La station de distribution d'hydrogène du conseil départemental de la Manche à Saint-Lô a fait l'objet d'un investissement de 400 000 euros hors taxes. (©D. Daguier)
La troisième édition des « Journées Hydrogène dans les Territoires » a eu lieu les 17 et 18 juin à Cherbourg dans la Manche. Le département souhaite fortement développer ce vecteur énergétique et se présente comme « le démonstrateur territorial » de l’économie de l’hydrogène. Illustration.
Une première station de distribution d’hydrogène
Le conseil départemental de la Manche a inauguré le 26 janvier dernier à Saint-Lô la première station de distribution d’hydrogène installée par une collectivité en France. Cette station, fournie par Air Liquide fin 2014, est capable de remplir des réservoirs de véhicules alimentés à l’hydrogène en moins de 5 minutes.
Elle stocke l’hydrogène à une pression de 350 bars et est destinée à alimenter des véhicules équipées de piles à combustible utilisant de l’hydrogène ainsi que des véhicules électriques disposant d’un prolongateur d’autonomie à hydrogène.
Pour rappel, lorsqu’il est question de voitures « à hydrogène », il est la plupart du temps fait référence à des véhicules équipés de piles à combustible, utilisant de l’hydrogène pour produire de l’électricité alimentant un moteur électrique. Les voitures équipées d’un moteur à combustion interne utilisant directement l’hydrogène comme carburant sont moins courantes.
Une flotte de véhicules « hydrogène »
A Saint-Lô, la station de distribution d’hydrogène va répondre à un réel besoin dès lors qu’une flotte alimentée à l’hydrogène doit être déployée dans la Manche avec :
- 40 véhicules à hydrogène pour les collectivités et donneurs d’ordres locaux dans les 3 ans à venir dont 10 au sein du conseil départemental ;
- 5 bus à hydrogène dans la communauté urbaine de Cherbourg-Octeville (livraison courant 2016). Une autre station de distribution d’hydrogène doit être implantée localement pour les alimenter ;
- 1 bateau de pêche à hydrogène (en projet).
Cinq Kangoo Maxi ZE électriques, équipées d’un prolongateur d’autonomie à hydrogène (le « Range Extender »), font déjà partie de la flotte du conseil départemental. Outre leurs batteries électriques, elles sont capables d’embarquer jusqu’à 1,8 kg d’hydrogène qui leur assure une autonomie supplémentaire évaluée à 180 km.
Un territoire décarboné misant sur le vecteur d’hydrogène
Avec ses réacteurs nucléaires (Flamanville) et le développement de fermes d’hydroliennes dans le Raz Blanchard ainsi que d’éoliennes offshore dans le futur, la Manche met en avant le caractère décarboné de son mix électrique. Elle entend poursuivre sa transition énergétique en misant sur le vecteur hydrogène, celui-ci devant permettre d’accompagner le déploiement de projets renouvelables portés par la société d’économie mixte SEM West Énergies.
Après s’être immiscé dans la mobilité, le vecteur hydrogène pourrait être au centre d’un éco-quartier dans le Nord Cotentin dans lequel il permettrait de stocker l’électricité intermittente des énergies renouvelables locales. La question de sa production à grande échelle se posera également : il est envisagé de produire localement l’hydrogène par électrolyse à partir de centrales solaires ou des énergies marines.
Précisons que la Manche n’est toutefois pas le seul territoire à miser sur l’hydrogène dans les transports. En région Rhône-Alpes, le projet HyWay prévoit entre autres le déploiement de 50 véhicules utilitaires électriques avec prolongateur à hydrogène autour de stations de distribution d’hydrogène à Lyon et Grenoble. Le 10 juin dernier, 21 de ces véhicules ont ainsi déjà été mis en service à Grenoble.