La filiale de Vinci Omexom doit accompagner pendant 2 ans les salariés de la Sonabel pour exploiter la centrale photovoltaïque de Zagtouli. (©Sonabel)
Au Burkina Faso, la centrale photovoltaïque de Zagtouli a injecté fin septembre ses premiers kilowattheures sur le réseau électrique. Elle fait figure de porte-étendard de la filière alors que de nombreux autres projets solaires dans le pays devraient aboutir dans les prochaines années.
Près de 130 000 modules photovoltaïques
Située au sud-ouest de la capitale du Burkina Faso Ouagadougou (centre du pays), la centrale de Zagtouli est composée de 129 600 modules photovoltaïques(1) (de la société allemande SolarWorld), répartis sur 60 hectares. Débutés en juin 2016 sous la houlette de l’entreprise française Cegelec(2), les travaux sur le site sont aujourd'hui « exécutés à 99% » selon Nana Saïdou, chef du projet Zagtouli qui précise que de l'électricité a commencé à être injectée fin septembre sur le réseau burkinabè.
La centrale de Zagtouli dispose d’une capacité installée totale de 33 MW crête (chaque module ayant une puissance unitaire de 260 Wc) et pourrait produire près de 56 GWh par an selon les estimations de l’exploitant (Sonabel). Cela correspondrait à un facteur de charge de 19,4%, élevé dans le cas du solaire photovoltaïque (14,3% en moyenne en France en 2016(3)). Le Burkina Faso bénéficie en effet d’un ensoleillement très favorable (3 000 h de rayonnement solaire par an), avec un gisement à 5,5 à 6 kWh par m2 par jour, soit presque deux fois plus qu’en France.
Une baisse des coûts de production électrique
La centrale de Zagtouli pourrait couvrir jusqu’à 5% de la demande annuelle d’électricité du Burkina Faso selon les porteurs du projet(4). La production électrique du pays repose jusqu’ici principalement sur un parc thermique de centrales au fioul très coûteuses (près de 50% du mix). L’énergie hydraulique compterait pour près de 10% du mix électrique national, les besoins restants étant satisfaits par les importations depuis les pays voisins(5), en particulier la Côte d’Ivoire.
Symbole du développement des énergies renouvelables au Burkina Faso, la centrale de Zagtouli suscite aussi de fortes attentes en matière de coûts de production : le coût du kWh de la centrale de Zagtouli pourrait avoisiner 45 francs CFA par kWh selon Nana Saïdou, contre près de 140 francs CFA par kWh pour les centrales à combustible fossile.
Zagtouli doit par ailleurs permettre « d’augmenter la capacité électrique du pays, conduisant ainsi à la réduction de sa dépendance énergétique et à la sécurisation de la desserte en électricité » de la population burkinabée, selon les termes du ministre des mines et de l’énergie Alfa Oumar Dissa. En 2014, le taux d’électrification du « pays des hommes intègres(6) » atteignait seulement 18% (le taux d’électrification moyen en Afrique subsaharienne est de 31% et près de 620 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité).
D’autres projets solaires en perspective
Le coût total de la centrale de Zagtouli est estimé à 47,5 millions d’euros. Le projet a bénéficié d’une subvention de 25 millions d’euros du Fonds européen de développement (FED) de l’Union européenne et d’un prêt de l’Agence française de développement (AFD) pour les 22,5 millions d’euros restants.
Depuis la COP21 en décembre 2015, « la situation énergétique du Burkina Faso n’a pas considérablement évolué mais beaucoup de projets sont désormais en cours », indique Alassane Tiemtore, directeur des services techniques et de la régulation de l’autorité nationale de régulation du sous-secteur de l’électricité (ARSE).
Dans le cadre du projet d’appui au secteur de l’électricité (PASEL), la Banque mondiale doit entre autres financer 2 projets de centrales photovoltaïques de 10 MW (Kaya) et de 20 MW (Koudougou) dont la mise en service est programmée en 2019(7). Une extension de la puissance de la centrale de Zagtouli (de 17 MWc) est par ailleurs envisagée d’ici à 2020 grâce à un financement de la Banque européenne d’investissement (BEI), afin de porter sa puissance totale à 50 MWc.