
Les 5 principaux acteurs disposant de stations-service sur le réseau autoroutier français sont TotalEnergies (122 à fin 2024), Esso (87), Avia (71), Shell (59) et Enilive (40). Ici, sur l'aire de l'Allier de l'A71. (©Avia)
La France compte 10 806 stations-service encore en activité à fin 2024, selon les dernières données d'Ufip Énergies et Mobilités(1). Près de 5 millions d'automobilistes y font le plein chaque jour.
Où sont situées les stations-service (les moins chères) en France ?
Vous pouvez retrouver une carte des stations-service en France sur autoroute, en ville et en campagne, ainsi que les prix des carburants distribués sur le site public Prix-carburants accessible ici.
En moyenne, la rémunération fixe des stations-service, dont 70% sont situés en zones rurales sur l'ensemble du territoire, est de 0,01 euro net par litre de carburant vendu.
Comment évolue le nombre de stations-service en France ?
En 1975, on dénombrait près de 47 500 stations-service en France. Il en existait 10 000 de moins seulement 7 ans plus tard. La baisse a été particulièrement marquée dans les années 1980, décennie durant laquelle le nombre de stations-service a diminué de 41%.
Entre 1980 et 2010, le nombre de stations-service en France a été quasiment divisé par 4 alors même que le parc automobile français a presque doublé.
Depuis lors, le rythme de cette baisse s'est ralenti mais les stations peu rentables continuent de disparaître, dans des proportions plus ou moins importantes selon les années (perte « nette » de 103 stations en 2024, contre 130 stations en 2023 et 9 en 2021).
Pourquoi les stations-service ferment-elles ?
La baisse du nombre de stations-service s’explique principalement par la faiblesse de la marge des distributeurs (rentabilité insuffisante pour les stations à faible volume) alors que ceux-ci sont soumis à des contraintes croissantes : concurrence des GMS (grandes et moyennes surfaces), normes réglementaires de plus en plus strictes, politiques d’urbanisme dans les villes, etc.
« Dans les années 2000, on s'est diversifiés dans les activités de garage, puis de lavage », explique Francis Pousse, représentant des stations-service chez Mobilians, qui rassemble les professionnels français des services de l'automobile. « Mais les marges ont continué de descendre, et face aux investissements nécessaires pour se moderniser, beaucoup de gérants ont raccroché les gants. Et les jeunes qui rachètent des garages-stations ferment la partie carburant ».
Dans le contexte de hausse (tendancielle) des prix des carburants et de lutte contre le réchauffement climatique, l'ère du moteur thermique est menacée, comme l'atteste l'objectif d'interdire les vente de véhicules thermiques neufs dans l'Union européenne dès 2035.
En 2024, les ventes de carburants dans les stations-service en France (40,63 millions de m3 d'essences et de diesel vendus) ont baissé en volume de 0,6% par rapport à 2023 (après une baisse de 2,4% en 2023), selon UFIP Énergies et Mobilités.
Les grandes surfaces gagnent du terrain
Une autre évolution structurelle majeure du réseau de distribution de carburants réside dans sa structure :
- le nombre de stations-service « traditionnelles » détenues par des sociétés pétrolières et des indépendants diminue (122 fermetures nettes en 2023 et 101 en 2024) tandis que celui des stations détenues par des GMS (grandes et moyennes surfaces) s’accroît tendanciellement (malgré une baisse nette de 2 stations en 2024 après une hausse nette de 3 stations en 2023)(2). En 1992, les stations de ces dernières étaient cinq fois moins répandues que celles des acteurs « historiques » (pétroliers et indépendants) ;
- les ventes de carburants sont de plus en plus concentrées sur des stations ayant un important débit. Le début unitaire moyen d'une station-service en France en 2024 est de 3 760 m3 par an (4 872 m3 par an pour les stations des GMS et 2 716 m3 par an pour les stations des réseaux traditionnels).
Les stations de GMS constituent un peu plus de 48% du nombre de stations-service en France à fin 2024 (avec 5 234 stations-service, contre 5 572 pour les réseaux « traditionnels »). Elles réalisent aujourd’hui plus de 62% des ventes annuelles de carburants en volume à l’échelle nationale.
Précisions que les acteurs traditionnels restent prédominants sur autoroute par rapport aux grandes et moyennes surface (TotalEnergies disposait par exemple de 122 stations-service sur le réseau autoroutier français à fin 2024, contre 23 pour E.Leclerc).
Évolution du réseau entre 2010 et 2021
La chute du nombre de stations-service en France a ralenti ces dernières années, autour de 11 000 selon Ufip Énergies et Mobilités. (©Connaissance des Énergies d'après UFIP).
Rappels sur la distribution de carburants en France
En France métropolitaine, la production et la distribution de produits pétroliers repose sur un réseau de 8 raffineries (dont 2 bioraffineries)(3), environ 200 dépôts secondaires et les près de 11 000 stations-service. Ces sites sont répartis sur l’ensemble du territoire et ont entre autres permis de livrer aux consommateurs français un volume d'environ 50 millions de m3 de carburants routiers par an, dont environ 80% de gazole.
Les raffineries françaises et de nombreux dépôts pétroliers font de temps en temps l’objet de blocages de salariés, avec des conséquences plus ou moins importantes (arrêt complet, débit réduit, etc.). Des mesures de rationnement sont parfois mises en place par arrêté dans certains départements, avec un volume maximal de carburant par véhicule.
La rupture de l’approvisionnement de certaines stations-service est le plus souvent favorisée par les craintes des automobilistes d’une pénurie de carburants : la consommation journalière desdits carburants est jusqu'à 3 fois supérieure à la consommation habituelle lors des périodes de tensions.
Stocks stratégiques de carburants
Les stocks stratégiques de produits pétroliers ont été initiés en France il y a près de 90 ans et généralisés dans l’ensemble des pays membres de l’AIE en 1974. Le niveau de stocks imposé à chaque pays doit correspondre à 90 jours de ses importations nettes de produits pétroliers. Ils visent à faire face à toute rupture éventuelle des approvisionnements extérieurs (crise internationale, catastrophe naturelle, etc.) bien qu'ils puissent eux-mêmes être touchés par un blocage « interne »(3).
Les différents opérateurs comme TotalEnergies doivent prévoir des stocks stratégiques correspondant à 29,5% du volume qu’ils délivrent annuellement. Moyennant rémunération, ils délèguent en partie leur obligation de stockage (de 56% à 90% selon le choix de chaque opérateur) au Comité professionnel des stocks stratégiques pétroliers (CPSSP) qui fait lui-même appel aux services de la Société anonyme de gestion des stocks de sécurité (SAGESS)(4), entité centrale de stockage. Chaque grande zone a pour objectif de conserver au minimum l’équivalent de 10 jours de consommation nationale d’essences et 15 jours de consommation nationale de gazole et de fioul domestique.
Les opérateurs peuvent être autorisés par le ministère en charge de l’énergie à puiser dans ces stocks stratégiques lorsqu’un risque pèse sur l’approvisionnement de produits pétroliers.
Étiquettes et types de carburants
Depuis 12 octobre 2018, de nouvelles étiquettes sont censées être clairement affichées sur les pompes à carburant de toutes les stations-service de l’Union européenne ainsi que sur tous les véhicules neufs mis sur le marché ou immatriculés.
La mesure concerne l’ensemble des 28 États membres de l’UE mais aussi en Islande, au Liechtenstein et en Norvège (tous trois membres de l'Espace économique européen), en Macédoine, en Serbie, en Suisse et en Turquie. Son objectif est de mieux « informer » les automobilistes.
Des étiquettes B20, B30 et B100 seront également déployées selon la teneur en biodiesel du gazole. (©Connaissance des Énergies)
Les nouvelles étiquettes se distinguent par une forme, une lettre et un nombre. Les grands types de carburants seront différenciés selon la forme de l’étiquette : ronde dans le cas des essences, carrée pour le gazole/diesel et en losange pour les carburants gazeux (hydrogène, GNC, GNL, GPL).
Pour les essences et le gazole, les lettres « E » et « B » désigneront respectivement la teneur maximale de ces carburants en éthanol et en biodiesel. Le SP95 sera par exemple désigné par une étiquette « E5 », le SP95-E10 par l’étiquette « E10 » tandis que le gazole pouvant contenir jusqu’à 7% de biodiesel portera le nom de « B7 ».
L’exigence d’un nouvel étiquetage remonte à la directive européenne du 22 octobre 2014 relative au déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs. Dans son article 7, il est attendu des États membres de l’UE qu’ils « s'assurent que des informations pertinentes, cohérentes et claires sont disponibles en ce qui concerne les véhicules à moteur qui peuvent être ravitaillés régulièrement par les différents carburants mis sur le marché ou être rechargés aux points de recharge ». Une norme, dite « EN 16942 », a depuis précisé la conception technique et la taille des nouvelles étiquettes (une norme similaire pour les véhicules électriques est en cours de conception).