Vue intérieure d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tihange (©Electrabel)
Composition
Le parc nucléaire belge est composé de 5 réacteurs « opérationnels » au 29 juin 2023.
Toutes ces tranches en service sont des réacteurs à eau pressurisée (REP ou PWR en anglais), soit de même type que les 56 premiers réacteurs du parc nucléaire français.
Connectés au réseau entre 1974 et 1985, les réacteurs nucléaires belges sont tous exploités par Electrabel, filiale du groupe français Engie(1).
Capacités de production
Ces réacteurs sont répartis entre 2 centrales :
- la centrale de Doel en Flandre (à 15 km du port d’Anvers et près de la frontière néerlandaise), composée de 3 réacteurs en service d’une puissance cumulée de 2,5 GW. Doel 3 a été mis à l'arrêt en septembre 2022 ;
- la centrale de Tihange en Wallonie (à 30 km de Liège), composée de 2 réacteurs d’une puissance cumulée de près de 2 GW.
Production nucléaire belge
Ce n'est qu'à partir de 1975 que l'industrie nucléaire belge a réellement pris son essor. La croissance rapide se poursuit dans les années suivantes, atteignant un pic de 43,10 TWh en 1988.
Après cette période de croissance, la production nucléaire en Belgique a montré des fluctuations mais est restée relativement stable autour de 40 à 50 TWh par an, avec des variations occasionnelles dues à des maintenances et à des arrêts temporaires de réacteurs.
La production a connu des baisses significatives en 2012, 2014, et 2015, atteignant un creux de 26,10 TWh en 2015. Cependant, la production a rebondi en 2016 pour revenir à des niveaux autour de 40-50 TWh, culminant à 50,33 TWh en 2021. Suite à l'arrêt de réacteurs, elle a fortement chuté en 2023, pour atteindre 33,42 TWh.
Année | Production en TWh |
---|---|
1965 | 0,00 |
1966 | 0,01 |
1967 | 0,09 |
1968 | 0,06 |
1969 | 0,02 |
1970 | 0,06 |
1971 | 0,00 |
1972 | 0,01 |
1973 | 0,08 |
1974 | 0,15 |
1975 | 6,78 |
1976 | 10,04 |
1977 | 11,94 |
1978 | 12,51 |
1979 | 11,41 |
1980 | 12,55 |
1981 | 12,86 |
1982 | 15,66 |
1983 | 24,11 |
1984 | 27,74 |
1985 | 34,60 |
1986 | 39,39 |
1987 | 41,97 |
1988 | 43,10 |
1989 | 41,22 |
1990 | 42,72 |
1991 | 42,86 |
1992 | 43,46 |
1993 | 41,93 |
1994 | 40,62 |
1995 | 41,36 |
1996 | 43,34 |
1997 | 47,41 |
1998 | 46,17 |
1999 | 49,02 |
2000 | 48,16 |
2001 | 46,35 |
2002 | 47,36 |
2003 | 47,38 |
2004 | 47,31 |
2005 | 47,60 |
2006 | 46,65 |
2007 | 48,23 |
2008 | 45,57 |
2009 | 47,22 |
2010 | 47,94 |
2011 | 48,23 |
2012 | 40,29 |
2013 | 42,64 |
2014 | 33,70 |
2015 | 26,10 |
2016 | 43,52 |
2017 | 42,23 |
2018 | 28,60 |
2019 | 43,52 |
2020 | 34,43 |
2021 | 50,33 |
2022 | 43,88 |
2023 | 33,42 |
La capacité de production reste un pilier de l'approvisionnement en électricité en Belgique, malgré les fluctuations observées au cours des dernières décennies.
Les deux réacteurs Doel 3 (nord) et Tihange 2 (sud-est), ont été à l'arrêt entre juin 2012 et juin 2013 puis entre mars 2014 et décembre 2015, après la découverte de fissures. Les analyses menées jusqu'ici ont mis en évidence des fissures dues à l'action de l'hydrogène au moment de la fabrication des cuves en acier il y a plus de trente ans. Le réacteur de Doel en compte environ 13 000 et celui de Tihange 3 150, et les plus grandes atteignent 18 centimètres. L'Allemagne avait demandé l'arrêt temporaire et demandé à une commission d'experts allemands de se pencher sur la sûreté des deux réacteurs. En décembre 2015, suite à un début d'incendie rapidement maitrisé, les Verts allemands insistaient en déclarant que c'était "la preuve tangible que la prolongation de cette centrale très vieille et en mauvaise état est une idée misérable et dangereuse.
"C'est vrai qu'à partir d'août 2015 se sont produits une série d'événements qui, pris individuellement, n'étaient pas graves, mais qui, mis ensemble, montraient qu'il s'avérait nécessaire de remettre au bon niveau cette notion de prise au pied de la lettre de la réglementation", constatait la patronne d'Engie Mme Kocher. Selon elle, "l'organisation de la sûreté" était "trop fragmentée" chez Electrabel, une entreprise qui n'a "jamais refusé de voir quand il y avait des choses à améliorer".
Le réacteur Doel 3, dont la vétusté est régulièrement dénoncée, avait de nouveau été mis à l'arrêt de septembre à avril 2018 pour des travaux d'entretien qui étaient programmés. Mais durant la révision, a expliqué M. Berg, il a été constaté "une dégradation plus avancée que ce qui est permis par les conditions d'exploitation", obligeant à "prolonger" l'arrêt.
Nucléaire en Belgique : stop ou encore ?
Une loi avait prévu en 2003 l’arrêt progressif de tous les réacteurs belges au bout de 40 ans d’exploitation, soit au plus tard en 2025 (pour les plus récents d’entre eux, Doel 4 et Tihange 3).
Après plusieurs revirements, la Belgique a toutefois prolongé en novembre 2015 la durée d’exploitation de ses deux plus anciens réacteurs nucléaires de 10 ans (Doel 1 et 2).
Et le gouvernement belge a signé un accord avec Engie en juin 2023 pour Doel 4 et Tihange 3 « pour redémarrer les unités nucléaires de Doel 4 et Tihange 3 dès novembre 2026 voire dès novembre 2025 » après un arrêt éventuel d'entretien, qui laissera le cas échéant la Belgique sans énergie nucléaire lors de l'hiver 2025-2026... avant qu'une prolongation soit envisagée. Des travaux d'entretien et de maintenances sont théoriquement prévus pour Doel 4 et Tihange 3 au cours de l'hiver 2025-26, mais ce calendrier pourrait être adapté afin de maintenir leur production.
L'envolée des prix du gaz - sur fond de limitation des achats d'hydrocarbures russes en Europe - et la crainte de pénuries d'électricité en Europe ont poussé le gouvernement à négocier avec Engie cette prolongation pour dix ans des réacteurs Tihange 3 et Doel 4, qui étaient censés s'arrêter eux aussi pour de bon en 2025.
Une demande exprimée in extremis l'an dernier à Engie par les autorités belges, sur fond d'invasion russe de l'Ukraine et de renchérissement des prix de l'énergie, conjugués au respect des engagements sur la décarbonation de l'économie. "Cet accord renforce notre approvisionnement en électricité, réduit la dépendance énergétique de notre pays et garantit la production en Belgique d'une électricité décarbonée et bon marché", a salué le Premier ministre belge Alexander De Croo. "C'est le seul accord que nous pouvions signer" pour garantir aux Belges "une facture d'énergie abordable", a renchéri lors d'une conférence de presse à Bruxelles la ministre de l'Energie Tinne Van der Straeten.
Ce compromis a été jugé insuffisant par les libéraux francophones du Mouvement réformateur (MR, partenaire des écologistes dans la majorité) qui réclament l'abrogation de la loi de 2003 afin d'envisager d'autres prolongations.
La Belgique, qui comptait sept réacteurs en activité jusqu'à l'été 2022, en a "débranché" deux le 23 septembre 2022 puis le 31 janvier 2023, respectivement Doel 3 et Tihange 2 après 40 ans de service. Après les fermetures de Doel 3 en septembre 2022 et Tihange 2 en janvier 2023, trois autres réacteurs (Doel 1, Doel 2 et Tihange 1) doivent bien cesser de produire entre février et décembre 2025, mais pourraient être prolongés jusqu'à fin 2026.