Sabotage Nord Stream: mandat d'arrêt contre un Ukrainien, selon des médias

  • AFP
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La justice allemande a lancé un mandat d'arrêt européen contre un Ukrainien soupçonné d'être lié au sabotage en septembre 2022 des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, affirment mercredi plusieurs médias allemands.

Interrogé par l'AFP, le parquet fédéral allemand, chargé d'un des volets de l'enquête sur cet attentat, n'a pas souhaité commenter.

Le mandat d'arrêt européen a été émis en juin par le parquet fédéral contre un moniteur de plongée ukrainien qui vivait alors en Pologne, non loin de Varsovie, et présenté comme Volodymyr Z., affirment la chaîne de télévision publique ARD et les journaux Süddeutsche Zeitung et Die Zeit.

La justice le soupçonne d'avoir été impliqué, avec deux autres plongeurs ukrainiens, présentés comme Jevhen U. et Svitlana U., dans le sabotage du gazoduc en profondeur, indiquent-ils.

Le trio aurait posé les explosifs à bord d'un voilier l'"Andromède", à propos duquel le parquet avait révélé en 2023 avoir ouvert une enquête. Ce voilier est selon les enquêteurs parti de Rostock en Allemagne sur la mer Baltique, puis a fait escale sur une île danoise, en Suède et en Pologne.

En vertu des règles de l'entraide judiciaire européenne, les autorités polonaises avaient 60 jours pour réagir à la demande allemande et interpeller le principal suspect.

Or, cela n'a pas été fait, pour des raisons non explicitées. Le suspect semble avoir désormais pris la fuite, sans qu'on sache s'il s'est ou non rendu en Ukraine.

Les autorités allemandes s'étonnent en interne du manque de coopération de la Pologne dans cette enquête, selon les médias allemands, qui évoquent de possible complicités dont aurait pu bénéficier le trio ukrainien dans ce pays.

Brièvement joint au téléphone par les médias allemands, Volodymyr Z. a réfuté toute implication dans l'attentat.

Alors que la Suède et le Danemark avaient déjà cessé d'enquêter sur cette affaire au début de l'année, les enquêteurs allemands ont poursuivi leurs investigations visant notamment le voilier et les plongeurs ukrainiens.

Selon les médias allemands, aucun élément à ce stade n'indique toutefois que ces suspects aient agi sur ordre des autorités de leur pays, service secret ou armée.

Kiev nie toute responsabilité dans ce sabotage. "Je ne ferais jamais cela", a affirmé en juin 2023 le président ukrainien Volodymyr Zelensky au quotidien allemand Bild, ajoutant qu'il "aimerait voir des preuves".

En mars 2023, le New York Times avait déjà affirmé, sur la base d'informations consultées par le renseignement américain, qu'un "groupe pro-ukrainien" serait à l'origine du sabotage, mais sans implication du président ukrainien.

Le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.

Les gazoducs n'étaient pas en opération lors des fuites.

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