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Michel Barnier annonce qu'il ne va "pas augmenter les taxes sur l'électricité" comme prévu initialement dans le projet de budget pour 2025, accédant à une des demandes, notamment du Rassemblement national, pour ne pas censurer le gouvernement.
"J'ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l'électricité dans le projet de loi de finances 2025", "cela permettra une baisse des prix de l'électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement", affirme le Premier ministre dans des extraits d'un entretien au Figaro, mis en ligne jeudi.
Le gouvernement revient ainsi à une taxation des prix de l'électricité "d'avant le bouclier tarifaire" mis en place lors de la crise sanitaire du Covid, a précisé Matignon.
"Que ce soit dans ma majorité ou les chefs de l'opposition que j'ai reçus : presque tous m'ont demandé d'évoluer", justifie M. Barnier.
"Ca fait plusieurs centaines de millions" d'euros pour les entreprises, a-t-il fait valoir devant un parterre de PME réunies à Paris.
L'abandon de l'augmentation des taxes sur l'électricité tel qu'envisagé figure déjà dans le projet de budget pour 2025 examiné actuellement par le Sénat, via deux amendements identiques, du rapporteur LR du budget Jean-François Husson et du groupe socialiste, adoptés durant la semaine.
Le Sénat a aussi voté mardi soir, contre l'avis du gouvernement, pour compenser partiellement ce recul, une hausse plus mesurée de la taxe sur le gaz, chiffrée a environ un milliard.
"Quand le gouvernement dit qu'un texte est perfectible et que nous sommes à l'écoute du Parlement, c'est le cas et donc nous faisons évoluer le texte", a réagi depuis le Sénat le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
Quelques minutes avant la mise en ligne de l'article du Figaro, le groupe des députés RN a publié un communiqué invitant le Premier ministre à "annoncer très rapidement qu'il renonce à l'augmentation des taxes sur l'électricité, qu'il baisse drastiquement l'AME (aide médicale d'Etat pour les étrangers sans papiers, ndlr), qu'il va négocier avec Bruxelles une baisse de la contribution de la France au budget de l'Union Européenne ainsi que toutes ou parties des économies structurelles proposées par le RN".
Le RN "vient de remporter une victoire", mais "d'autres lignes rouges demeurent", a réagi sur X le président du parti d'extrême droite Jordan Bardella, en évoquant entre autres le "déremboursement supplémentaire de médicaments".
Menacé de censure par la gauche et l'extrême droite, le Premier ministre a redit devant les PME que le moment était "grave" et qu'il "fallait s'inquiéter" des 60 milliards d'intérêts de la dette.
"Hier on était au-dessus des taux grecs en raison de turbulences, des petites phrases, des tweets des uns et des autres", a-t-il estimé.
Désormais "chacun prendra ses responsabilités" lors du vote des budgets, à commencer par celui de la Sécurité sociale la semaine prochaine. "Moi, j'aurai pris les miennes, je prends les miennes et ensuite, chacun devra prendre les siennes", a-t-il ajouté.
Interrogé par Le Figaro pour savoir quelle image il souhaiterait qu'on garde de lui s'il était censuré, M. Barnier a dit devant les PME avoir répondu ceci au journal: "je voudrais que les Français gardent ce que je suis, celle d'un honnête homme, d'un patriote et d'un Européen qui sert dignement son pays".