- AFP
- parue le
"Tous les sites européens d'acier sont à risque" de fermeture en 2025, si rien n'est fait pour protéger la sidérurgie européenne, a déclaré mercredi le président d'ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, lors d'une audition parlementaire à Paris.
"La sidérurgie en Europe est en crise (...). Je ne peux pas aujourd'hui prendre le moindre engagement (...), les sites, quels qu'ils soient, sont tous à risque en Europe et donc en France aussi", a souligné le dirigeant devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale française, en réponse à un député qui lui demandait s'il pouvait prendre l'engagement qu'aucune autre usine d'ArcelorMittal ne serait fermée en France en 2025.
Le président d'ArcelorMittal France, qui a pris ses fonctions il y a trois mois, a peint un tableau très noir de la crise de l'acier en Europe, menacé par le coût trop important de l'énergie sur le Vieux Continent ainsi que par la surproduction chinoise d'acier, le niveau élevé d'importations à bas coût et le manque de demande intérieure.
"La sidérurgie en Europe et donc en France est entrée dans une crise importante et grave. Les surcapacités mondiales sont un phénomène structurel qui va durer. Ces surcapacités représentent actuellement 550 à 600 millions de tonnes de production annuelle, soit 4 à 5 fois la production de l'Europe," a-t-il énuméré.
"Pour ne parler que de la Chine, elle a exporté 100 à 120 millions de tonnes l'année dernière. C'est l'équivalent de toute la consommation européenne", a-t-il précisé.
"Les Etats Unis protègent leur industrie par tous les moyens. Reste l'Europe. L'acier voyage. Nous ne sommes pas contre les importations. Nous demandons à ce qu'elles soient limitées et qu'elles n'aient pas un effet dévastateur sur nos industries comme actuellement. Nous demandons des conditions de concurrence loyale, notamment concernant le coût du CO2," a-t-il ajouté.
"Si l'Europe ne décide pas de protéger son marché de la concurrence déloyale, alors ce sont des pans entiers de notre industrie qui vont disparaître à brève échéance. Ce n'est pas du catastrophisme, c'est malheureusement la réalité pure et simple," a lancé le responsable.
"La liste des restructurations lourdes et des fermetures en Europe s'allonge", a-t-il alerté, en citant notamment le groupe allemand Thyssenkrupp, concurrent d'ArcelorMittal, qui prévoit de supprimer "11.000 emplois d'ici 2030, soit 40% de ses effectifs".
En France, jusqu'à présent, le groupe ArcelorMittal a annoncé fin novembre la fermeture au printemps 2025 de deux petites usines à Reims (Marne) et Denain (Nord), qui emploient 135 personnes au total, ainsi que 28 suppressions d'emploi supplémentaires à Valence et Strasbourg.
Néanmoins globalement, les effectifs en France de 15.400 salariés "n'ont pas bougé" depuis 2019, alors que le marché "a baissé de 15%", a signalé M. Le Grix de la Salle.
ArcelorMittal a suspendu fin 2024 ses plans d'investissement dans la décarbonation en Europe, notamment à Dunkerque où il avait prévu d'investir 1,8 milliard d'euros avec une aide d'Etat de 850 millions d'euros
En fonction de mesures de soutien européennes attendues sur l'acier, le groupe espère pouvoir prendre sa décision d'investissement "durant le deuxième ou le troisième trimestre". "Nous attendons le plan acier pour début mars," a-t-il dit.
im/jum/er