États-Unis : quelles perspectives pour le plus grand parc nucléaire du monde ?

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Centrale nucléaire de Catawba

La centrale nucléaire de Catawba en Caroline du Sud est contituée de 2 réacteurs connectés au réseau en 1985 et 1986. (©Duke Energy)

L’EIA américaine(1) a dévoilé hier ses prévisions sur l’évolution du parc nucléaire des États-Unis à l’horizon 2020. Malgré le futur arrêt de plusieurs réacteurs, ce parc devrait encore se développer dans les années à venir. Explications.

Rappels sur le parc nucléaire américain

Le parc nucléaire américain dispose à ce jour(2) de 99 réacteurs « opérationnels » d’une puissance cumulée de 98,7 GW, ce qui en fait le premier parc nucléaire au monde devant celui de la France (58 réacteurs). En 2014, il a généré 797 TWh, soit environ 19,5% de l’ensemble de la production d’électricité aux États-Unis(3). L’énergie nucléaire est ainsi la 3e source d’électricité dans ce pays derrière le charbon (39% du mix électrique en 2014) et le gaz naturel (27%)(4).

Les 99 réacteurs nucléaires américains sont répartis entre 62 centrales qui sont quasiment toutes situées dans l’est des États-Unis (une des principales raisons est la plus forte densité dans l'est du pays et donc le plus grand besoin de capacités électriques). C’est toutefois à l’ouest, en Arizona, qu’est installée la plus grande centrale nucléaire américaine (Palo Verde) qui est composée de 3 réacteurs d’une puissance cumulée de 3 937 MW. Deux des 50 États américains (l’Illinois et la Pennsylvanie) disposent à eux seuls de plus d’un cinquième de la puissance nucléaire installée dans le pays.

Répartition des réacteurs nucléaires américains

Répartition géographique des réacteurs nucléaires américains (©U.S. Energy Information Administration)

Tous les réacteurs nucléaires américains appartiennent à la filière à eau « légère » utilisant de l’uranium enrichi en isotope 235 : 64 réacteurs sont de type REP (réacteurs à eau pressurisée, type de réacteurs de l’ensemble du parc nucléaire français) et 35 sont de type REB (réacteurs à eau bouillante).

Exelon est le principal exploitant en charge de réacteurs nucléaires aux États-Unis (17 répartis entre 10 centrales). Parmi les autres électriciens exploitant des réacteurs, citons entre autres Entergy (11 réacteurs) et Duke Energy (7 réacteurs).

Et demain ?

Au cours des 4 dernières années, 5 réacteurs nucléaires ont été arrêtés aux États-Unis (plus de 6 000 MW de puissance cumulée). Selon l’EIA américaine, il est encore prévu de fermer d’ici à 2020 l’équivalent de 2 968 MW de capacités nucléaires.

La puissance installée du parc nucléaire américain devrait toutefois augmenter à l’horizon 2020 compte tenu de la mise en service programmée de 5 nouveaux réacteurs actuellement en construction (dont 4 réacteurs de 3e génération AP 1000). Seuls trois pays dans le monde construisent actuellement davantage de réacteurs nucléaires : la Chine (22 réacteurs en construction), la Russie (9 réacteurs) et l’Inde (6 réacteurs).

Aux États-Unis, rappelons par ailleurs que de nombreux exploitants ont demandé à la NRC (Nuclear Regulatory Commission) un renouvellement de licence pour prolonger la durée de vie de leurs réacteurs actuels : plus de 70 réacteurs nucléaires ont déjà reçu l’autorisation d’être exploités jusqu’à leurs 60 ans et la NRC devrait examiner dès 2017 des demandes d’exploitation jusqu’à 80 ans(5)

Selon une précédente étude de l’EIA publiée en avril dernier, la part du nucléaire dans le mix de production électrique américain devrait rester relativement stable dans les décennies à venir et légèrement diminuer à hauteur de 16% à l’horizon 2040.

Évolution de la puissance installée du parc nucléaire américain

Évolution de la puissance installée du parc nucléaire américain (©U.S. Energy Information Administration)

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