Connue en Méditerranée pour sa saveur chocolatée, la caroube présente aussi un intérêt énergétique. (©photo)
Un programme de recherche de l’Université d’Algarve (sud du Portugal) prévoit une nouvelle filière pour produire du bioéthanol, un biocarburant utilisé en combinaison avec l’essence. Ce programme pourrait permettre au pays de limiter ses importations de biocarburants alors que l’Union européenne impose une intégration croissante de ceux-ci dans les transports.
La pulpe de caroube valorisée
Fruits des caroubiers, les caroubes sont des gousses d’une à plusieurs dizaines de centimètres de long accrochées aux branches de ces arbres des régions méditerranéennes. Elles sont principalement exploitées par l’industrie agro-alimentaire sous forme de deux produits : la farine de caroube et la gomme de caroube. Or, de nombreux coproduits de cette exploitation sont actuellement considérés comme des déchets.
Une nouvelle voie explorée par le programme de recherche « Alfaetilico – Énergie de seconde génération » consiste à valoriser ces coproduits en les transformant en bioéthanol de 2e génération. La caroube contient une pulpe constituée de près de 40% de sucres et de 35% d’amidon. Fermentés, ces sucres et l’amidon permettent de produire du bioéthanol et du CO2. La fermentation dite « alcoolique » est réalisée avec la levure Saccharomyces Cerevisiae qui présente un bon rendement théorique selon les chercheurs travaillant sur ce programme : pour 1 g de pulpe de caroube, 0,51 g de bioéthanol pourrait théoriquement être produit.
Un intérêt économique pour le Portugal
Issue de l’industrie de l’Algarve, la caroube constitue une ressource à faible coût pour la production de bioéthanol. Le programme de recherche est d’ailleurs en partie financé par des industriels transformant la caroube dans la région. Le Portugal fait plus globalement partie des principaux pays producteurs derrière l’Espagne, le Maroc et l’Italie.
Alors que le pays ne dispose pas de site de production industrielle de bioéthanol à l’heure actuelle, ce programme pourrait revêtir un intérêt économique important à moyen terme. En effet, le Portugal doit répondre aux exigences européennes d’intégration de biocarburant : tous les États membres se sont engagés à faire passer la part des biocarburants dans les transports à 10% d’ici 2020, soit une part cinq fois plus importante qu’en 2007. Cette évolution doit contribuer à l’objectif de 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990.
Le Portugal pourrait limiter ses importations de bioéthanol en développant une production propre. En 2011, la France était le principal producteur de bioéthanol en Europe, plus de la moitié de sa production étant issue de céréales. Une nouvelle proposition de directive de la Commission européenne destinée à promouvoir les biocarburants est par ailleurs en cours de discussion.