L'Ukraine responsable du sabotage de Nord Stream ? Un "non-sens absolu", selon Kiev

  • AFP
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La présidence ukrainienne a qualifié jeudi de "non-sens absolu" sa mise en cause dans le sabotage en septembre 2022 des gazoducs russes Nord Stream en mer Baltique, après des informations de presse en ce sens.

Le Wall Street Journal a affirmé que l'ancien chef d'état-major ukrainien, Valery Zaloujny, avait supervisé le plan visant à faire sauter les oléoducs qui alimentaient encore à ce moment-là l'Europe en gaz russe, malgré l'invasion par les troupes russes de l'Ukraine à partir du 24 février 2022.

"L'implication de l'Ukraine dans les explosions de Nord Stream est un non-sens absolu. Ces actions n'avaient aucun intérêt pratique pour l'Ukraine", s'est défendu auprès de l'AFP le conseiller présidentiel Mykhailo Podoliak, en réaction à l'article du quotidien américain.

Selon le Wall Street Journal, le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait été au courant du projet avant de faire volte-face et de demander son arrêt.

Le porte parole de la présidence a observé que l'implication de l'Ukraine dans le sabotage aurait "pu mettre un terme" à l'aide apportée à Kiev par les "partenaires européens". Il a en revanche qualifié d'"évidentes" les motivations de Moscou dans la destruction du gazoduc.

"La Russie a estimé qu'il était nécessaire de discréditer l'Ukraine de manière conjoncturelle, afin de réduire son influence diplomatique, émotionnelle et informationnelle sur la communauté européenne", a-t-il soutenu, quitte à "perdre les opportunités commerciales de Nord Stream".

Les affirmations du Wall Street Journal surviennent au lendemain de révélations dans la presse allemande selon lesquelles l'enquête judiciaire menée en Allemagne sur le sabotage s'orientait vers l'Ukraine, avec un mandat d'arrêt récemment lancé contre un plongeur professionnel de ce pays.

- "Comme une torpille" -

Selon le WSJ, six personnes au total ont été directement impliquées dans cette opération spectaculaire et inédite, pour un coût d'environ 300.000 dollars, le tout financé par de l'argent privé.

"Volodymyr Zelensky avait initialement approuvé le plan, selon un officier qui y participait et trois qui en avaient connaissance", a écrit le journal américain. "Mais après, quand la CIA en a eu vent et a demandé de l'empêcher, il a ordonné de le stopper", poursuit-il.

Valery Zaloujny, commandant en chef de l'armée ukrainienne à l'époque, aurait ignoré cet ordre et son équipe aurait modifié le plan initial, affirme le journal.

Contacté par le WSJ, M. Zaloujny, qui a depuis été nommé ambassadeur pour l'Ukraine à Londres, a déclaré dans un échange par écrit qu'il n'avait aucune connaissance d'une telle opération, et a qualifié de "provocation" toute affirmation du contraire.

Après avoir demandé de stopper l'opération, M. Zelensky avait demandé des explications à M. Zaloujny, selon le WSJ, citant trois personnes ayant eu connaissance de cet échange.

Ce dernier lui a répondu qu'il était trop tard, affirmant qu'il n'était plus possible de communiquer avec l'équipe du sabotage car tout contact aurait pu mettre en danger l'opération.

"Il a été dit (à M. Zelensky, ndlr), c'est comme une torpille, une fois que vous l'avez lancée sur l'ennemi, vous ne pouvez pas la récupérer, elle continue jusqu'à faire boum", décrit un haut gradé, informé de cette conversation, cité par le WSJ.

Les médias allemands, qui ont révélé l'avancée récente de l'enquête judiciaire, sont eux beaucoup plus prudents sur l'implication des hautes autorités ukrainiennes et tendent au contraire à disculper le président Zelensky au moins.

L'hebdomadaire Der Spiegel évoque en revanche une possible implication de Valery Zaloujny.

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