L’hydrolienne fluviale développée pourrait être exploitée au moins 25 ans. (©Hydroquest)
Le plus grand rassemblement européen de la marine fluviale se tiendra du 18 au 22 septembre à Orléans. Un projet d’hydrolienne dans la Loire sera présenté à cette occasion avant l’installation d’un prototype dans le fleuve début 2014.
Amarrée sur la Loire
Les hydroliennes sont aujourd’hui connues pour leur capacité à transformer l’énergie cinétique des courants marins en électricité avec une bonne prévisibilité. Leur champ de développement pourrait s’étendre aux cours d’eau douce, notamment grâce à un prototype d’hydrolienne fluviale à l’honneur lors du prochain festival de Loire.
C’est la PME grenobloise Hydroquest, chef de file du projet « Hydrofluv », qui présentera ledit prototype testé dans un canal d’EDF en Isère depuis près de deux ans et demi. La société réalise actuellement un autre prototype qui sera immergé à Orléans au niveau du quai de la Madeleine (entre le pont Joffre et le pont de l’Europe) à partir du début de l’année prochaine.
L’hydrolienne visant à exploiter l’énergie cinétique issue des courants de la Loire pèsera 2 tonnes. Elle comportera deux colonnes de turbines mesurant chacune 1,5 m de large. Ce prototype devrait disposer d’une puissance de 30 à 50 kW, compte tenu de la vitesse de 2 à 3 m/s à laquelle s’écoule la Loire à l’endroit d’immersion. Il ne sera pas fixé au fond mais accroché à une barge flottante pour ne pas impacter l’écosystème. C’est la société Biotope qui est d’ores et déjà en charge de mesurer l’impact écologique de ce projet. Celui-ci serait a priori faible, voire inexistant.
Un potentiel plus large qu’au large ?
D’autres acteurs du consortium mené par Hydroquest, notamment Artelia et EDF, pourront effectuer des tests sur l’hydrolienne immergée dans la Loire durant près d'un an. Ces tests pourraient notamment permettre de préciser le coût de production futur de ces hydroliennes fluviales qui dépend entre autres de la vitesse des courants. Le président d’Hydroquest Jean-François Simon évalue que ce coût pourrait approcher 100 à 180 €/MWh en phase commerciale. Ce coût permettrait difficilement à l’hydrolien fluvial de se développer en France sans soutien, par exemple sous la forme d’un tarif de rachat.
A ce titre, Hydroquest envisage de se développer à plus de 90% à l’étranger, par exemple en Afrique ou en Amérique latine dans des zones fortement dépendantes de centrales électriques alimentées par des combustibles fossiles. Des parcs de plusieurs dizaines de ces hydroliennes modulaires(1) pourraient être installés afin de bénéficier localement de quelques mégawatts de puissance d’origine renouvelable prévisible.
Le projet Hydrofluv vise ainsi à aboutir à la vente de 380 hydroliennes fluviales entre 2016 et 2020, puis à près de 200 hydroliennes supplémentaires par an à partir de 2020. Le cabinet américain Pike Research a récemment estimé que la capacité installée mondiale de l’hydrolien fluvial pourrait atteindre 3 000 MW d’ici 2025, soit l’équivalent de près d’un millier d’éoliennes. En mer, le potentiel de l'hydrolien atteindrait 3 000 à 5 000 MW pour la France seule selon la société Sabella, spécialiste de l'hydrolien. Hydroquest souhaite d'ailleurs également poursuivre son développement jusqu'au large et devrait tester dès l’an prochain une hydrolienne estuarienne.
Visuel du prototype d’hydrolienne fluviale actuellement testée par Hydroquest. (©Hydroquest)