- AFP
- parue le
Le gouvernement britannique a validé de fait un projet de nouvelle mine de charbon souterraine en Angleterre, en laissant les autorités locales, qui ont déjà donné un premier feu vert, se prononcer.
"Les décisions sur les permis doivent être prises au niveau local quand c'est possible", a rappelé un porte-parole du ministère des collectivités locales dans une déclaration transmise jeudi à l'AFP. De ce fait, le gouvernement a décidé "de ne pas intervenir" et la demande est désormais "du ressort du conseil du comté de Cumbrie", a-t-il ajouté.
Le conseil du comté de Cumbrie, dans le nord-ouest de l'Angleterre, s'était prononcé début octobre en faveur du développement de cette mine sous conditions. Il doit encore rendre sa décision définitive. Le permis a été accordé notamment à la condition que la production de la mine cesse au plus tard en 2049, soit une année avant la date limite fixée par le gouvernement britannique pour que le pays soit « carbon neutral ».
Les autorités locales avaient déjà approuvé le projet en 2019 mais le dossier avait été retoqué par la justice à la suite de l'opposition d'une organisation environnementale.
La société West Cumbria Mining, contrôlée par la société d'investissement australienne EMR et qui porte le projet, s'est immédiatement félicitée de la décision du gouvernement. "Mon équipe et moi-même avons hâte de valider le permis et de pouvoir commencer les préparatifs afin de débuter les travaux cette année", selon son directeur général Mark Kirkbride. Un porte-parole du conseil du comté a expliqué que ce dernier "va travailler avec le promoteur pour formaliser le permis".
L'objectif était de débuter les travaux sur le site début 2021 avec une production qui démarrerait 18 mois plus tard, pour extraire environ 2,7 millions de tonnes par an, avec à la clé la création de 500 emplois, afin de fournir des aciéries au Royaume-Uni et en Europe. La société estime que cela pourrait remplacer les importations réalisées depuis les États-Unis, le Canada, la Russie et l'Australie.
Les mouvements écologistes s'opposent au projet et les Amis de Terre ont jugé la position du gouvernement difficile à comprendre alors même que le Royaume-Uni organise dans quelques mois la COP26 à Glasgow. "Autoriser l'extraction de charbon de cette mine pour un quart de siècle plombe complètement la crédibilité du gouvernement sur la crise climatique", souligne Tony Bosworth de l'ONG. L'association environnementale de lutte contre l'extraction de charbon Coal Action considère de son côté qu'il s'agit d'un "dangereux pas en arrière".
Quant à elle, l'association environnementale locale South Lakes Action on Climate Change a indiqué être "extrêmement déçue (mais pas surprise)" que le projet "ne soit pas considéré d'une importance nationale". "Très peu de ce charbon sera destiné au secteur de l'acier britannique et il sera exporté sans avoir de contrôle sur où il sera utilisé et comment", s'inquiète Maggie Mason de l'ONG qui réfléchit à une action en justice pour faire échouer le projet.
Le gouvernement avait pourtant rejeté début septembre le projet d'une nouvelle mine de charbon à ciel ouvert à Highthorn (nord-est de l'Angleterre), estimant qu'il aurait été nuisible à l'environnement. Ce projet avait été au préalable approuvé par les autorités locales.
Face à l'urgence climatique, le Royaume-Uni a décidé l'arrêt définitif du charbon destiné à produire de l'électricité à horizon 2025, et les centrales utilisant cette ressource s'y comptent désormais sur les doigts d'une main.