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Il est "indispensable de garder un temps d'adaptation" suffisamment long en matière de transition écologique pour ne pas favoriser les grandes entreprises au détriment des PME et des TPE, a estimé lundi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
"Sans rogner nos ambitions écologiques, il est indispensable de partir de la réalité", a déclaré M. Le Maire devant la commission spéciale de l'Assemblée nationale sur le projet de loi "dérèglement climatique et résilience", qui doit traduire une partie des propositions de la Convention citoyenne sur le climat (CCC).
Interrogé sur le rôle de la commande publique, il a estimé que "si vous accélérez trop le verdissement de la commande publique, vous risquez de favoriser les plus grandes entreprises qui seront à même de s'adapter à ces nouvelles règles au détriment des TPE et des PME". Il a rappelé qu'une des orientations du plan de relance de 100 milliards d'euros, dont 30 milliards sont fléchés pour la transition écologique, "c'est de favoriser, et on l'assume, les très petites entreprises et les PME".
Le ministre de l'Économie a reconnu que cela pouvait "amener, effectivement des délais supplémentaires". "Un délai d'entrée en vigueur de cinq ans permet à mon sens de limiter ce risque", a-t-il précisé tout en jugeant que "la commande publique est effectivement un levier très efficace pour obtenir un verdissement de notre économie".
Plus généralement, il s'est dit "convaincu que la décarbonation de l'économie va être créatrice d'emplois, mais cela suppose que nous investissions d'abord massivement sur l'innovation et les nouvelles technologies".
Citant en exemple l'hydrogène dans lequel le gouvernement a prévu d'investir 7 milliards d'euros d'ici 2030, il a précisé que cela supposait de veiller "à ce que la chaîne de valeur soit bien en France", donc que les usines qui feront l'électrolyse, les valves et les réservoirs y soient implantées. Mais il a ajouté que "sur tous ces projets de grandes chaînes de valeur, il n'y a de solution qu'au niveau européen".
Sur l'hydrogène, les Allemands prévoient d'investir 9 milliards d'euros, l'objectif étant d'arriver avec la participation d'autres pays à "30 milliards d'euros, qui est la somme à partir de laquelle nous pouvons avoir une production d'hydrogène sur le territoire européen qui soit décarbonée et rentable", a encore déclaré M. Le Maire.