Le Mexique était le 5e producteur de pétrole(1) en 2005. Il a rétrogradé au 11e rang mondial en 2015. (©photo)
Le Mexique a entrepris une grande réforme énergétique fin 2013 qui devrait, selon l’Agence internationale de l'énergie (AIE), permettre au pays de connaître une forte croissance économique dans les décennies à venir. Le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol parle même d’une « révolution sans précédent ». Explications.
Vers une remontée de la production de pétrole ?
En 2014, le pétrole comptait pour plus de la moitié de la consommation d’énergie primaire du Mexique selon les dernières données de l’AIE. Il occupait ainsi une place plus importante dans le mix énergétique de ce pays que dans ceux de plusieurs pays du Moyen-Orient(2). Les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire (2 réacteurs dans le pays) ne satisfaisaient pour leur part qu’environ 10% de la consommation mexicaine d’énergie.
Le Mexique est encore le 11e producteur mondial de pétrole (2,6 Mb/j en 2015) mais a vu cette production baisser de plus de 31% au cours des dix dernières années. Il en est de même pour ses exportations, sources d’importants revenus également amputés par la chute des cours. Une grande réforme constitutionnelle actée fin 2013 a ouvert aux investissements privés le secteur énergétique mexicain, mettant ainsi fin au monopole des compagnies nationales Pemex (Petroleos Mexicanos) pour le pétrole et le gaz et CFE (Comision Federal de Electricad) pour la production d’électricité.
L’AIE estime que cette ouverture devrait permettre, avec l’apport de nouveaux capitaux et de compétences techniques, d’exploiter de nouvelles ressources pétrolières, en particulier au sein de gisements de « tight oil » et dans l’offshore profond. L’Agence envisage ainsi que la production pétrolière du Mexique augmente à nouveau après 2020 et atteigne 3,4 Mb/j à l’horizon 2040, soit près de 800 000 b/j supplémentaires par rapport à 2015.
Une poussée des filières renouvelables productrices d’électricité
Malgré la hausse de la production pétrolière, la part très importante du pétrole dans la consommation énergétique mexicaine devrait baisser dans les prochaines décennies au profit du gaz naturel et des énergies « décarbonées » (renouvelables et nucléaire). Dans ses projections à l’horizon 2040, l’AIE envisage que la hausse de la consommation d’énergie finale sera satisfaite pour moitié par une augmentation de la production électrique.
Le gaz naturel devrait rester la principale source de production électrique du pays d’ici à 2040 tandis que la production à partir des renouvelables, éolien et solaire photovoltaïque en tête, pourrait tripler dans les 25 ans à venir, notamment grâce à différents appels d’offres soutenant le développement de ces filières.
Le gaz naturel et les énergies renouvelables devraient, selon l’AIE, connaître la plus forte progression dans la consommation mexicaine d’énergie primaire d’ici à 2040. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
La loi de transition énergétique mexicaine votée fin 2014 a fixé un objectif de 35% d’électricité décarbonée à l’horizon 2024 alors que les énergies fossiles comptaient encore pour 79,7% de la production électrique nationale en 2015. D’après les projections de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), le Mexique pourrait toutefois se montrer plus ambitieux et produire jusqu'à 46% de son électricité à partir des seules énergies renouvelables dès 2030.
Précisons par ailleurs que le Mexique pourrait également davantage s’appuyer sur la géothermie, le pays disposant des 4e capacités de production électrique à partir de cette énergie au niveau mondial (derrière les États-Unis, les Philippines et l’Indonésie)(4).
Quels engagements pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Dans sa contribution déposée dans le cadre de la COP21(4), le Mexique indiquait être à l'origine de 1,4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (ses 127 millions d’habitants constituent 1,7 % de la population mondiale). Le pays s’est engagé à réduire de 22% lesdites émissions sur son territoire à l’horizon 2030 par rapport aux projections « Business as usual ».
Lors du sommet annuel des « trois amigos » fin juin 2016, le Mexique a également rejoint l’engagement américano-canadien de réduire de 40% à 45% les émissions de méthane d’ici à 2025 par rapport à 2012. Les États-Unis, le Canada et le Mexique avaient annoncé à cette occasion leur engagement commun de produire la moitié de leur électricité à partir de sources décarbonées à l’horizon 2025.