Le système hydraulique de mât rabattable de l’éolienne de Softwind est actuellement testé près de Narbonne sur un modèle rattaché au réseau électrique. (©Softwind)
Le groupe Softwind a repris les brevets de la société française Alizéo portant sur une éolienne rabattable et envisage d’en implanter un grand nombre en zone cyclonique. Focus sur une éolienne sachant profiter du vent à bon escient et se rabattre quand ce dernier souffle « trop fort ».
Le principe de l’éolienne rabattable
Avec 1 MW de puissance, l’éolienne du groupe français Softwind ne se distingue pas par sa capacité maximale installée, ni par ses dimensions : son mât mesure 50 m de haut, le diamètre de son rotor avoisine 60 m. A titre indicatif, le rotor de l’Haliade 150 d’Alstom, une des plus grandes éoliennes offshore au monde, a un diamètre de 150 m et sa capacité maximale installée est de 6 MW.
Ces éoliennes n’ont toutefois pas les mêmes visées et c’est au niveau de la base du modèle de Softwind que se trouve sa spécificité : le mât peut être rabattu grâce à un système hydraulique en moins d’une heure, un temps très court parmi les éoliennes rabattables existantes, et être relevé aussi « rapidement ». Le système de descente ou de montée ne va pas de soi pour cette éolienne dont la nacelle en haut du mât pèse près de 65 tonnes, soit l’équivalent d’une dizaine d’éléphants d’Afrique.
Ce système permet d’installer cette éolienne dans des zones cycloniques et de la coucher en cas de vents trop violents (au-dessus de 150 km/h). Elle peut alors résister, en position horizontale, à des vents allant jusqu’à 270 km/h selon Softwind. L’éolienne rabattable présente également un intérêt en matière de maintenance (2 phases préventives de maintenance par an) : ses différentes composantes sont facilement accessibles et il n’est notamment plus nécessaire d’avoir recours à des grues de fort tonnage rares dans les îles, ce qui permet par la même occasion de réduire les délais d’intervention.
Il existe déjà des éoliennes rabattables dans les zones cycloniques (en particulier celles du constructeur français Vergnet dont la puissance atteint 275 kW) mais elles fonctionnent souvent avec un système de haubans. En s’affranchissant de ces câbles, Softwind explique que son modèle a une emprise au sol bien plus faible, de l’ordre de 200 m2, soit près de 20 fois moins que les éoliennes haubanées selon la société.
Un potentiel outre-mer
L’outre-mer dépend fortement des énergies fossiles, par exemple à 87% dans le cas de la Réunion et à 97% en Martinique, d'après les données de leurs schémas régionaux Climat Air Energie. Le déploiement d’énergies renouvelables pour exploiter un potentiel « local » y séduit de plus en plus.
Softwind prévoit d'ores et déjà de mettre en service 2 parcs de 12 éoliennes chacun sur l’île de la Réunion et un parc de 4 éoliennes en Martinique d'ici début 2017. A la Réunion, la production estimée de chaque éolienne devrait dépasser 2 GWh selon le groupe, ce qui avoisine le facteur de charge moyen des éoliennes en France (23% en 2014 selon RTE). L’investissement par éolienne est plus important à l’origine mais est « compensé sur une demi-période de vie de l’éolienne » selon Softwind (la durée de vie prévue de ces éoliennes est de 20 à 25 ans).
Précisons de plus que l’éolien dispose dans les zones non interconnectées exposées au risque cyclonique d’un tarif d’achat spécifique (23 centimes d’euros par kWh durant les 10 premières années puis un tarif moins élevé durant les 5 années suivantes dépendant de la durée annuelle de fonctionnement des éoliennes(1)) sous réserve que les éoliennes soient équipées d’un dispositif de lissage et de prévision de la production et qu'elles disposent d’une capacité de stockage (par batterie électrochimique dans le cas des modèles de Softwind).