La part du nucléaire dans la production électrique japonaise est passée de 29% à 11% entre 2010 et 2011 et est restée nulle pendant 2 ans après septembre 2013. Ici, les deux réacteurs de la centrale de Sendai. (©flickr-simplyinfo)
Le Japon a redémarré la semaine dernière le deuxième réacteur de la centrale nucléaire de Sendai dans le sud du pays. État des lieux sur la place de cette filière au pays du Soleil-Levant, plus de 4 ans et demi après l’accident de Fukushima Daiichi.
Sendai, première centrale d’une longue série ?
D’une puissance installée de 890 MW, le réacteur n°2 de la centrale de Sendai sera à nouveau connecté au réseau électrique japonais le 21 octobre et devrait pouvoir fournir sa pleine puissance début novembre. L’électricien Kyushu Electric devra attendre une dernière inspection de la NRA, l'autorité de sûreté nucléaire japonaise (équivalent de l’ASN au Japon), pour reprendre les opérations commerciales liées à ce réacteur mi-novembre.
Il s’agit du deuxième réacteur nucléaire à nouveau en service depuis l’introduction des nouvelles normes de sûreté post-Fukushima. Le premier réacteur de la centrale de Sendai (de puissance similaire) a été redémarré en août 2015. Il a fourni en septembre 2015 près de 671 GWh. A titre indicatif, le Japon a produit 795 936 GWh en 2014 sans avoir recours à la filière nucléaire, le parc national étant alors totalement à l’arrêt.
Des 43 réacteurs nucléaires japonais encore « opérationnels » selon l’AIEA, le prochain qui pourrait redémarrer est la tranche 3 de la centrale d’Ikata (sud du pays), opérée par Shikoku Electric. La ville d’Ikata et la préfecture ont approuvé le redémarrage de ce réacteur qui doit encore recevoir le feu vert final de la NRA. Dans l’ouest du Japon, l'électricien Kansai souhaite également redémarrer les réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama, respectivement en décembre 2015 et début 2016. La remise en service de certains réacteurs est toutefois encore freinée par des oppositions au niveau local et plus de la moitié de la population japonaise se dit opposée à une relance du nucléaire dans les sondages(1).
Quelle future place pour l’énergie nucléaire au Japon ?
En mai 2015, le gouvernement japonais a annoncé vouloir tirer près de 20% à 22% de son électricité à partir de son parc nucléaire à l’horizon 2030 (et 22% à 24% à partir des renouvelables). C’est moins qu’avant l’accident de Fukushima Daiichi de mars 2011 (29% en 2010) mais cela suppose de redémarrer encore de nombreux réacteurs.
Pour rappel, le Japon souhaitait faire passer la part du nucléaire dans son mix électrique à 50% en 2030 dans son « Plan stratégique énergie » exposé en juin 2010. Suite à l’accident de Fukushima (provoqué par une rupture de l’alimentation électrique), le Japon avait annoncé en 2012 une sortie du nucléaire à l’horizon 2040.
Le premier ministre Shinzo Abe, arrivé au pouvoir fin 2012, a souhaité réintégrer le nucléaire dans le paysage électrique japonais alors que la production nationale dépendait, à son élection, à 88% d’énergies fossiles carbonées(2). Après avoir fait d’énormes efforts en matière d’économies d’énergie, le Japon compte entre autres sur le nucléaire pour augmenter sa faible indépendance énergétique, réduire sa facture énergétique et diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (en misant aussi sur le développement des énergies renouvelables) alors que se profile en fin d’année la COP21.