faire venir du GNL des Etats-Unis par bateau, signalent les auteurs de l'étude.
Pour la fin 2024, les capacités d'importation de GNL en Europe sont attendues en hausse de 13% par rapport à 2023. De quoi compenser la poursuite de la baisse des importations de gaz russe.
En France, le terminal méthanier flottant du Havre, mis en service par TotalEnergies à l'automne 2023 et dont l'utilité est vivement contestée par des associations écologistes, a permis de mettre sur le réseau "10 TWh sur les 22 TWh qu'il est en capacité d'émettre", selon Sandrine Meunier. La dirigeante y voit un outil "pour assurer la flexibilité et la sécurité d'approvisionnement" de la France.
Lors de l'hiver 2023-2024, la solidarité européenne s'est "renforcée en France, affichant un important transit vers l'est représentant un volume net de 83 TWh vers la Belgique, l'Allemagne et la Suisse", d'après l'étude.
Toutefois, "en cas de pointe de froid tardive où des situations de déficit ponctuel pourraient apparaître, la marge de sécurité est faible, notamment si les stockages ont été trop sollicités au début de l'hiver", préviennent GRTgaz et Teréga, qui appellent à "préserver les stockages en début d'hiver" et à poursuivre les efforts de sobriété.
S'agissant du prix du gaz, il se situe actuellement autour de 40 euros le MWh, en légère hausse par rapport à l'hiver dernier (autour de 34 euros/MWh), mais très loin des sommets enregistrés lors de l'hiver 2021-2022 au plus fort de la crise (95 euros/MWh), avec des conditions de marché qualifiées de "rassurantes du point de vue des prix" par le PDG de Teréga, Dominique Mockly.