Controverse : quelles réformes possibles pour l’ARENH ?

Jacques Percebois – Professeur à l’Université Montpellier I

Professeur émérite à l’Université de Montpellier
Fondateur du CREDEN
Auteur de l’ouvrage « Les prix de l’électricité. Marchés et régulation », Presses des Mines

Une controverse se développe aujourd’hui sur la nécessité de maintenir ou non l’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique), ou de modifier ce mécanisme, certains lui attribuant une responsabilité dans la hausse du prix de l’électricité. Quelles sont les réformes possibles ?

Plusieurs solutions peuvent être envisagées :

  1. On peut mettre fin purement et simplement à ce mécanisme de l’ARENH, considérant qu’il a rempli son rôle et a permis l’entrée de nombreux fournisseurs sur le marché de masse de l’électricité. L’opérateur historique a perdu beaucoup de clients et il continue à en perdre, même si sa part de marché sur le segment domestique reste élevée. Mais il faut pour cela une loi qui le décide et il faudrait du même coup mettre fin au tarif réglementé de vente (TRV) « bleu », ce qui ne manquerait pas de soulever certaines oppositions politiques (même si certains contrats dits en « offre de marché » sont souvent proposés à des prix plus attractifs que le tarif « bleu »). Beaucoup de ménages pensent qu’ils sont davantage protégés avec des tarifs réglementés qu’avec des prix de marché.
     
  2. Les fournisseurs dits alternatifs revendiquent une augmentation du volume de l’ARENH au-delà de 100 TWh par an, au motif que le nombre de leurs clients s’est accru et que cela leur permettrait d’atténuer la hausse des prix pour le consommateur final. Mais dans un contexte où EDF perd des parts de marché et où la production d’électricité nucléaire tend à baisser et devrait encore diminuer compte tenu des objectifs de la PPE (50% de nucléaire à l’horizon 2035), est-il justifié que l’opérateur historique continue à subventionner ses concurrents, surtout lorsque ces concurrents sont aujourd’hui des compagnies pétrolières et peut-être demain des sociétés du numérique comme les GAFA ?

    Avec une telle logique, plus le nombre d’ « entrants » augmente, plus la part de marché d’EDF baisse, et plus le pourcentage d’ARENH devrait augmenter, bien au-delà du chiffre de 25% (de la production nucléaire d’EDF) initialement prévu. C’est un paradoxe qui ressemble fort à une logique de « spirale de la mort » pour l’opérateur historique.
     
  3. On peut envisager de revoir à la hausse le montant de l’ARENH, au-delà de 42 euros le MWh pour tenir compte de coûts supplémentaires liés au « grand carénage » et aux exigences de sûreté de plus en plus fortes. C’est possible mais le décret qui devait préciser les modalités du calcul de l’ARENH n’est toujours pas publié.

    Certains parlent d’un « corridor de prix » qui évoluerait en fonction des prix de gros observés sur le marché « spot ». Mais la logique originelle de l’ARENH est celle d’un prix de revient assis sur le coût objectif et réel du nucléaire, pas une logique de « prix subventionné » corrélé aux fluctuations des prix de marché.

Pourquoi ne pas sanctuariser le nucléaire dans une structure totalement publique dont le prix serait régulé et fixé par la CRE par exemple ?

  1. On pourrait concevoir de faire de l’ARENH une véritable option et non une « option gratuite » comme c’est le cas aujourd’hui : les fournisseurs d’électricité alternatifs peuvent actuellement bénéficier de l’ARENH s’ils le souhaitent mais sans supporter les engagements à long terme associés au parc nucléaire. « Ne recourir à l’ARENH que lorsque les conditions du marché y sont favorables sans financer le reste du temps les actifs du parc nucléaire pèse sur l’équilibre comptable de l’exploitant nucléaire », notait déjà la Cour des Comptes dans une note publiée le 22 décembre 2017(1).

    Ce caractère asymétrique des engagements n’est pas justifié ; introduire une compensation sous forme d’une prime payée par les bénéficiaires de l’ARENH rétablirait une symétrie des engagements et serait conforme à la logique même d’un mécanisme d’options. Il reste évidemment à définir le niveau de cette prime, qui pourrait peut-être prendre la forme d’une rétrocession d’une partie des gains des alternatifs lorsque le prix de gros est plus faible que l’ARENH ou d’un engagement à acquérir un volume plancher d’ARENH quel que soit le prix du marché.
     
  2. On peut enfin considérer que le nucléaire historique est devenu pour les Français une « essential facility » (infrastructure essentielle), au même titre que les réseaux de transport et de distribution de l’électricité, une sorte de « bien commun » permettant de garantir à tous les consommateurs un socle minimal d’électricité à un prix stable non corrélé aux aléas du marché de gros de l’électricité. Pourquoi ne pas sanctuariser le nucléaire dans une structure totalement publique dont le prix serait régulé et fixé par la CRE par exemple ? Le volume d’ARENH serait ainsi porté à 100% et tous les fournisseurs d’électricité, EDF comme les « entrants », pourraient en acquérir au prorata de leur portefeuille de clients. Il faudrait prévoir des clefs de répartition équitables en cas de demande supérieure à l’offre. Le prix de l’ARENH devrait bien évidemment être fixé à un niveau permettant de couvrir tous les coûts présents et futurs du nucléaire.

    Cela reviendrait à scinder EDF en deux sociétés, l’une totalement publique et régulée, l’autre partiellement publique et davantage intégrée aux mécanismes du marché. On pourrait également intégrer à cette société publique le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) dont le capital, détenu à 50,1% par EDF, sert d’actif dédié au niveau des provisions pour le démantèlement des centrales nucléaires et la gestion des déchets. L’intégration du réseau de transport dans cette société publique nécessiterait toutefois l’accord de la Commission européenne, qui pourrait estimer que cette « réintégration verticale » serait contraire aux directives européennes sur l'« unbundling». D’autres critiques se font jour face à un tel scénario. Pour certains, cette scission d’EDF pourrait constituer une première étape vers une sortie du nucléaire, la société publique étant chargée de gérer des actifs considérés comme « échoués », à l’image de ce qui se passe en Allemagne pour le nucléaire et demain le charbon. Pour d’autres, il y aurait un risque de privatisation croissante des activités non nucléaires et en particulier un risque de voir une OPA inamicale de la part de certains « entrants » dont la capitalisation boursière est bien supérieure à celle d’EDF.

In fine, le vrai choix semble aujourd’hui être entre la solution 1 (suppression de l’ARENH) et la solution 5 (100% d’ARENH) et c’est un choix autant industriel que politique.

Sources / Notes

  1. L'évaluation de la mise en oeuvre de l'accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), Cour des comptes, 22 décembre 2017

Jacques Percebois a été membre des commissions Champsaur I et II sur l'organisation du marché électrique.

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Commentaire

Orfeo
Toutes mes félicitations pour cet excellent article ! Je note non sans une certaine ironie le retour en grâce de la solution 5 qui ressemble à s'y méprendre au système en vigueur auparavant : le TRV élec était adossé aux coûts réels d'un parc largement nucléaire, à la différence près qu'il y aurait désormais une pluralité de fournisseurs au lieu d'un seul - EDF. C'est une solution qui a beaucoup plus de sens que la fiction concurrentielle juridique entretenue par la CRE et le Conseil d'Etat absurde à force de paradoxes : les offres de marché ont exactement la même structure de prix que les TRV à cause d'une bourde (volontaire ?) de la CRE, le TRV ne protège donc pas plus le consommateur qu'une offre de marché de la fluctuations des prix de marché et il n'a donc plus aucune justification juridique. La solution 4 serait la plus élégante et en ligne avec la politique de la concurrence européenne. Reste un problème de taille : aucun acteur du marché ne sera prêt à acheter une option avec un strike correspondant aux coûts futurs du nucléaire très au delà des prix moyens de marché en raison des coûts du grand carénage et des EPR. SOit une euthanasie encore plus rapide pour le nucléaire qui est désormais une techno dépassée et hors de prix.
Julien G.
Je ne sais ce qui vous permet d’affirmer péremptoirement que le nucléaire serait une énergie « dépassée », alors que les énergies intermittentes (solaire, vent) qui fondent les systèmes de production électrique promus par ceux-là mêmes qui sont les plus fervents critiques du nucléaire, étaient déjà utilisés par nos ancêtres il y a plusieurs milliers d’années, et dont les insuffisances expliquent d’ailleurs les raisons pour lesquelles elles ont quasiment disparu avec l'avènement des énergies fossiles, qui sont pilotables et à la densité énergétique infiniment supérieure... Outre qu’il est absolument risible de qualifier le nucléaire d'énergie « hors de prix », puisque à 42€/MWh le coût du nucléaire est un facteur 5 à 10 fois inférieur sur celui d’un système global basé très majoritairement sur des sources intermittentes et auxquelles seraient adjoints nécessairement des moyens de sauvegarde redondants (stockage en Step ou sur batterie), ce dont ne parlent évidemment jamais les ignares (ou les malhonnêtes) en la matière : https://jancovici.com/transition-energetique/renouvelables/100-renouvelable-pour-pas-plus-cher-fastoche/ Comme d’ailleurs le démontre amplement deux contre-exemples comme le Danemark et l’Allemagne, qui après avoir massivement investi dans les énergies intermittentes (et bien qu’elles soient encore loin d'être majoritaires en Allemagne), voient le prix du KWh destiné au consommateur final près du double de celui payé par les Français !
rochain
Il y a plusieurs milliers d'années nos ancêtres fabriquaient déjà de l'électricité ? Ils avaient des panneaux photovoltaïques en ardoise aussi peut-être ? Quant à la densité énergétique peut-être faut(-il revoir votre conception là aussi. Une buche d'un kilogramme de bois fourni va fournir un Kg de combustible tandis qu'il me faudra remuer entre 1 et 2 tonnes de minerai uranifère pour obtenir 500 gr de "yellow cake" tout en polluant soigneusement le terrai avec des acides, Lesquels 500 gr de YC finiront dans une usine de centrifugeation qui produira in fine quelques grammes d'uranium correctement dosé entre le U235 et le U238 …… bref, la densité énergétique à un cycle de vie que vous semblez ignorer. Serge Rochain, Narbonne http://astronomie.narbonne.free.fr/ http://a-p-s.cabanova.com/ http://iste.cabanova.com/ http://climso.fr
rochain
La France n'est pas chargée de régler le problème du réchauffement climatique à elle seule, alors si le nucléaire est une solution pour la France, elle l'est pour tous les pays du monde. Alors demandez à votre gourou Jeancovici ce qui se passerait si l'ensemble des pays du monde choisissaient de se tourner vers le nucléaire à la hauteur de l'engagement de la France. Les guerre pour le pétrole ressembleraient à des à des disputes de courts d'écoles à côté de l'empoignade à laquelle se livreraient toutes les nations pour les rares terrain uranifères clairsemés sur la planète. Dans un autre ordre d'idée, nous avons connus 3 accidents majeurs en 1/2 siècle dans trois pays technologiquement avancés. Par période de 50 ans combien devrait on en compter avec des pays nucléarisés dont l'intellectuel moyen sait tout juste lire et écrire ? Cessez de vous prendre pour le nombril du monde, celui qui a LA solution. Le nucléaire n'est pas la solution souple dont vous vous gargarisez, il n'est pas aussi pilotable que ce que vous croyez, et pour cela, il y a déjà 50 ans que le stockage massif de l'énergie a été inventé par …...EDF, pour stocker les surplus de production nocturne des centrales qui produisent nominalement autant la nuit que le jour et qui a changé notre façon de vivre pour nous accommoder aux exigences des centrales, en chauffant le nuit de l'eau sanitaire dont vous n'avez besoin que le jour, investir dans des radiateurs à accumulation pour la même raison, éclairer les mouches des villes et des campagnes la nuit au prétexte de sécurité, modifier des régimes industriels toujours pour écouler les production surabondantes de nuit….. C'est le jour que l'on a le plus besoin d'énergie, lorsque l'activité économique est au plus haut et que le Soleil brille. La soi-disant pointe du soir lorsque les gens rentrent chez eux et allument le chauffage qui est en veilleuse toute la journée (là aussi pour plaire aux centrales nucléaires qui manquent de ressource pour répondre au besoin de l'industrie active) n'existerait pas si la maison était chauffée toute la journée….. En fait de nuit nous n'avons besoin que de très peu d'énergie en général, et en particulier électrique : le réfrigérateur et le congélateur, mais EDF vous a inventé des dizaines de besoins depuis 50 ans, car c'est EDF qui a besoin que vous consommiez. Le besoin de stockage avec les productions diurnes est bien inférieur au besoin de stockage actuel des productions nocturnes. Vous êtes aveuglés par de faux problèmes inventés de toute s pièces pour justifier le nucléaire. Serge Rochain, Narbonne http://astronomie.narbonne.free.fr/ http://a-p-s.cabanova.com/ http://iste.cabanova.com/ http://climso.fr
Julien G.
Cher monsieur, vous prêter un raisonnement manichéen à vos contradicteurs qui n'est purement que le vôtre. Personne n'a soutenu ici à part vous qu'il était souhaitable de généraliser le nucléaire au monde entier. Et pour les raisons d'ailleurs que vous donnez : les ressources ne seraient pas suffisantes (seulement vrai avec la génération actuelle de réacteurs) ; bien des pays ne sont pas en mesure d'assumer cette solution technico-industrielle ; elle comporterait un risque de prolifération etc... Néanmoins, ce serait un sophisme de dire que, parce qu'elle n'est pas généralisable, elle ne serait viable par exemple pour un pays comme la France ! Non seulement c'est faux factuellement, puisque le nucléaire assure sans difficulté ou incident majeurs depuis trente ans les 3/4 de notre production (alors qu'aucun pays au monde n'assure les 3/4 de sa production à partir des seuls intermittents, il n'est donc pas démontré que ce soit faisable en pratique), mais au contraire dirai-je : le fait que cette solution ne soit pas généralisable (ou qu'il n'est pas souhaitable qu'elle le soit, ce qui revient au même) permet précisément de réserver les ressources aux seuls pays en maitrisant la technologie, et qui souhaitent par ailleurs la conserver dans une optique de production d'électricité bas carbone. Le non-dit absolu dans le débat actuel sur la transition, dont la production d'électricité n'en recouvre qu'une fraction qui est même largement minoritaire puisque l'essentiel de nos émissions, en France tout particulièrement mais qui est vrai dans tous les pays développés du monde, est dû à notre consommation de ressources hydrocarbures ; le non-dit donc est que, du point de la production d'électricité (énergie d'avenir s'il en est), la France a d'ors et déjà réussi sa transition, étant le pays où l'émission de CO2 par KWh produit est l'un des plus bas au monde, et infiniment moins que la plupart de ses concurrents et compétiteurs de même échelle. Rappelons aux illustres ignares en la matière que , malgré les centaines de millards injectés dans les renouvelables intermittents ces quinze dernières années (25% de son mix), malgré les colonnes et les gros titres dans la presse maintream, malgré les louanges des idolâtres verts et autres ayatollahs de la cause éponyme, l'Allemagne continue de rejeter 7X PLUS de CO2 par KWh produit que la France, et pour un coût de ce dernier double pour le consommateur final ! Que faites-vous de cette réalité incontournable ? Quant à votre délire sur EDF, ce serait risible si ce que vous énoncez-là n'était pas constatable partout sur la planète, parmi tous les pays développés !
rochain
Cher Monsieur, Où donc avez-vous lu que je souhaitais généraliser le nucléaire sur l’ensemble de la planète ? Vous me donnez l’occasion d’avoir quelques doutes sur vos facultés de compréhension, et je vais m’empresser de dissiper votre confusion. Ce que je vous dis est très simple : Si le nucléaire était une solution pour la France, il le serait pour l’ensemble de la planète, ce qui n’est pas possible et vous en convenez. Réciproquement, si le nucléaire n’est pas une solution pour le reste de la planète, il ne peut pas l’être pour la France, sauf à considérer que nous sommes un pays devant jouir de privilèges particuliers vis-à-vis des autres pays et surtout vis-à-vis de la nature et des largesses qu’elle peut avoir à l’égard de chacun de nous. Cela serait certainement d’une grande prétention et d’une extrême vanité, vous en conviendrez. Quant à justifier le nucléaire par le fait qu’il assure depuis 30 ans les ¾ de notre production d’électricité et invalider les intermittents (je préfère utiliser le terme de producteurs variables qui donne une bien meilleur idée de ce dont il s’agit, le terme d’intermittent induisant l’idée de tout ou rien par moments, particulièrement manichéen) par le fait qu’aucun pays n’assure sa production au 3/4 avec ces sources d’énergie, repose sur un simple non-sens que vous comprendrez facilement et que je vais vous expliquer avec des mots simples. Il y a un peu plus de 30 ans, tous les pays, y compris la France, assuraient plus des ¾ de leur production à partir d’énergies fossiles, le nucléaire ne représentant qu’une fraction bien inférieure (ce qui est toujours le cas sachant qu’à l’échelle mondiale il peine à hauteur de 10%), selon vos critères de classement, il n’était donc pas une solution possible pour l’avenir, comme vous apparaissent aujourd’hui les «intermittents». Sur le constat de ce qui s’est passé ensuite, il est donc évident aujourd’hui que ce qui est une faible proportion en devienne une importante dans l’avenir. Puisque vous me parlez de sophisme, je constate donc que vous les enchainez avec une certaine élégance. Mais pour éviter tous malentendus et être encore plus claire à propos de votre argument des « ¾ » cela revient à dire que tout ce qui n’a pas atteint une proportion égale à une certaine valeur correspondante à quelque chose que cette nouveauté est supposée remplacer ne le remplacera pas. Et au plus court encore, ce qui n’existe pas encore ne remplacera pas ce qui existe déjà ! Bien que plus habillée, votre assertion ne vaut donc pas plus que cette dernière affirmation dans toute sa simplicité. Mais en supposant que nous ayons, de droit divin, le privilège de lutter contre le changement climatique par le nucléaire, celui-ci n’étant pas généralisable, il faudra bien que les autres résolvent le problème d’une autre façon, et lorsqu’ils auront atteint cet objectif par des moyens propres et sans danger, nous serons alors les marginaux de la planète qui continueront à la polluer en faisant courir le risque nucléaire à nos plus proches voisins qui seront alors en droit de nous demander des comptes. Quant à prétendre que la France a déjà réussi sa transition au motif que l’exploitation de la ressource nucléaire ne produit pratiquement pas de CO2, ce qui est loin d’être le cas de son extraction et sa transformation, c’est aller vite en besogne. S’agissant de se garder des dangers de l’évolution climatique on se jette dans les bras des dangers du nucléaires comme l’expérience nous l’a déjà plusieurs fois démontré, sans négliger non plus le danger qui est en cela une certitude, de laisser une planète couverte des restes de cette exploitation de la ressource. Par ailleurs, sans en avoir les inconvénients, d’autres pays s’en sortent mieux sur le rapport CO2/KWh en se passant du nucléaire, et ils seront de plus en plus nombreux, car rien ne limite la ressource solaire directe ou indirecte, contrairement au pillage de la planète et de ses ressources naturelles. Donc indépendamment de ces côtés purement techniques et épuisables, au niveau des principes moraux, nous privons nos descendants des ressources qu’ils pourraient utiliser peut être plus intelligemment que d’en faire de l’énergie alors qu’en puisant dans les ressources d’origine solaire nous laissons le capital de la Terre dans l’état où nous l’avons trouvé. Les imaginaires centaines de milliards d’euros supposés avoir été injectés dans les productions variables des sources d’énergies nouvelles ne sont pour l’instant qu’une goutte d’eau, comparés aux milliers de milliards de francs engloutis précédemment dans la construction des sources anciennes, d’abords les grands ouvrages comme Génissiat ou Donzère Mondragon, puis les centrales atomiques et les lignes à très hautes tensions, autant d’investissements colossaux qui devraient être miraculeusement gratuits aujourd’hui pour les nouvelles sources d’énergie à production variable mais ultra propres sous tous les aspects. Quant à qualifier les progressistes des ENR d’ayatollahs verts, je préfère définir ce que peut être un ayatollah avant d’affubler qui que ce soit de ce qualificatif. Pour moi, mais je peux me tromper, c’est l’application d’un concept religieux puisqu’on le trouve surtout dans ce domaine et qui se résume à peu près à ceci : Nous avons la vérité aujourd’hui et tout ce qui viendra après ne peut être que pernicieux, inutile, ou néfaste. En cela sans doute y avait-il des ayatollahs du charbon qui ont vu apparaître l’énergie nucléaire comme pernicieux, inutile, et néfaste. Mais il est clair qu’aujourd’hui nous avons des ayatollahs du nucléaire qui n’admettent pas qu’il puisse apparaître des moyens de remplacement à ce qu’ils considèrent comme étant le nec plus ultra au sommet de ce qui peut être fait dans le domaine. En revanche, et selon cette conception de ce qu’est un ayatollah, comment ces progressiste de l’énergie pourraient-ils partir en guerre pour défendre ce qui n’a encore conquis qu’une faible part du domaine convoité et qu’aucun de ses éventuels successeurs ne se soit encore fait connaître ? Peut-être qu’un certain nombre de ceux qui militent aujourd’hui pour ces sources d’énergie propre et inoffensifs deviendront des ayatollahs face à des sources d’énergie concurrentes à venir et présentant les mêmes avantage, augmentés d’autres qu’ils ne voudront pas admettre comme aujourd’hui l’absence de danger des ENR ne parait pas être un avantages déterminant à vos yeux. Concernant l’Allemagne qui rejetterait 7 fois plus de CO2 par KWh que la France, je ne me permettrais pas de juger du bienfondé de son choix de commencer par éliminer le risque nucléaire avant le risque climatique, puisque de toutes les façons le programme allemand est l’élimination des deux risques. Ils ont choisi de commencer par le nucléaire et c’est un choix qui ne regarde que les allemands dans une affaire de priorité. En revanche, le projet français ne prévoit pas, à ma connaissance, d’éliminer le risque nucléaire, et nous verrons bien au terme de la course, lorsque l’Allemagne n’aura plus ni nucléaire ni charbon, où nous en serons nous-même, mais je ne me vois pas de raisons de me réjouir à l’avance. Quant à mes délires EDF comme vous dites, je ne dois pas être le seul à m’être rendu compte que je n’avais aucune raison de chauffer mon eau sanitaire de nuit, ne m’étant jamais levé à deux heure du matin pour prendre une douche, si ce n’est d’utiliser pour cela une source électrique vendu à moindre prix, faute pour le réacteur nucléaire d’avoir une clientèle capable d’en justifier l’usage à ces heures nocturnes. En effet, l’activité économique qui est une grosse consommatrice d’énergie électrique est en sommeil dans cette phase du cycle diurne. Et j’ai sans doute aussi déliré lorsqu’au début des années 60, travaillant alors dans une entreprise faisant de la vulcanisation sous presses de 100 tonnes, l’EDF est venu nous faire d’alléchantes propositions de fournitures d’énergie si nous acceptions de modifier notre façon de travailler en échange d’un tarif exceptionnellement bas de la fourniture d’énergie électrique…. de nuit. Et c’est là que notre façon de travailler a été fortement impactée. Nous disposions d’une centrale électrique de puissance animée par un barrage sur un bras du fleuve Aude qui traversait le terrain sur lequel l’usine était construite, car les centrales vapeurs qui animaient les presses étaient de grosses consommatrices d’énergie électrique qui démarraient une heure avant l’ouverture de l’usine le matin et chauffaient ensuite toute la journée durant l’activité de l’entreprise. Au prix d’un investissement qui devait être rentabilisé sous 8 ans nous avons doublé la capacité des centrales vapeurs et accru les isolations des ballons qui ne chauffaient plus que la nuit, et licencié deux personnes sur les trois qui géraient la centrale électrique pour bénéficier de cette électricité très bon marché. Et je ne doute pas que dans bien d’autres activités où le besoin d’énergie est en journée, le nucléaire a changé bien des modes de travail qui ont dû s’adapter à ces exigences, qui selon vous, ne sont que les produits de mon délire que vous trouvez risible. Je vous souhaite une bonne journée, malgré les nombreux aspects du monde qui vous échappent et sur lesquels vous avez cependant des opinions bien arrêtées. Serge Rochain, Narbonne http://astronomie.narbonne.free.fr/ http://a-p-s.cabanova.com/ http://iste.cabanova.com/ http://climso.fr
Julien G.
"Si le nucléaire était une solution pour la France, il le serait pour l’ensemble de la planète" - Votre raisonnement est fallacieux. Diriez-vous par exemple que, sous prétexte que le Costa Rica produit les 3/4 de son électricité grâce à l'hydraulique, ce dernier serait une solution pour l'ensemble de la planète ? Ce syllogisme assez simple vous était pourtant accessible. Comme il est simple d'accéder à l'idée que chacun des pays, face aux défis communs auxquels nous faisons face, doit se battre avec les armes dont il dispose. Tout est à l'avenant dans le reste de votre intervention, puisque découlant sinon de ce présupposé erroné, du moins de votre difficulté initiale de raisonnement. Autre exemple, vous comparez des énergies pilotables (nucléaire) avec celles qui n'en sont pas (intermittents). Autant comparer des choux et des carottes. Lorsque je dis qu'il est démontré que le nucléaire peut servir d'énergie de base et en quantité très majoritaire pour un système de production d'électricité, c'est une constatation factuelle (exemple de la France). Lorsque je dis qu'il n'est pas démontré (ce qui ne veut pas dire que c'est impossible, mais à quel coût) que des intermittents pourraient assurer ce service, en tant que source majoritaire de production d'électricité, c'est une constatation non moins factuelle et déjà parce que vous n'aurez pas d'exemple à donner. Aussi peut-on palabrer des heures, mais il vous sera difficile de vous opposez aux faits. Vous parlez de risque nucléaire, alors rappelons encore une fois des faits je vous prie : le nucléaire, en tant que source de production d'électricité de masse, est l'énergie la moins mortelle par KWH produit. https://ourworldindata.org/grapher/death-rates-from-energy-production-per-twh Aussi concernant les centrales au charbon, 40X de l'électricité mondiale ET allemande dont vous vantez semble-t-il la politique (pourquoi ne suis-je pas étonné), celles-ci sont 5 à 10X plus, selon que la centrale est récente ou non, émettrices de pollution nucléaire (!) que les centrales du même nom (UNSCEAR, rapport 2016, tableau p.222) : http://www.unscear.org/docs/publications/2016/UNSCEAR_2016_Report.pdf Sur l'émission du CO2 du nucléaire, il est de 6gr EquCO2/KWh selon l'ADEME, qui n'est pas un repère de pro-nucléaires loin s'en faut. Ce chiffre, inférieur à celui des énergies intermittentes (8X inférieur à celui du solaire photovoltaïque), correspond à l’analyse du cycle de vie (ACV) prenant en compte, comme son nom l’indique, l’ensemble du cycle : de l’extraction du combustible jusqu’au stockage des déchets, en passant par la construction des centrales, la durée d'exploitation, le recyclage éventuel etc… Il n’y a donc pas d'émissions « cachées » comme ses opposants font mine de le croire. Quant à qualifier toute source d'énergie de "propre", de "verte" ou même de "renouvelable", sans comprendre qu'une source d'énergie visant à produire de l'électricité est indissociable du système bâti autour chargé d'extraire cette énergie de l'environnement, système sans lequel (j'insiste) aucune source d'énergie n'est rendue utilisable par l'homme, ce vocabulaire trompeur et mensonger témoigne de votre incompréhension du sujet. Pour quiconque connait les ressorts de la transition, celle-ci sera 1/ tout sauf propre, verte ou rose et 2/ non viable à terme au même titre que pour les fossiles : http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/comes_-_note_de_position_-_metaux_de_la_transition_energetique.pdf http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-14-377_en.htm https://www.linfodurable.fr/environnement/la-guerre-des-metaux-rares-ou-les-non-dits-de-la-transition-energetique-10587 https://www.contrepoints.org/2013/11/05/145159-eoliennes-terres-rares-et-desastre-environnemental-une-verite-qui-derange
rochain
Je n'ai pas l'intention d'insister dans un dialogue de sourd avec un ayatollah dont je vous ai défini la caractéristique unique et qui passe son temps a asséner des URL de sites d'opinions comme celui qui nous parle de cobalt comme métal rare bien que situé à la 33 em place par son abondance dans la lithosphère. Et un autre, qui lui, parle même de terres rares qui n'ont rien de rare et ne doivent leur appellation qu'au fait qu'ils ont été tardivement isolés car difficiles à dissociés dans des amalgames dont on a longtemps pensé qu'ils était des corps simples. Je sais aujourd'hui que je ne vous convaincrai pas car vous n'êtes pas venu pour apprendre quelque chose mais rabâcher les litanies de votre bréviaire religieux qui vous garantie qu'il n'y a rien qui vaille au-delà de la fission nucléaire. Je n'en veux pour preuve que vous ignorez délibérément la réalité de la finitude de votre solution de par la nature même de votre matériel de base qui n'est qu'un héritage de la création de la planète, pire donc que les fossiles qui avec un nombre de millions d'années suffisante pourraient au moins reconstituer leur stock. Comme vous ignorez le dilemme qui résulterait de notre situation particulière face aux nations qui auraient de toutes les façons dues résoudre le problème climatique d'une autre façon que nous qui passerons alors pour de potentiels criminels. Vous préférez vous réfugier derrière des sites d'opinion qui confortent votre conviction comme le nombre de morts dus au nucléaire contre le nombre de mort du charbon, charbon dont je n'ai jamais soutenu qu'il puise être une solution. Mais vous ne me parlez pas du nombre de morts du au solaire et à ses sources d'énergie dérivée…. manqueriez vous de statistique ou n'y en aurait-il aucun ? Adieu Monsieur, Serge Rochain
Hervé
Concernant l'option 4, si vous voulez aller au bout des choses et pour être cohérent avec la contrainte technique, la prime se traduirait par une forme d'abonnement correspondant à une puissance dispo (location de capacité de production) et un cout du Mwh presque null.
Julien G.
Il y a aurait bien une sixième possibilité non évoquée ici, dont la probabilité d’advenir n’est pas nulle et qui croit même avec le temps à mesure des dégradations objectives générées sur la population par les contradictions d’un modèle qui n’a pas pour but le bien commun ; possibilité et solution qui consisteraient à envoyer se faire voir la Commission de Bruxelles, leurs affidés et leur dogme intangible d’une prétendue concurrence « libre et non faussée », pour conserver dans le giron de l’Etat un monopole de service public qui ma foi n’avait jusqu’à présent pas démérité, puisqu’ayant permis de bâtir l’un des (sinon LE) systèmes de production électrique les plus efficients, puisqu’a la fois les plus décarbonnés au monde parmi les grands pays développés, et dans une enveloppe budgétaire raisonnable et maîtrisée dans la mesure où les Français payent encore, malgré la hausse continue et exponentielle des subventions aux énergies intermittentes, leur KWh moins cher que la moyenne des pays européens ! Quel avantage dites-nous de bouleverser ce modèle ?! En toute logique c’est (c'était...) à ses contempteurs de démontrer la bénéficite qu’il y avait à le faire. Or précisément ils ne démontrent rien, sinon l’inverse de ce qu’ils cherchent à mettre en évidence : c’est une catastrophe socio-économique d’abord, sans qu’on puisse en attendre en France le moindre gain concernant nos émissions de GES. C’est la définition même d’une gabegie innommable.
Hervé
Bonjour, Je suis d'accord avec vous si ce n'est que je ne suis pas certain que le cout total des subventions aux ENR soit aujourd’hui intégré dans le prix du KWH. J'avais entendu parler d'une grosse ardoise assumée par EDF, je ne sais pas ce que c'est devenu mais je ne pense pas que ça se soit résorbé.
rochain
Les légendes qui circulent, ce n'est pas a qui manque. Les grosses ardoises qui n'en soient pas c'est l'EPR Serge Rochain, Narbonne http://astronomie.narbonne.free.fr/ http://a-p-s.cabanova.com/ http://iste.cabanova.com/ http://climso.fr
rochain
L'ARENH est une hérésie depuis le début dont on profiter des gens qui n'ont pas la moindre intention d'investir dans la production électrique mais seulement de diversifier leurs activités. Peut être que l'octroie d'une cession quantitative de watts nucléaires à égalité avec ce que le candidat produit lui-même aurait été plus judicieux car on aurait trouvé que des investisseurs réellement intéressés et éliminé les opportunistes. De plus cela aurait été très incitatif pour qu'ils investissent massivement afin de profiter d'une part égale en production nucléaire. Serge Rochain, Narbonne http://astronomie.narbonne.free.fr/ http://a-p-s.cabanova.com/ http://iste.cabanova.com/ http://climso.fr
Olivier DE BOISSEZON
Je trouve que M. PERCEBOIS est assez facile, à discourir sur comment dépecer la bête ... Cet article ressemble bien à un discours de Boucher qui explique comment il va découper ce bel animal pour en faire des petits morceaux croustillants à vendre. Heureusement, il laisse apparaitre la solution 1, preuve s'il en est que cette très mauvaise idée d'ARENH est contre productive depuis le début. Cette mauvaise idée capitaliste à fait monter les prix, y inclus ceux d'EDF (*), et a profité à des gros Industriels qui n'ont pas investi un Kopeck (alors qu'il suffisait de se servir). Dans cette communication, je ne lis pas de propos sur les contrôles de la CRE sur les prix effectifs de vente et tout ce que nous a annoncé M. CARENCO sur le vérifications de marges. Pourquoi pas d'analyse de cela M. PERCEBOIS ? Mais je crois que c'est tard pour une telle entreprise EDF, épuisée et confrontée à un problème technique important. Je pense que cette "re-nationalisation" n'est qu'un artifice de masquage de la responsabilité de l'Etat français pour les errements durant cette dizaine d'années. (*) : dans les années 80, EDF avait un Contrat de Plan stratégique avec l'Etat faisant baisser les prix de l'énergie de 4% par an en Francs Constants. Cela a duré 12 ans. Mais M. CARENCO était ailleurs... et ne savait pas que c'est possible.

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