La filiale Quadran Caraïbes est présente en outre-mer depuis 1992. Ici, le nouveau parc éolien de Marie-Galante avec stockage. (©Quadran)
Une centrale éolienne avec stockage par batteries a été inaugurée fin juin sur l’île de Marie-Galante, à plus de 6 000 km de la métropole. Présentation de ce parc qui constitue une première en France selon l’exploitant Quadran.
L’éolien, une évidence sur l’île aux « 100 moulins »
Située à 30 km au sud-est de la Guadeloupe, Marie-Galante est une île de 158 km2 (soit 1,5 fois la superficie de Paris), avec 3 communes et une population d’environ 12 400 habitants(1). Elle est entre autres surnommée l’île « aux 100 moulins » pour avoir compté jusqu’à 106 moulins au début du XXe siècle (ceux-ci permettaient de broyer la canne à sucre). La société française Quadran(2), exploitante de la nouvelle centrale éolienne dite de « Petite-Place », avait d’ailleurs déjà installé un premier parc éolien sur ce même site dès 1997 (démantelé en 2013).
Ce parc éolien de Petite-Place est composé de 9 éoliennes rabattables adaptées aux conditions cycloniques, fournies par le constructeur français Vergnet(3) qui a installé de nombreuses éoliennes de ce type en outre-mer (237 rien qu’en Guadeloupe). Hautes de 55 m, elles disposent chacune d’une puissance unitaire de 275 kW, la capacité cumulée du parc avoisinant donc 2,5 MW.
La véritable nouveauté de ce parc réside dans son système de stockage de l’électricité grâce à un ensemble de batteries lithium-ion de l’entreprise française Saft (rachetée en mai 2016 par le groupe Total(4)). Celui-ci permet de pallier en partie l’intermittence de la production éolienne en ajustant davantage la fourniture d’électricité aux besoins électriques de l'île au fil du temps. Précisons que la capacité cumulée de stockage de ces batteries se limite toutefois à 460 kWh, soit l’équivalent de moins d’une heure de production de 2 des 9 éoliennes à leur puissance nominale.
Marie-Galante en situation de « double insularité »
Mis en service en septembre 2015, le parc éolien de Petite-Place fournit déjà de l’électricité sur le réseau d’EDF et doit permettre de satisfaire les besoins électriques de plus de 3 300 habitants selon Quadran, ce qui correspond à l’ensemble de la population de la commune voisine de Capesterre-de-Marie-Galante(5).
Le parc éolien de Petite-Place doit permettre de se substituer à la consommation annuelle de 600 tonnes de fioul lourd. Le principe d’y associer un système de stockage prend tout son sens à Marie-Galante qui est touchée par une « double insularité » : outre son éloignement du réseau électrique métropolitain, l’île est également éloignée de la Guadeloupe « continentale » (qui ne comprend pas les îles du Sud comme Marie-Galante)à laquelle elle est connectée par une ligne électrique sous-marine, ce qui entraîne des coûts de transport élevés.
En 2015, la Guadeloupe continentale a produit près 1 759 GWh(6) dont 82,2% à partir d’énergies fossiles (principalement fioul et charbon). L’énergie photovoltaïque est l’énergie renouvelable produisant le plus d’électricité dans l’archipel devant la géothermie (centrale de Bouillante), la bagasse et l’éolien. La dépendance énergétique de la Guadeloupe(7) dans son ensemble (pas seulement de l’électricité) reste très importante, atteignant 89% en 2015.
Le parc éolien de Petite-Place a nécessité un investissement, système de stockage compris, de 9 millions d’euros (auquel s’ajoute son raccordement au réseau électrique guadeloupéen avec une ligne de 22 km dont le coût avoisine 2 millions d’euros). Un tarif d’achat de 230 € par MWh est garanti pour la production de ce parc qui figure parmi les fermes éoliennes « avec dispositif de lissage et prévision de la production dans les zones particulièrement exposées au risque cyclonique ».
Notons que d’autres parcs éoliens hors de France sont équipés d’un système de stockage similaire, Saft venant notamment d’annoncer la livraison de batteries au nickel pour permettre un lissage de la production d’une ferme éolienne offshore de 302 MW en mer du Nord(8).