À ceux qui brandissent l’arrêt de Fessenheim comme un titre de gloire…

Centrale nucléaire de Fessenheim

Joël Bultel a été Directeur de la centrale nucléaire de Flamanville de juillet 1992 à juin 1995.

Des ministres et parlementaires ont signé une tribune intitulée « La fermeture de la centrale de Fessenheim marque une étape historique », publiée le 21 février 2020 dans Le Monde(1). Joël Bultel, ancien directeur de la centrale nucléaire de Flamanville, leur répond ci-après dans une lettre ouverte au nom du « Collectif d’ingénieurs ambitieux pour le climat »(2).

Vous avez cru bon de brandir cet arrêt comme un titre de gloire. C’est pourtant un mauvais coup pour le climat, pour la sécurité d’alimentation en électricité du pays et pour les factures des consommateurs. Vous écrivez :

« Parce que nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050 »

Affirmation immédiatement démentie par les faits : la production de la centrale de Fessenheim n’émet pas de CO2. Elle va devoir être remplacée en petite partie par de l’électricité renouvelable éolienne et solaire intermittente et en grande partie par de l’électricité carbonée, car l’électricité intermittente est majoritairement absente dans une année.

« Vers un nouveau modèle écologique »

Quel est-il ? L’illusoire modèle allemand porté aux nues alors que son système électrique émet près de 10 fois plus de CO2 que le système français(3) ? Avec des consommateurs particuliers qui paient leur électricité environ 75% plus cher que leurs homologues français(4) ? C’est un anti-modèle absolu et ruineux à plus de 500 milliards d’euros.

« Parce qu’on ne peut dépendre à l’excès d’une seule technologie »

L’argument vaudrait si une autre technologie décarbonée apportait les mêmes services et avantages. Ce n’est pas le cas : on veut ici remplacer une technologie qui produit quand on en a besoin, par d’autres qui produisent de façon intermittente au gré des conditions météorologiques. Résultat : la sécurité ne sera pas améliorée mais dégradée.

« Parce qu’avec une mise en service en 1977, les réacteurs de Fessenheim sont les plus anciens encore en activité et parce que le positionnement de la centrale en zone inondable et sismique conduit encore davantage à vouloir limiter les risques »

De quel droit jugez-vous les risques sismiques et d’inondation ? Vous n’en avez pas les compétences. Et vous vous permettez de contredire l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité indépendante qui assure cette responsabilité au nom de l’État depuis la loi TSN de 2006(5) et dont ni les compétences, ni la grande rigueur ne souffrent le moindre doute. Or, elle a toujours considéré que la centrale de Fessenheim était sûre, sinon elle l’aurait arrêtée, elle en a le pouvoir absolu de par la loi.

« La mise à l’arrêt de la centrale de Fessenheim incarne l’écologie de responsabilité que nous portons » et « Tenir nos promesses »

Où est « l’écologie de responsabilité », expression vide de sens quand elle est l’exact contraire de l’écologie, la scientifique et non la médiatisée ? Et où est la « responsabilité » dans la « tenue d’une promesse » qui se révèle néfaste pour le climat ? L’honneur d’un Président de la République, face à l’urgence climatique qu’il claironne dans les grandes assemblées internationales, eut été d’avoir le courage de revenir sur cet absurde engagement de campagne.

Enfin, votre communiqué oublie très opportunément un sujet gênant… l’indemnisation de l’exploitant de Fessenheim.

La France étant un État de droit, la fermeture d’une installation en parfait état de marche pour des raisons purement politiques, donne lieu à indemnisation comme le Conseil constitutionnel l’a clairement confirmé. Or, cette indemnisation va coûter très cher au contribuable : près d’un demi-milliard d’euros à brève échéance et plusieurs milliards cumulés (entre 4 et 7 pour un prix moyen de marché de l’électricité compris entre 40 et 50 €/MWh) pendant les 20 ans à venir pour compenser le préjudice.

Mais personne n’a expliqué aux Français qu’on arrêtait une installation en parfait état de marche qui leur appartient à 84% et aurait pu continuer à produire 20 ans de plus une électricité très bon marché. Et on va maintenant leur demander de mettre la main à la poche pour payer... cet arrêt. On atteint là un summum de gabegie irresponsable dont la Cour des comptes vient à juste titre de s’émouvoir(6). Tout cela pour raison... « d’achat de votes » sur fonds publics ! Un tel acte réalisé sur fonds privés aurait conduit son auteur devant la justice.

Se glorifier de l’arrêt de la centrale de Fessenheim comme vous le faites d’un tableau de chasse est donc non seulement infiniment choquant car fondamentalement contraire à l’intérêt supérieur du climat et du pays, mais c’est prendre les Français pour des imbéciles. Le bien commun est ignoré et sacrifié.

 

Outre Joël Bultel, figurent entre autres parmi les signataires de cette lettre ouverte :

  • Pierre Carlier, ancien directeur du Parc nucléaire français ;
  • Alain Desgranges, ancien directeur de la centrale du Blayais 3/4 ;
  • Jean Fluchère, ancien directeur de la centrale du Bugey ;
  • Claude Jeandron, ancien directeur de l’environnement d’EDF ;
  • Alain Marcadé, ancien directeur technique de la centrale de St-Alban ;
  • Dominique Point, ancien directeur de l’Inspection Nucléaire ;
  • Georges Sapy, ancien responsable de projets nucléaires à l’export en Asie ;
  • Annick Waller, ancienne responsable de la communication de Fessenheim.

Sources / Notes

  1. « La fermeture de la centrale de Fessenheim marque une étape historique », Le Monde, 21 février 2020.
  2. Le « Collectif d’ingénieurs ambitieux pour le climat » rassemble plus de 500 ingénieurs et cadres ayant travaillé une bonne partie de leur carrière dans le secteur de l’énergie. Ils sont engagés dans la lutte contre les changements climatiques et font la promotion des énergies décarbonées pilotables comme l’hydraulique et le nucléaire.
  3. Greenhouse gas emissions by economic activity, 2018, Eurostat.
  4. Electricity prices, first semester of 2017-2019, Eurostat.
  5. Loi n° 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire.
  6. L’arrêt et le démantèlement des installations nucléaires, rapport de la Cour des comptes, février 2020.

Les autres articles de Joël Bultel, au nom du « Collectif d’anciens responsables du parc nucléaire français »

Commentaire

Hervé
Bonjour et merci pour cette mise au point. Il faut cependant reconnaitre que la localisation de cette centrale aurait compliqué les relations avec nos voisins, notamment en cas d'accident, même modéré, sur cette installation. C'est d'ailleurs le drame pour la commune de Fessenheim car il n'y a aucun espoir qu'elle soit remplacée par une autre centrale . Par ailleurs il me semble que la centrale appartient en partie aux allemands. J’espère que étant les principaux demandeurs de cette fermeture, ils auront l’élégance de renoncer à toute indemnisation... Qu'en est il ?
Pr Thierry de …
Il est regrettable que d'anciens directeurs de centrales nucléaires relaient des arguments aussi pauvres et biaisés pour défendre un statut quo nucléaire qui, en réalité, fragilise autant notre pays que l'entreprise EDF elle-même. En défendant un conservatisme irresponsable, ils ne servent en fait ni l'un ni l'autre, et entravent la préparation de l'avenir. Ils continuent de penser dans l’idéologie étatique et centralisée du gaullisme et du stalinisme du 20ème siècle, et considèrent toujours qu'EDF doit continuer de faire la politique énergétique de la France, comme si rien n'avait changé depuis 1973. Ils continuent de parer l'énergie nucléaire de tous les atours (énergie prétendument économique, écologique, voire illimitée, sans risques, sans problèmes techniques, sans vieillissement, sans pollutions) en contradiction totale avec toutes les réalités. In fine, ils refusent de préparer l'avenir, soi-disant au nom du climat – ce qui est très discutable comme nous le verrons plus loin – et préfèrent enfermer la France dans une situation de dépendance dogmatique aux pays producteurs d'uranium, comme elle le fut aux producteurs de pétrole et aujourd'hui de gaz. Car les arguments idéologiques qu'ils invoquent sont totalement ou partiellement contestables et se heurtent aux réalités tant économiques que scientifiques. Reprenons simplement un par un chacun des points : 1) il est malhonnête et contraire aux faits de prétendre que les centrales nucléaires n’émettent pas de gaz à effet de serre. En réalité, le fonctionnement d’une centrale nucléaire repose sur toute la chaîne industrielle émettrice de gaz à effet de serre qui part des mines d'uranium, fortement émettrices en CO2 (d'autant plus que le minerai s'appauvrit progressivement) et passe par la concentration et purification de l'oxyde d'uranium, sa fluoration, son enrichissement (également très consommateur d'énergie, même si l'ultracentrifugation l'est beaucoup moins que la diffusion gazeuse), la fabrication des pastilles d'oxyde d'uranium et des gaines de combustibles, à la construction des réacteurs nucléaires et des usines de l’ensemble de la chaîne, jusqu’au démantèlement des réacteurs qui produit l’équivalent des gaz à effet de serre produits pendant la construction, au retraitement (en France) ou au stockage des combustibles irradiés, au stockage des déchets nucléaires pendant des décennies, voire des siècles en surface (déchets FA-TFA-VL) et en subsurface ou en couches géologiques profondes (projet Cigéo). Les études scientifiques internationales les plus complètes et les plus solides sur le plan méthodologique de l’analyse du cycles de vie nucléaire conduisent à la valeur médiane de 32 gCO2équivalent/kWh, nettement au-dessus de l’éolien (4 à 11 gCO2éq/kWh actuellement) et du photovoltaïque (17 gCO2éq pour les PV silicium les plus performants aujourd’hui) ; 2) Il est faux de dire que l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim entraînerait une augmentation de production d’électricité carbonée pour plusieurs raisons : - il y a déjà surproduction électrique en France, et elle augmenterait si on ne fermait pas progressivement de manière planifiée les vieux réacteurs car les investissements dans la sobriété énergétique (isolation thermique des bâtiments, économies d’éclairage public et commercial, suppression des publicités lumineuses) et dans l’efficacité énergétique (éclairage led, amélioration des rendements et des efficacités des appareils électriques et électroniques, suppression du chauffage électrique au profit des pompes à chaleur, du chauffage solaire et des réseaux de chaleur renouvelable) génèrent déjà une baisse de consommation qui va fortement s’accentuer ; cette surproduction représente un coût pour la France et génère des risques pour les réacteurs nucléaires, obligés constamment de varier leur production en suivi de charge alors qu’une majorité d’entre eux sont fragilisés par le vieillissement des aciers de cuves et de circuit primaire et ne peuvent plus opérer qu’en suivi de charge réduit au strict minimum, avec de l’eau de refroidissement préchauffée pour prévenir le risque de rupture par choc froid sous pression ; - l’hydroélectricité de barrages (STEP de pompage-turbinage) permet déjà d’assurer une partie de la régulation de production et de demande - le stockage électrique à l’échelle de l’heure et de la journée des consommations électriques utiles (hors chauffage électrique donc, qui est une aberration physique, énergétique et économique sera largement suffisant pour assurer le reste de la variabilité avec le déploiement massif des batteries des véhicules électriques rechargeables (50 à 200 GWh) dans les 10 ans à venir, l’installation généralisée de postes de charge-décharge rapide efficaces à batteries électriques de puissance sodium-ion et sodium-métal, batteries flow-redox, etc. déjà compétitives économiquement et qui sont déjà en cours de fabrication en Europe (Suède et bientôt France, Allemagne, etc.) ; - l’installation des compteurs intelligents (plus intelligents, plus fiables, plus pratiques, plus pédagogiques que le Linky, et sans danger) pour l’électricité, le gaz, la chaleur, le froid et l’eau permettra de gérer très facilement la variabilité ; - le déploiement massif indispensable et souhaitable de l’éolien et du photovoltaïque, en plus du solaire thermique, de la cogénération biomasse-biogaz, avec le développement et le couplage local des réseaux de chaleur, de froid, d’électricité et de gaz sont des vecteurs puissants d’économie, d’efficacité et de stabilité des réseaux (cf. Danemark) ; - le recours à des centrales à gaz en appoint (backup) pour compenser la variabilité de la production éolienne et photovoltaïque est aujourd’hui rendu inutile, précisément grâce aux techniques détaillées ci-dessus qui allient stockage électrique (batteries, STEP), couplage des réseaux, cogénération, sobriété et efficacité ; 3) le prix réel du MWh nucléaire français bien plus élevé que le prix administré payé par les abonnés EDF, comme le montrent les études non orientées (rapport de la Cour des Comptes par exemple), car l’industrie nucléaire est financée par l’Etat depuis le début, et EDF a bénéficié à plusieurs reprises d’effacements de dettes (sous Giscard) et de recapitalisation, mais aussi de subventions déguisées (dépenses d’investissement prises sur le budget de l’Etat), ce qui fausse toute comparaison avec les autres pays ; 4) prétendre que le nucléaire est disponible à 100% à tout moment est ridicule, au vu des incidents croissants dus au vieillissement des centrales nucléaires entraînant des arrêts intempestifs de plus en plus fréquents ; des arrêts prolongés forcés pour raison de sûreté (défauts de fabrication sur les générateurs de vapeur, défauts de sûreté des digues de protection ou d’amenée d’eau, etc.) et des risques de plus en plus élevés de mises à l’arrêt pour prévenir les risques d’accidents et les défauts génériques ; 5) le maintien forcé de vieux réacteurs en fonctionnement et leur prolongation au-delà de 40 ans de service pose de sérieux problèmes de sûreté (risques d’accidents majeurs par rupture de cuves par choc froid sous pression), au vu des résultats des travaux de recherche les plus récents sur le vieillissement thermique des aciers sous irradiation qui montrent une accélération de la fragilisation des aciers (en particulier des cuves nucléaires) au-delà d’une fluence neutronique équivalent à 40 ans de service pour les cuves 900 MW. En outre, il est indispensable que la part nucléaire de la production électrique en France (aujourd’hui de 71%) baisse progressivement pour permettre la mise en place des systèmes énergétiques intelligents modernes basés sur les énergies renouvelables (déjà plus économiques et écologiques que le nucléaire pour la production électrique, naturellement décentralisées et adaptées aux régulations des réseaux intelligents) ; 6) il faut préparer la mise à la retraite des vieux réacteurs et donc anticiper le déploiement de ces réseaux énergétiques couplés renouvelables, développer l’industrie française de l’éolien, du photovoltaïque, de la géothermie, des cogénérateurs, des réseaux intelligents, plutôt que de maintenir artificiellement en survie des vieux réacteurs fragilisés. Croire que les EPR, beaucoup plus chers et encore non fiables, pourront assurer la production électrique et l’avenir du nucléaire est non seulement une illusion, un leurre idéologique, mais aussi une aventure coûteuse et néfaste pour la France comme pour EDF qu’il va falloir se résoudre à scinder en une société de défaisance centrée sur la fin progressive du nucléaire et son démantèlement, et une autre société totalement indépendante (si possible un EPIC) axée sur le développement des EnR électriques et les services ; 7) bloquer le développement des énergies renouvelables pour maintenir coûte que coûte le nucléaire serait une erreur irréparable sur le plan économique, écologique et énergétique ; cela empêcherait précisément de baisser fortement les émissions de GES (gaz à effet de serre) de la France que permettent les EnR, car nous resterions en permanence dans l’ancien système centralisé inefficace (le rendement d’un réacteur nucléaire n’est que 33% au mieux), avec les pointes de puissances appelées supérieures à 100 GW en hiver (record européen) dues au chauffage électrique aberrant qu’EDF continue d’encourager en modifiant artificiellement la réglementation RE2020, ce qui est une atteinte aux objectifs officiels des accords de Paris et pose un énorme problème d’efficacité énergétique et de sécurité électrique à notre pays ; 7) la seule indépendance de la France vient de ses énergies renouvelables ; tout le reste est importé (uranium, pétrole, gaz, charbon) ; 8) les énergies de l’avenir sont renouvelables, décentralisées, démocratiques, citoyennes. Le nucléaire est une énergie centralisée et non démocratique du fait-même de sa densité de puissance et de ses risques. Elle est étatique du fait-même de son coût capitalistique et de ses risques incommensurables. Le recours à des SMR (small modular reactors) ne ferait qu’étendre ces risques au lieu de les réduire. 9) les risques sismiques et de rupture de digues du grand canal d’Alsace sont malheureusement bien réels et documentés. Manifestement, les anciens directeurs auteurs de ce pamphlet préfèrent les ignorer ; 10) seul accord avec les anciens directeurs : l’Etat français n’a pas à indemniser EDF pour la fermeture et le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim (400 millions d’euros immédiatement + 4 milliards d’euros sur 20 ans) car EDF a déjà anticipé les coûts de démantèlement pour cette centrale (obligatoire) ; que l’état de fragilisation des cuves à 40 ans de fluence neutronique ne permet pas la prolongation de leur fonctionnement au-delà (encore moins pendant 20 ans supplémentaires) ; et que les investissements obligatoires de mise à niveau post-Fukushima n’ont pas été réalisés pour ces deux réacteurs (soit entre 1 et 2 milliards d’euros économisés par EDF).
Roger SEBAN
Mr le Professeur de quoi d'ailleurs? Il n'y a qu'un seul chiffre scientifique pour juger de la qualité environnementale d'un mix électrique d'un pays. Ce sont les émissions de CO2 émises sur une année (car succession de 4 saisons impactant les conditions climatiques e les consommations des consommateurs toutes activités confondues) exprimées en grammes de CO2 par KWh produit par ce mix électrique. Tout autre argument c'est du bla bla. En Allemagne avec ce parc ENRi pléthorique et l'équivalent de 40 réacteurs nucléaires en centrale au charbon (environ 40000MW) ces émissions (et c'est stable depuis plusieurs années) c'est entre 300 g CO2/KWh et 350 g CO2/KWh. En France c'est entre 50 g CO2/KWh et 60 g CO2/KWh. Quand l'Allemagne aura rattrapé la France on en reparlera; Mais mathématiquement cela n'arrivera jamais tant que la France gardera son nucléaire. L'Energiwende est un fiasco. Par ailleurs sur le cycle de vie (ACV) nucléaire (tout compris depuis le combustible jusqu'à la fin du démantèlement le KWh nucléaire produit environ 11g CO2 (chiffre GIEC) Quant à évoquer l'uranium comme un problème sur l'indépendance énergétique, celui ci est produit dans de nombreux pays comme le Canada l'Australe, le Niger, le Kazakhstan avec un choix important de sources d'approvisionnement comme les autres sources d'énergie. Vous avez une voiture et vous consommez du pétrole venant de nombreux pays. En revanche après le minerai toute la chaîne à haute valeur ajoutée (conversion, enrichissement, fabrication du combustible et retraitement) est faite en France avec des technologies française, du personnel français et toute cette chaîne est exportatrice. Je n'ai pas encore vu la filière ENRi exporter des éoliennes ou des panneaux solaires! Au contraire tout est importé, alors parler d'indépendance énergétique des ENRi c'est de la rigolade! Quant à compter sur les batteries ce n'est pas sérieux à ce jour. On bâtit une stratégie à cour ou moyen terme sur l'existant des technologies. Mais la R&D doit continuer tout en étant conscient que les ordres de grandeur du stockage nécessaire est hors de portée à ce jour.
Thomas
La filière éolienne et solaire représentent bien plus d’emplois et d’entreprises francaises que votre idée faussée. Notamment toute la partie BOP (elec, etc) est fournie par bon nombre d'entreprises françaises. Par ailleurs, notre historique énergétique a justement contribué au fait qu’il n’y a pas eu de turbinier majeur francais puisque le nucléaire était en place et le marché français trop limité pour assurer à un turbinier un marché suffisant. Donc c’est bien facile comme argument.
Hervé
Et vous oubliez aussi les "à coté": Renforcement des lignes de transport, création de nouveaux postes de transformation, . Il faudra aussi embaucher du monde pour travailler sur le stockage, les smartgrids et tous les systèmes qui vont en découler ,systèmes qu'il faudra construire et entretenir... Beaucoup d'emplois qu'il faudra payer, donc moins de pouvoir d'achat pour les loisirs....
Jérôme MATHIEU
De quel turbines parle-t-on ? Parce que dire qu'il n'y a pas de turbinier majeur à cause du nucléaire est une bêtise qui témoigne de votre méconnaissance du sujet: c'est ALSTOM qui équipe les centrales nucléaires du groupe turbo-alternateur! S'il n'est plus ni majeur ni français, c'est qu'il a été vendu à Général Electric avec l'assentiment d'un François Hollande, conseillé à l'époque par un certain Emmanuel Macron...
Thomas
Vous vous sentez obligé d’etre insultant pour tenter de rendre plus crédible votre piètre discours? Je parle de fabricants d’éoliennes. Alstom s’etait effectivement lancé sur le marché de l’éolien offshore avant la reprise de sa branche « wind » par GE. Idem pour Areva devenu Adwen et reprise par Siemens Gamesa. Le marché offshore se développe enfin et permet maintenant des implantations d’usines en France. Mais c’était difficilement faisable il y a 10-15 ans avec un marché domestique fébrile.
Pr T de Laroch…
Bonjour, le chapeau d'intitulé ne permettant pas de le préciser, je le fais bien volontiers et j'en attends autant de vous, bien sûr. Je suis Professeur agrégé et chaire supérieure de Physique et de Chimie, docteur en Energétique et Professeur associé et chercheur au département Energie de l'Institut FEMTO-ST (CNRS-UMR6174). Et vous? Concernant les émissions de GES de l'ensemble de la filière nucléaire, malheureusement, le chiffre que vous citez n'est pas validé par les études scientifiques les plus complètes de l'ACV. De nombreux travaux internationaux ont été menés dans divers laboratoires indépendants ou dépendants de l'industrie nucléaire (vous imaginez bien que les résultats ne sont pas les mêmes suivant le caractère d'indépendance des laboratoires), en utilisant diverses méthodes d'analyses (process chain analysis (PCA), economic input/output (EIO), average economic intensity (AEI)); elles conduisent à une énorme dispersion des résultats, car les méthodes ne sont pas toutes équivalentes ni pertinentes. En reprenant rigoureusement les calculs sur des bases réelles correctes (la méthode AEI n'est pas valide dans la plupart des cas par exemples), on obtient une valeur représentative pertinente médiane de 32 gCO2équ/kWh (en laissant cependant de côté une partie significative des émissions qui seraient induites sur plusieurs décennies par l'enfouissement des déchets nucléaires conditionnés HA-MA-VL dans des centaines de km de galeries souterraines ventilées en permanence par des installations de ventilation de plusieurs dizaines de MW). Une des meilleures études scientifiques basée précisément sur cette analyse rigoureuse et honnête (ce qui devrait être le cas de toute étude scientifique dans des conditions de réelle indépendance) est probablement celle de Beerten, Laes, Meskens et D’haeselee (Greenhouse gas emissions in the nuclear life cycle: A balanced appraisal) qui réévaluent l'ensemble des études sur la base des données disponibles et aboutit à ce chiffre (un des auteurs travaille dans un centre de recherche nucléaire, ce qui pourrait être considéré comme ouvrant à risque de conflit d'intérêt, mais ce n'est pas le cas des autres auteurs, et l'étude est rigoureuse). Comme cette étude le rapporte d'ailleurs (ainsi que le GIEC d'ailleurs), l'évaluation des émissions des GES par les phases de démantèlement (plus compliquées et longues que prévues généralement, d'après les retours d'expérience européens et étatsuniens) et d'enfouissement des déchets HA-MA-VL (si elle est effectivement réalisée) est encore sous-évaluée et sera probablement à réactualiser. Néanmoins, on peut considérer ce chiffre de 32 gCO2équ/kWh comme beaucoup proche de la réalité que les 66 gCO2équ/kWh souvent avancés par les opposants au nucléaire qui s'appuient sur une étude plus ancienne et reconnue comme biaisée de B. Sovacool. Il reste que ces émissions sont beaucoup plus faibles que celles du kWh de la filière charbon (830 gCO2éq/kWh) et gaz naturel (350 gCO2éq/kWh), et que le recours au charbon est une hérésie totale pour le climat (due aux exportations massives de charbon par les USA, qui ont fait chuter le prix du kWh en dessous de celui du gaz naturel, entraînant la réouverture des vieilles centrales à charbon et lignite en Allemagne et l'arrêt de leurs centrales à gaz pourtant plus performantes, du fait de l'absence de taxe carbone européenne uniforme). C'est pourquoi il faut planifier la fermeture progressive des vieux réacteurs nucléaires en France, à mesure que l'on installe les systèmes énergétiques intelligents renouvelables efficaces, économiques et soutenables que j'ai rapidement décrits dans ma réponse (je vous renvoie aux articles et rapports que j'ai déjà écrits sur ces questions). Il n'est pas du tout nécessaire d'ouvrir des centrales à gaz en backup pour compenser la fermeture des réacteurs âgés, et la France peut parfaitement réussir sa transition en abaissant fortement ses émissions de GES. Citer constamment l'Allemagne comme contre-exemple n'est pas toujours très pertinent car la baisse de ses émissions de GES est finalement plus rapide qu'en France grâce à leur production renouvelable, et la sortie du charbon est aussi planifiée (mais je pense que l'Allemagne aurait aussi dû planifier une fermeture progressive de ses réacteurs nucléaires, plutôt que d'en fermer brutalement une partie: c'était une erreur politique et stratégique). Je préfère nettement la planification de la transition énergétique démocratique mise en oeuvre au Danemark depuis 1976 et surtout depuis 2006, 2012 et 2019. Ce n'est pas parce que la France raffine le pétrole qu'elle importe qu'elle est énergétiquement indépendante de ses importations de pétrole du Moyen-Orient ou d'Afrique. Il en est de même de l'uranium. Si vous n'avez pas vu notre pays exporter des éoliennes ou des photopiles (ce qui n'est plus vrai désormais), vous en connaissez parfaitement la raison: les gouvernements successifs n'ont jamais eu de politique de développement de nos industries photovoltaïques et éoliennes, et ont préféré continuer de favoriser l'industrie nucléaire au détriment des filières énergétiques renouvelables. Ce n'est pas une raison pour reproduire les mêmes erreurs, et nous avons tout le potentiel industriel et de recherche pour développer nos filières éoliennes et photovoltaïques, en collaboration européenne avec Vestas, Siemens, Enercon, Gameca, REC, etc. De même, la France et l'Europe doivent très rapidement construire les gigafactories de batteries électriques Li-ion NMC et électrolytes solides pour les véhicules électriques et les gigafactories de batteries Na-ion et Na-métal pour le stockage fixe de l'électricité. Manifestement, vous n'êtes pas très au fait des immenses progrès technologiques et économiques dans ces domaines aujourd'hui très compétitifs et efficaces. Je vous invite à vous pencher très sérieusement là-dessus. Cordialement Pr TdL
Rafael
THIERRY DE LAROCHELAMBERT ASSOCIATE PROFESSOR, "MAGNETOCALORIC DEVICES" RESEARCH POLE MANAGER magnetic materials, energy policy, renewable energy, solar energy, natural convection, turbulence Département Energie équipe THERMIE Courriel : thierry.larochelambert [at] femto-st.fr 03.84.57.82.12 Adresse : Energie (PARC TECHNOLOGIQUE) FEMTO-ST - Département Énergie 2 Avenue Jean Moulin 90000 BELFORT
Pr. Lavallée
A propos de la dépendance à la production d'uranium, il faut ici préciser que si elle dure c'est là encore à cause de choix électoralistes faits par des présidents en mal de réélection avec la fermeture de Superphénix par Jospin pour récupérer des voix de pseudo-écologiqtes, voix qui n'on pas suffit à sa réélection. Et très récemment l'abandon du projet Astrid pour des raisons équivalentes. Ces deux projets Superphénix et Astrid permettaient un fonctionnement en circuit quasiment fermé de la filière nucléaire par retraitement des déchets des centrales à fission, et ce pour au minimum 1000 ans (pour la France). par ailleurs, le choix de l'uranium a été fait pour pouvoir fabriquer des bombes atomiques, or il existe un autre combustible nucléaire, le Thorium qui est abondant en France, dont les déchets ont une vie courte de l'ordre du siècle sans plus, avec lequel un accident nucléaire est de gravité minime... etc. La technologie existe et est maitrisée !
Roger SEBAN
D'accord avec vous sur les réacteurs rapides mais hélas c'est plus compliqué que celà. En effet il faudrait d'abord construire une usine de retraitement du combustible MOX usé pour retraiter ce combustible sortant des REP du Parc. Au passage la technologie du retraitement du MOX est certes maîtrisée mais pour passer à l'échelle industrielle il y a quelques années de mise au point. Puis il faut construire une usine de fabrications des aiguilles de combustible MOX pour les rapides. On sait faire mais l'investissement pour cette usine est lourd. Donc une fois qu'on a ces deux outils industriels il faut un certain temps pour traiter le MOX usé des REP pour avoir la charge nécessaire de Plutonium et fabriquer le combustible aiguilles pour obtenir une charge pour un réacteur rapide disons de 1000MW. Au bas mot cet ensemble (construction des 2 usines+traitement+combustible), c'est une affaire de 10 ans. Pendant ce temps on peut construire le réacteur (10 ans). Mais comme les rapides seront isogénérateurs et pas surgénérateurs (pour des raisons complexes de sûreté) il faudrait au moins une dizaine de réacteurs rapides 1000 MW pour obtenir à partir du traitement MOX usé rapide une nouvelle charge pour un rapide. Donc on est sur une échelle d'un siècle pour fermer le cycle.L'idée admise maintenant par les experts du domaine est plutôt un parc à l'horizon d'un siècle de 30 EPR et 10 Rapides (parc symbiotique) pour fermer le cycle quasiment à l'infini (nucléaire durable) mais avec un peu d'Uranium naturel injecté dans le cycle pour les EPR. Attention par ailleurs ce parc symbiotique aurait un coût du KWh à minima 30% à 40% qu'un EPR classique (à cause du coût des rapides) donc il faut accepter de faire payer aux consommateurs ce prix (mais pourquoi pas pour un nucléaire durable produisant une électricité sur une durée séculaire. Cela aurait du sens plutôt que payer une taxe pour les éoliennes. Mais programme industriel sur 50 ans pour le mettre en route sans changer d'avis à chaque élection!! Quant aux bombes, ça fait bien longtemps que l'uranium n'est plus utilisé. Dans les années 60 les réacteurs G1, G2 et G3 ont été construits à Marcoule pour produire du Plutonium. réacteurs arrêtés. Bombe H maintenant Quant au Thorium hélas c'est une fausse bonne idée, car le TH est un isotope fertile et non fissile. Donc il faut bombarder le TH avec des neutrons pour produire in situ de l'U233 fissile (isotope artificiel). Donc d'abord mettre du th dans un réacteur normal, le traiter pour avoir une charge U233 puis construire un réacteur TH-U233. Hélas ce cycle ne permet pas d'avoir une filière à minima isogénératrice. Toutes les tentatives des années 60/70 (USA et Allemagne) ont été des échecs. L'Inde essaie désespérément depuis 50 ans cette filière mais c'est vouée à l'échec technique.
AtomicBoy44
Ce commentaire commence bien en dénonçant les achats de voix sur le dos des contribuables français, mais se termine par des mensonges.... NON le cycle thorium n'est pas meilleur que le cycle Uranium. Les isotopes nécessaires a la bombe atomique au POLONIUM ne sont pas produit dans les REP, mais le fut dans les UNGG après des réacteurs spécifiques de recherche a marcoule, ou dans des CANDU canadien qui fut d’ailleurs d'abord conçu pour ça dixit Daniel Heuer lui même, le spécialiste français des réacteurs MSFR a thorium. Il dit aussi que leur pari a long terme est en voie d’être gagné qu'il vont réussir a fermer le cycle par cette voie en combinant les CANDU et les MSFR...Les deux cycles sont donc complémentaires, même si en apparence, ils ne le sont pas actuellement. Je vous fait remarquer que notre choix du MOX fait de nous les meilleurs contre la prolifération nucléaire...En effet réutiliser le plutonium diminue encore les risques en réduisant les masses et les volumes de matières fissiles, et nous fait économiser encore 20% de 235U dans le combustible nucléaire Pour le cycle du thorium, je vous rappelle que Manipuler de l'uranium 233U est bien plus difficile que de manipuler du 239Pu, si bien que nous ne savons pas vraiment comme robotiser les étapes de raffinage tellement les rayonnements gamma sont puissants. Un peu de lecture : Thorium : est-ce vraiment la face gâchée du nucléaire ? https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=sites&srcid=ZGVmYXVsdGRvbWFpbnxzaXRlbWljaGVsNzN8Z3g6NjVhY2RkZmY4MTg3YmRiNQ Le thorium, miracle énergétique ? Le combustible thorium est une option intéressante pour le futur. L’a-t-on délaissé un peu trop vite ? https://www.contrepoints.org/2016/10/09/268297-thorium-miracle-energetique
JYG
Très intéressant ce long développement. J'ai noté l'argument : "le maintien forcé de vieux réacteurs en fonctionnement et leur prolongation au-delà de 40 ans de service pose de sérieux problèmes de sûreté.....". Une question : les américains sont-ils des kamikazes en prolongeant la durée de vie de certains de leurs réacteurs jusqu'à 60 ans voire 80 ?
Pr T de Laroch…
C'est une excellente question. En effet, les procédures d'autorisation et de surveillance par la NRC ne sont pas les mêmes qu'en France, non plus que la responsabilité des opérateurs nucléaires (souvent privés) qui doivent s'engager à respecter les procédures du PSI américain (programme de surveillance de l'irradiation) en plaçant les capsules de PSI (éprouvettes + dosimètres) aux endroits prescrits et en annonçant leur planning de remplacement, sous leur responsabilité. Le dossier d'autorisation de prolongation de 60 à 80 ans récemment accordée à l'opérateur des réacteurs Turkey Point 3 et 4 montre que ces réacteurs n'atteindraient une fluence de 10,2.10^19 neutrons/cm² qu'après 80 ans de service (avec bien sûr tous les risques de fragilisation encourus du fait du vieillissement thermique sous irradiation, de la corrosion sous irradiation, etc.), alors que les cuves des réacteurs de Fessenheim ont déjà atteint probablement 6,5.10^19 neutrons/cm², ce qui indique que les réacteurs 700 MW de Turkey Point 3 et 4 n'ont largement pas fonctionné à pleine puissance et ont dû connaître des périodes d'arrêt importantes. A la lecture du dossier, on se rend compte du caractère plus administratif que scientifique de la procédure d'autorisation de prolongement de service aux USA, et il n'est pas rare de lire "l'équipe n'a pas été capable de déterminer si le traitement de la fluence pour les internes de cuve est cohérent avec les objectifs du rapport réglementaire (..)" ou "l'exploitant demandeur n'a pas décrit dans les détails suffisants comment les valeurs de fluence pour le programme de surveillance de vieillissement des internes de cuve ont été estimées", etc. La licence a pourtant été accordée... D'autre part, le vieillissement affecte différemment les aciers des cuves selon leur composition chimique. Les cuves des réacteurs construits en France sont en acier 16MND5 de type bainite qui présentent malheureusement certaines fragilités (j'ai exposé ce problème au récent colloque du CERDACC et de l'Université de Haute-Alsace consacré à la sûreté et à la sécurité des installations nucléaires), et les derniers résultats des recherches internationales sur le vieillissement des aciers sous irradiation révèlent une accélération de la fragilisation au-delà de la fluence de 6,5.10^19 n/cm² qui pourrait augmenter nettement le risque de rupture fragile des cuves par choc froid sous pression si l'on prolongeait les réacteurs 900 MW au-delà des 40 ans de fonctionnement réel. Les chercheurs américains ont d'ailleurs alerté la NRC à ce sujet et recommandé la prudence dans la politique des autorisations de prolongation de service au-delà de ces fluences.
Thomas
Très intéressant. A quand une tribune de votre part en réponse à celle de ces « anciens du nucléaire »?
JYG
Que je sache Il existe aussi sur les réacteurs français des éprouvettes pour apprécier l’évolution de la température de transition ductile/fragile de l’acier des cuves. L’ASN doit suivre cette question de très près et la rigueur de ses décisions me semble difficile à mettre en doute. Non ?
BMD
Pr.Thierry de... Vous demandez, vous exigez même, un développement massif de l'éolien en France, qui ne sert strictement à rien sur le plan climatique puisque à consommation d'électricité constante, sinon même décroissante comme vous le souhaitez, cela consiste pour l'essentiel à remplacer une production d'électricité nucléaire déjà décarbonée (en France, 6 g CO2 en ACV selon l'ADEME) par une autre qui l'est plutôt moins ( 11 g CO2/kWh en ACV selon l'ADEME). Ce développement massif sera aussi totalement inutile les nombreux jours sans vent, particulièrement pendant les hivers froids quand la puissance consommée est maximale. Si notre puissance en nucléaire, c'est-à-dire notre nombre de réacteurs, a alors diminué, il faudra alors les avoir remplacés par une puissance équivalente de centrales à gaz et à charbon.Vous observerez d'ailleurs que si l'Allemagne a fermé des réacteurs nucléaires, elle a conservé la même puissance totale de centrales pilotables, en conservant à peu près la même puissance de centrales à charbon, mais , pour compenser la perte de nucléaire, en augmentant sa puissance en centrales à gaz, et un peu à biomasse. Le facteur de charge de ses centrales pilotables a par contre diminué, car il leur a fallu diminuer leur production pour faire place à la production éolienne ( et solaire photovoltaïque). Ce phénomène s'est accompagné en Allemagne d'une doublement du prix de l'électricité pour les ménages. La principale raison est que les puissances, et donc l'investissement, en éolien et en solaire photovoltaïque ont été ajoutées aux puissances en centrales pilotables, qui ont elles légèrement augmenté, tout cela pour produire la même quantité d'électricité. il en est de même dans toute l'Europe , où il existe une étroite corrélation entre le prix de l'électricité pour les ménages et la puissance installée d'éolien+solaire par habitant. La politique française actuelle dans le domaine de l'énergie est une folie. Elle ne sert à rien pour le climat, et même , si nos réacteurs nucléaires sont remplacés par des centrales pilotables à gaz et à charbon, fera augmenter considérablement les émissions de CO2 de notre électricité, et augmentera notre dépendance aux combustibles fossiles. Elle fera augmenter le prix de l'électricité pour les ménages, et augmentera donc la précarité énergétique. Elle rend de plus en plus difficile à gérer le réseau électrique, qu'il faut de plus développer et renforcer à grand prix.Y-a-t-il un pilote dans l'avion? On en doute en voyant cette tribune particulièrement hypocrite de nos élus et ministres dans Le Monde. De plus l'éolien fait l'objet d'un rejet croissant chez les Français, parce qu'ils ne supportent plus dans certaines régions d'être encerclés par des éoliennes géantes et se préoccupent des conséquences sur leur santé et sur l'environnement. Pour augmenter encore le nombre d'éoliennes dans notre pays, bien sûr on peut en mettre en mer, mais les problèmes y sont les mêmes, à part l'absence d'électeurs. Le mieux, comme ceux qui veulent des éoliennes sont les gens aisés des métropoles, serait de les mettre dans les espaces dégagés de ces métropoles. A Paris dans les Bois de Boulogne et de Vincennes, mais pourquoi pas dans les parcs et sur les grandes places, comme celle de la Concorde?Ainsi, les conseilleurs seront aussi les payeurs.
Bernard Tamain
Désolé, Pr. Thierry, vous avez raté l'essentiel: ordres de grandeur et stabilité du réseau. Vous confondez puissance et énergie comme bon nombre de journalistes. Quand vous donnez la contribution CO2 de l'éolien et du photovoltaïque, vous oubliez d'inclure le CO2 qui provient de la gestion de l'intermittence qui leur est intrinsèque: cet oubli est malhonnête! Vous dites que la consommation d'électricité va décroître, oubliant le nécessaire passage aux véhicules électriques qu'il faudra bien recharger, le nécessaire passage du chauffage gaz aux pompes à chaleur, puisque la priorité est de réduire les émissions de CO2, et le besoin croissant en électricité imposé par les data centers et une relocalisation industrielle. Vous oubliez que le photovoltaïque produit 5 fois plus l'été que l'hiver quand les besoins sont inverses. Il faudrait donc stocker l'électricité en intersaison, ce qui ne peut se faire que par le power-to gas dont le rendement global n'est que de 25%. Vous oubliez que la stabilité du réseau est assurée par les machines tournantes des centrales, fonction que ni l'éolien ni le solaire sont en mesure d'assurer. Bref, vous avez tout faux. La réalité, c'est que l'éolien et le solaire, c'est très bien mais c'est intermittent. Et cette intermittence ne peut être gérée que par des centrales pilotables ou un stockage massif. Seul, le nucléaire permet de produire massivement, de façon pilotable et presque sans CO2. Vous dites que l'hydraulique est pilotable : c'est vrai pour une partie, mais clairement insuffisant. Stocker les surplus ponctuels de production renouvelable dans des STEPS demanderait des capacités 10 fois supérieures à ce que l'on peut faire en France pour stocker seulement une demi-journée de consommation d'hiver. La réalité, c'est qu'il est impossible de réaliser à la fois 3 objectifs : réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre, sortir du nucléaire et assurer une croissance minimale de l'économie. Le comportement des anti-nucléaires résulte avant tout d'une croyance : celle que le nucléaire est dangereux. Toutes les études montrent pourtant que, depuis le début de cette aventure, le nucléaire s'est révélé (accidents compris) comme le moins problématique en termes de perte d'années de vie par MWh produit, quand on le compare à tous les autres modes de production pilotable d'électricité (étude de la revue Forbes, articles du prix Nobel Burton Richter ou du climatologue Hansen).
Pr T de Laroch…
Cher Monsieur, je vous rassure tout de suite: je ne confonds pas énergie et puissance, et j'enseigne cette distinction à tous mes étudiants depuis plus de quarante ans. Votre erreur est de continuer de penser traditionnellement les systèmes électriques centralisés et la régulation classique des réseaux du 20ème siècle alors que se mettent déjà en place les réseaux décentralisés et couplés d'électricité, de chaleur, de froid, de gaz, connectés aux transports. Et là, dans cette nouvelle gestion, l'intermittence n'est absolument un problème puisqu'elle est intégrée dans cette gestion, générant au passage d'immenses économies d'énergie (je peux vous renvoyer aux études de recherche les plus récentes, économiquement chiffrées si cela vous intéresse). Je vous rappelle que la plus grande variabilité est celle de la demande, pas celle de la production. D'autre part, il est bien connu que les productions éoliennes et photovoltaïques sont le plus souvent décalées (éolien maximum en hiver et la nuit, photovoltaïque maximum en été et en journée), ce qui limite très fortement la variabilité de production, lissée en grande partie par l'hydraulique et la cogénération, le stockage dans les batteries des VER et de stations fixes qui vont très vite se déployer. Il est heureux et nécessaire que les VER se développement rapidement, parallèlement aux transports en commun et aux déplacements à vélo, car ils vont faire partie du stockage et de la régulation des EnR électriques. Si vous prenez la peine de vous renseigner, vous verrez que le Danemark est le second pays le plus stable de l'OCDE pour son réseau électrique alors que l'éolien couvre pratiquement 50% de la production d'énergie électrique annuelle de ce pays. Pour l'instant, le Power-to-Gas n'est pas rentable, et le rendement total de la filière hydrogène (depuis la centrale nucléaire à la pile à combustible et aux roues de véhicules) est de 7 à 9%! Ce n'est pas la priorité du tout! En revanche, le remplacement des véhicules thermiques par des véhicules électriques rechargeables sobres (citadines, camionnettes) est très efficace (sans parler des gains de santé immenses). Enfin, je ne me classe ni dans les anti-nucléaires ni dans les pro-nucléaires mais dans les physiciens et énergéticiens indépendants. Je n'ai aucune idéologie à défendre, seulement l'intérêt général, la sécurité de nos pays et la lutte contre le dérèglement climatique, ce qui n'est pas rien. Je n'ai pas parlé de sortie du nucléaire, mais de fermeture progressive des réacteurs en fonction de l'état de leur vieillissement, à mesure de la mise en place du système énergétique intelligent renouvelable. Bien cordialement Pr TdL
BMD
Pr.T de L., pouvez-vous faire une estimation du prix de l'électricité qui résulterait de l'application de vos "solutions", et de la puissance totale des éoliennes dont il faudra couvrir notre territoire
Thomas
Cher BMD, Vous qui criez au loup sur beaucoup de points, ne serait ce plutôt pas à vous de faire la démonstration étayée par des chiffres et des analyses sérieuses de vos arguments? Vous parlez d’eoliennes mais tout le monde parle d’un développement d’un ensemble de moyens de production qui se complètent. Éolien avec solaire avec hydraulique avec nucléaire avec PAC avec géothermie avec... Vous focalisez sur l’éolien que vous semblez détester mais personne ne dit que l’eolien seul devra tout remplacer.
BMD
Cher Thomas, j'ai pourtant donné des indications, comme l'augmentation du prix de l'électricité en Europe de l'Ouest proportionnelle à la puissance installée par habitant en éolien+solaire photovoltaïque ( ce que ,parce que bien sûr vous ne me croirez pas, je vous engage à vérifier vous-même comme je l'ai fait à partir des données de l'EEA, de l'ENTSO-E et de l'IEA. Comme aussi les émissions CO2/kWh ACV comparées du nucléaire et de l'éolien, montrant que l'éolien ( et le solaire photovoltaïque) ne peuvent rien pour le climat en France parce que leur production ne fait pour l'essentiel, à consommation d'électricité constante, que remplacer une production d'électricité déjà décarbonée par une autre qui l'est un peu moins. Or pendant des années toutes les sources d'information ont donné comme principale justification à leur développement en France la lutte contre le réchauffement climatique, alors que c'était un énorme mensonge ! On retrouve d'ailleurs encore cette justification dans toutes les introductions des documents de description des projets éoliens, là aussi, vous pouvez vérifier. Maintenant que ce mensonge est de moins en moins tenable parce que trop de gens s'en sont rendus compte, on invente la diversification des sources d'électricité pour garantir notre sécurité, ce qui est un énorme mensonge de plus . Ces mensonges permanents des promoteurs de l'éolien et du solaire PV, et il y en a bien d'autres, montrent que ceux-ci ne peuvent s'imposer par leurs qualités propres et n'incitent pas à considérer ces promoteurs comme des modèles d'honnêteté. Je considère par ailleurs que l'éolien est un désastre pour l'environnement et ses riverains, comme le montre la révolte qui se développe contre lui dans les milieux ruraux, muselée par des moyens à la limite de la légalité. Faudra-t-il passer sur le corps des ruraux pour leur imposer le développement massif de l'éolien voulu par ce gouvernement? C'est pourquoi je propose de l'installer dans les parcs et les places des métropoles, où les éoliennes sont apparemment plébiscitées. J'ai lu d'innombrables études à commencer par celles de l'ADEME, qui "démontrent" qu'en combinant tels ou tels ingrédients , demain on rasera gratis. Ce sont des jeux informatiques hors sol qui n'ont aucune chance de se réaliser selon les recettes indiquées, et qui en général ignorent superbement les coûts et les impacts humains et environnementaux. Comme on dit, la carte n'est pas le territoire. L'Allemagne est une belle démonstration pratique: maintenant couverte d'éoliennes , elle annonce qu'elle sortira du charbon en 2038, soit 50 ans après nous, et le remplacera en fait par du gaz russe ( les gazoducs vont bientôt entrer en service !). L' Allemagne est toujours la championne d'Europe des émissions totales de CO2, et des pollutions atmosphériques variées qui l'accompagnent. Sa "dette"en CO2 est énorme comparée à la nôtre. Et où en sont chez elle les gadgets qui selon vous et quelques uns ici, permettront de faire un système électrique harmonieux fonctionnant au doigt et à l'oeil , n' émettant pas de CO2 et uniquement fait de renouvelables.
Bernard Tamain
Réponse à Pr. T. de Laroch : Affirmer que "l'intermittence n'est absolument pas un problème" relève de l'illusion mais pas de la réalité. Affirmer que "la plus grande variabilité est celle de la demande, pas celle de la production" est tout simplement faux : l'éolien varie de moins de 1% à 80% de sa puissance nominale, le solaire entre 0 et 80% de sa puissance nominale. Vous parlez de la complémentarité entre les deux : il est vrai que, en moyenne, l'éolien est plus abondant l'hiver et le solaire plus abondant l'été; mais que dire des périodes anticycloniques d'hiver avec rien en solaire (le soir à 20 heures) et presque rien en éolien également, et ce, sur toute l'Europe car il existe des anticyclones qui couvrent toute l'Europe en lui imposant une période de grand froid. Vous voulez développer les véhicules électriques à côté des transports doux (vélo, marche à pied et transports en commun) : vous avez raison. Mais croire que les batteries des voitures électriques permettront de gérer l'intermittence relève du rêve : il faut 25 millions de Zoés récentes pour stocker 1TWh (la consommation d'une demi-journée d'hiver en France). Le problème associé est que ces Zoés ne roulent plus : elles sont vidées de leur électricité... Peut-être peut-on leur enlever les roues : cela baissera leur coût... Vous dites que le Danemark est un pays modèle. Sauf qu'il n'a que 6 millions d'habitants et bénéficie des immenses capacités hydrauliques de ses voisins scandinaves. Et d'ailleurs, le Danemark n'est pas du tout un modèle pour ce qui est des émissions de CO2, contrairement à la Suède qui, grâce à son nucléaire, est, comme la France très performante. Vous parlez du rendement faible du power to gas à partir du nucléaire, mais cette éventualité n'a aucun intérêt puisque le nucléaire est pilotable. Par contre, je souscris complètement à votre phrase : "le remplacement des véhicules thermiques par des véhicules électriques rechargeables sobres (citadines, camionnettes) est très efficace (sans parler des gains de santé immenses)." C'est parfait avec une électricité décarbonée comme celle produite par éolien, solaire et... nucléaire avec l'avantage que le nucléaire est le seul à pouvoir massivement produire en s'adaptant aux besoins. Je ne suis pourtant pas un pro-nucléaire. Je suis favorable au développement mesuré de l'éolien et du solaire. Le solaire est en particulier bien adapté aux pays situés en dessous du 30ème parallèle, pays ne présentant pas des écarts été-hiver importants. Mais le nucléaire doit garder un rôle important dans les pays situés au delà de ce parallèle si l'on veut à la fois lutter fortement contre le réchauffement climatique tout en laissant la place à une croissance économique mesurée. Le nucléaire n'est pas un problème, mais une chance. Préparons l'avenir en remplaçant petit à petit les centrales vieillissantes par des installations nouvelles et sûres.
Pr T. de Laroc…
Il faut se placer dans l’hypothèse où la part des EnR électriques et thermiques progressent rapidement en France pour rattraper leur retard de développement, en substitution prioritaire au charbon, au fioul, aux réacteurs nucléaires ayant atteint leur limite de fragilisation, puis au gaz naturel. Les productions renouvelables électriques et thermiques sont alors complémentaires et peuvent être assez facilement lissées, même en cas d’anticyclone, car la base hydroélectrique au fil de l’eau, des barrages et des step peut être complétée par les productions électriques de cogénération biomasse-biogaz, les interconnexions européennes et les stockages électrochimiques ; RTE a produit des études dans le cadre de scénarios correspondants (scénario Ampère, scénario Watt) pour les PPE 2019-2028 qui montrent que des mesures de flexibilité supplémentaires seront nécessaires en fermant les centrales charbon et en l’absence de l’EPR (flexibilité de la demande et flexibilité de la recharge des VER surtout). La variabilité des EnR variables est prévisible, modélisée et intégrée dans les bases de données et de simulation avec une précision de plusieurs jours en amont, ce qui permet de piloter les stockages journaliers et hebdomadaires. Suivant les puissances installées d’éolien offshore, onshore, de photovoltaïque, la variation de ces seules EnR électriques cumulées peut atteindre une trentaine de GW sur la semaine d’ici 2035 selon RTE (plus de 100 GW renouvelables installés dans le scénario Ampère), ce qui est parfaitement gérable. L’Ademe a également effectué des simulations heure par heure pour un système électrique français 100% EnR, ce qui est très intéressant pour anticiper les différentes variabilités dans différentes situations (y compris anticycloniques), et les complémentarités production-stockage-flexibilité intelligente-interconnexions permettent de faire face à chacune. Mais il ne s’agit pas de raisonner dans le cadre de la structure énergétique actuelle, peu efficace car très peu couplée et très dépendante des pointes de puissance électrique appelées par le chauffage électrique d’hiver, qui génèrent actuellement une très grande variabilité de la demande journalière, hebdomadaire et annuelle pouvant aller de 30 GW appelés à plus de 100 GW en quelques heures. Dans ce cas, les flexibilités deviennent plus difficiles à gérer car le chauffage électrique et la mauvaise isolation thermique des bâtiments sont de graves handicaps énergétiques, fragilisent le réseau électrique et accroissent fortement le coût des productions électriques marginales (particulièrement importées sur le marché Spot). Il ne s’agit pas non plus de remplacer les centrales nucléaires par des éoliennes, comme le prétendent les défenseurs inconditionnels du nucléaire, ou par des panneaux photovoltaïques. Ce serait absurde car ce ne sont pas les mêmes modes de production. La diversification du mix électrique repose sur la variété, la complémentarité et la disponibilité naturelle des ressources renouvelables de chaque région, et les investissements doivent être orientés vers les systèmes énergétiques les plus efficaces. C’est pourquoi il est nécessaire de considérer le système électrique intégré aux autres réseaux (chaleur, froid, gaz, transport) et aux diverses formes de stockage (électrique, chaleur, froid, gaz) aux différentes échelles (heure, journée, semaine, saison). C’est cette conception holistique du système énergétique qui permet de lisser les variabilités, d’atténuer les pointes et de ne rendre flexible que la part nécessaire des consommations (par report) et des stockages, en utilisant les conversions les plus efficaces (électricité -> chaleur par pompes à chaleur industrielles dans les réseaux de chaleur ; électricité <-> batteries des VER et des stations de recharge ; électricité <-> Step ; chaleur solaire -> froid dans les réseaux de froid ; cogénération biomasse-biogaz -> électricité + chaleur, etc.). Dans cette conception, les VER (véhicules électriques rechargeables) prennent tout leur sens ; en utilisant seulement 10 kWh de la batterie de 10 millions de VER comme volant de stockage-déstockage pilotable (système V2G), on met à disposition des réseaux électriques locaux 100 GWh par jour, soit en moyenne 4 GW (pointes à 10 GW), et 36 TWh de stockage annuel, ce qui est considérable (et c’est un minimum) et change la donne. Les batteries fixes de stockage à batteries sodium, déjà moins chères et dix fois plus performantes et puissantes que les batteries lithium et encore plus écologiques, seront bientôt un autre levier encore plus puissant pour le stockage électrique renouvelable. Les réacteurs nucléaires idéalisés par leurs défenseurs inconditionnels vieillissent et vont devoir être fermés les uns après les autres, tandis que seront mis en place nos productions renouvelables nationales et régionales, mais aussi européennes, avec un million d’emplois dans l’industrie éolienne, photovoltaïque, géothermique, dans les batteries, dans le pilotage intelligent des réseaux couplés, dans les réseaux de chauffage urbains renouvelables, dans l’isolation thermique, dans les ampoules led, dans les cogénérateurs biomasse et biogaz, dans l’agriculture écologique, etc. La question qui se pose est la préparation de l’avenir et l’efficacité des investissements qui seront fait dans les 20 prochaines années qui seront cruciales pour notre pays mais aussi pour l’Europe, afin de contrer le dérèglement climatique. Faut-il prolonger les cuves nucléaires 900 MW au-delà de 6,5.10^19 neutrons/cm², alors que les études les plus récentes montrent que leur fragilisation accélère au-delà et que le risque de rupture brutale par choc froid sous pression devient beaucoup plus probable ? J’ai longuement étudié cette question, et l’IRSN se la pose également. C’est pourquoi je travaille pour que le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim soit démantelé scientifiquement pour fournir une base inégalée d’échantillons de ses aciers de cuve, de couvercle, d’internes de cuve, de buses de circuit primaire, de boulons primaires, etc. dans le cadre d’un projet de recherche français et européen sur le vieillissement thermique des aciers sous irradiation. Nous aurons alors une vision claire de l’état réel des cuves nucléaires 900 MW et des risques encourus par la prolongation de service au-delà des 40 ans. Faut-il investir dans les mesures post-Fukushima très coûteuses pour ces réacteurs ? Ne vaut-il pas mieux économiser la part de ces investissements très lourds (60 milliards d’euros a minima sur l’ensemble du parc) liée aux réacteurs 900 MW, les consommations de combustible nucléaire, les productions de déchets nucléaires correspondantes pour les investir dans les nouveaux systèmes renouvelables intelligents et dans l’industrie française des énergies renouvelables ? Le maintien et l’entretien de vieux réacteurs réduits à fonctionner en mode dégradé de variation de charge poserait en outre de gros problèmes d’efficacité et de flexibilité au système électrique français, obligé d’éliminer les productions renouvelables pourtant gratuite pour ne pas surcharger le réseau électrique déjà en surproduction, ce qui entraînerait par ailleurs une baisse des prix de vente du MWh sur le marché et aggraverait les finances d’EDF. Il rendrait le réseau français encore plus fragiles face aux épisodes de sécheresse et d’inondation dont la fréquence et l’intensité ne vont qu’augmenter avec le dérèglement climatique, alors que les éoliennes et les panneaux photovoltaïques fonctionnent sans problèmes dans ces conditions. Quant à engager notre pays dans une nouvelle aventure nucléaire en construisant des EPR dont on n’a pour l’instant aucun retour d’expérience (les conditions de transparence ne sont pas garanties pour les deux réacteurs chinois) si ce n’est un quadruplement des coûts d’investissement qui portent le kW installé à plus de 7500 euros (7 à 8 fois celui de l’éolien et du PV) et le MWh à plus de 100 euros (2 fois celui de l’éolien offshore et du PV au sol), il n’est pas sûr que le déficit d’EDF le supporte ; surtout, il empêcherait probablement le déploiement nécessaire des EnR en France et nous éloignerait encore davantage de notre objectif d’efficacité énergétique (le rendement d’un réacteur REP et EPR est quasi-identique : 33%, ce qui signifie que 67% de la puissance des réacteurs est dissipée dans l’eau des rivières ou des mers, contribuant au réchauffement climatique local de manière significative). Enfin, concernant le Danemark, les idées reçues ont la vie dure quand on les entretient sans connaître le sujet. Faites les calculs à partir des données vérifiées (ce que j’ai fait) : les danois consomment d’énergie primaire par personne que les français (3,21 tep/danois ; 3,84 tep/français) et émettent moins de GES par point de PIB (174 tCO2éq/MEuros) que les français (208 tCO2éq/MEuros). Surtout, ils baissent beaucoup plus rapidement leurs émissions de GES (-37% de 1990 à 2016) que les français (-28% de 1990 à 2016) grâce à l’élimination rapide du charbon et du fioul (et maintenant du gaz naturel) par le développement massif des EnR, de la cogénération, du recyclage et du couplage des réseaux.
Bernard Tamain
Je n'ai pas beaucoup de temps pour répondre à tous vos points Seulement quelques-uns. Vous vous référez aux scenarios de RTE. Ces scenarii minimisent la consommation électrique future afin de donner aux énergies renouvelables pilotables (qui sont supposées être développées au maximum des possibilités) une proportion relative plus forte afin de faciliter la gestion de l'intermittence : c'est irréaliste. D'ailleurs RTE remonte actuellement ses hypothèses de consommation. Par ailleurs, dans les scenarii que vous citez (AMPERE en particulier, qui est portant le plus raisonnable), on suppose que l'on pourra exporter ou importer une bonne partie de la consommation, ce qui suppose que nos excédents de production renouvelable ne coïncident pas avec les excédents de nos voisins, ce qui est pourtant souvent le cas car les productions éoliennes et solaires sont souvent corrélées sur toute l'Europe (taille des anticyclones qui peuvent recouvrir toute l'Europe, similitude des fuseaux horaires qui conduisent à des productions photovoltaïques corrélées). Exporter nos excédents renouvelables suppose que nos voisins soient dans des creux de production (donc qu'ils aient besoin d'importer), et inversement : l'analyse des données passées montre que c'est irréaliste car tout le monde a les excédents en même temps et les creux de production en même temps. La seule solution sera donc de faire appel à des sources pilotables (le charbon ou le gaz allemand?) ou à un stockage massif. Au sujet du stockage, les chiffres que vous donnez sont faussés : vous parlez de 36TWh mais ils sont cumulés sur un an. Le problème sera de trouver 1 TWh sur 1 ou 2 jours. Vous dites 10 kWh utilisé chaque jour sur les batteries de voitures électriques. Vous diminuez donc d'une petite centaine de km l'autonomie de ces véhicules qui est déjà pourtant leur problème principal. Sur les coûts, vous comparez les coûts d'une électricité pilotée à ceux d'une électricité intermittente. Ce n'est pas comparable. Il faut ajouter le coût de la gestion de l'intermittence et de la gestion du réseau qui doit être renforcé pour laisser passer les puissances photovoltaïques de l'été à midi. Il faut aussi veiller à la stabilité du réseau aujourd'hui assurée par l'inertie thermique des alternateurs. L'éolien et le solaire sont incapables de jouer ce rôle essentiel. La fluctuation des productions intermittentes nécessitera aussi d'écrêter. Et quand vous dites que l'écrêtage concerne une électricité gratuite, c'est faux car le coût du kWh éolien ou photovoltaïque est calculé en divisant le coût de l'équipement par le nombre TOTAL de kWh produits sur sa durée de vie. Le coût marginal n'a donc pas de sens. Enfin, les coûts par kW installé n'ont pas de sens quand on compare une EPR qui durera 80 ans et une éolienne qui durera 25 ans. L'EPR n'a pas fait ses preuves? Si: il fonctionne très bien en Chine où les ingénieurs d'EDF on contribué fortement à son démarrage. Ceci n'excuse pas les erreurs scandaleuses faites en France sur l'EPR. Quant aux Danois, je vous ai déjà dit que l'on ne peut pas généraliser une situation qui concerne seulement 6 millions de personnes qui bénéficient du réseau hydraulique scandinave qui est très favorable. Enfin, parler de leur baisse d'émission de GES en pourcentage n'a pas non plus de sens: ils sont simplement partis de très haut à cause du charbon. Ce qui compte, c'est la valeur absolue des émissions par kWh produits et là, les meilleurs sont la Suède et la France, ... à cause de, ou plutôt grâce à leur production électrique basée sur l'hydraulique et le nucléaire. En France, si l'on veut réduire les émissions de CO2, il faut s'attaquer au chauffage des logements (isolation, abandon du gaz et passage aux pompes à chaleur) et aux transports. C'est cela la priorité.
Pr T de Laroch…
Je n'ai malheureusement pas plus de temps que vous, entre mes travaux d'enseignement (à distance en ce moment) et de recherche. Néanmoins, il me semble utile de préciser quelques points pour la plus grande clarté du débat. Vous jugez irréalistes les scénarii de RTE : je vous laisse la responsabilité de ce jugement. Je ne pense pas que RTE soit un organisme idéologique incompétent en matière de prospective de sécurité des réseaux électriques. Dans son dossier soumis à la consultation publique des PPE, RTE commente elle-même ses scénarios et juge de leur faisabilité technique ; par exemple, concernant son scénario Ampère, RTE affirme « la production d’électricité en base demeure donc assurée par les filières renouvelables et le nucléaire, ce qui n’ouvre pas d’espace économique pour de nouveaux cycles combinés au gaz » (ce qui est un objectif à mes yeux important), et « les effacements de consommation ou les capacités de stockage réduisent le besoin de construction de nouveaux moyens thermiques (…). Il a été vérifié que l’équilibre offre-demande peut être respecté conformément au critère de sécurité d’approvisionnement, en mobilisant les moyens existants et de nouvelles flexibilités comme les effacements » (ce que j’ai déjà expliqué précédemment et dans mes publications). D’autre part, même dans son scénario Ampère, RTE propose de limiter les puissances de pointe échangées avec les pays voisins en dessous de 10 GW en augmentant les flexibilités à 5,5 GW, ce qui est plus que raisonnable au vu de l’évidente progression massive de la mobilité électrique et du stockage électrique fixe, insuffisamment pris en compte par RTE, mais aussi et surtout des énormes économies d’énergie et des puissances électriques appelées que générera la substitution du chauffage électrique (une aberration énergétique et économique qui pèse très lourd dans l’inefficacité et la fragilité de notre système énergétique, avec 31% des logements individuels et collectifs) par du chauffage urbain renouvelable. Concernant le stockage par V2G (véhicules électriques rechargeables <-> réseaux électriques locaux), si vous m’aviez bien lu sans a priori, vous auriez vu que j’ai bien évalué d’une part l’énergie disponible sur la journée, la puissance moyenne sur la journée, la puissance de pointe disponible (10 GW) et l’énergie annuelle de stockage cumulée que cela représente, ce qui couvre bien toutes les échelles habituelles prises en compte dans les calculs prévisionnels habituels. Vous pourrez alors vérifier que ce sont des chiffres très élevés, et que ce type de service (rémunéré aux utilisateurs de surcroît) sera un mode de flexibilité particulièrement important pour la stabilisation des réseaux électriques locaux (et donc du réseau national), sans parler du stockage fixe par batteries sodium-ion et sodium-métal qui sera beaucoup plus important et qui couvrira plusieurs jours de consommation locale, en plus des STEP. Vos critiques montrent que, manifestement, vous n’avez pas encore bien saisi l’importance de l’économie engendrée par la flexibilité, le stockage, le couplage des réseaux et l’injection massive des EnR thermiques, électriques et combustibles (biomasse, biogaz). Il est vrai qu’en France, les gens sont encore habitués à raisonner dans un système inefficace, centralisé, sans couplage des réseaux. Pour mieux comprendre pourquoi le système énergétique renouvelable intelligent et décentralisé est beaucoup plus efficace et économique, je vous renvoie à l’expérience danoise (et dans une moindre mesure, suédoise et allemande) et à mes publications. Quand par exemple je dis que le maintien du parc nucléaire actuel obligera à effacer des productions renouvelables pourtant « gratuites », je ne parle pas du coût moyen du MWh produit (dont j’ai déjà dit qu’il est déjà descendu aujourd’hui à 54 Euros pour l’éolien et le PV au sol en France) mais de la gratuité de la ressource renouvelable (vent, soleil) dont il serait absurde de se passer pour produire l’électricité propre et renouvelable pour laisser la priorité à l’électricité nucléaire, non gratuite (uranium, combustible nucléaires, déchets nucléaires), parce que nos vieux réacteurs nucléaires ne supportent plus la modulation de leur puissance du fait de leur cuves fragilisées par 40 ans d’irradiation. Ce serait une situation absurde, convenez-en : on investirait alors dans les énergies renouvelables pour devoir les arrêter une bonne partie du temps, à cause de l’incapacité du vieux parc de réacteurs nucléaires à suivre la charge variable (demande et production) du réseau électrique ! Comment préparerons-nous alors la relève des vieux réacteurs qu’il va bien falloir arrêter bientôt les uns après les autres, si nous ne laissons pas rapidement notre pays moderniser son réseau, installer les réseaux décentralisés intelligents couplés (électricité, chaleur, froid, gaz + mobilité) alimenté par nos énergies renouvelables dont la France regorge sur tout son territoire ? Croyez-vous qu’il faille risquer l’accident nucléaire majeur en France en poussant les vieux réacteurs bien au-delà de la durée pour laquelle ils étaient conçus au départ (30 ans, déjà poussés à 40 ans) avec tous les coûts induits que cela représente (grand carénage post-Fukushima, stockage des déchets, risques de pannes ou d’arrêt pour défaut systémique), au lieu d’investir intelligemment et efficacement pour créer le système énergétique performant qu’un pays moderne comme la France devrait être le premier à installer (le Danemark a commencé il y a plus de 20 ans et dépose les brevets !) et le million d’emplois pour nos jeunes et nos chômeurs ? Il est paradoxal, avouez-le, de prendre en exemple une dictature communiste comme modèle de sûreté et de transparence pour l’EPR, quand la France et la Finlande n’ont pas fait encore la preuve depuis 10 ans qu’un réacteur EPR peut fonctionner normalement SANS RISQUES de rupture de cuve ou de couvercle dont il a été prouvé que les ségrégations carbone peuvent conduire à un risque de rupture brutale par choc froid sous pression, alors que les cuves EPR de Taïshan et de Flamanville sont les mêmes. Il faut croire que l’on est moins regardant sur la sécurité en dictature communiste… Enfin, votre dédain pour le Danemark est bien triste, et caractéristique de cette arrogance de la technocratie française qui préfère s’adonner à l’autosatisfaction et à une forme de croyance religieuse dans une foi nucléaire tout à fait démesurée et scientifiquement infondée (Fuskushima peut survenir aussi en France, l’ASN et l’IRSN le savent et le reconnaissent). Je n’ai pour ma part, en tant que scientifique, chercheur et professeur, aucune idéologie scientiste ni politique (je n’appartiens à aucun parti et je me tiens le plus éloigné possible de tout engagement politique, de tout esprit partisan, de toute démesure), mais l’esprit critique que tout scientifique se doit de garder constamment pour rester dans la mesure, le pragmatisme et le réalisme. Le Danemark, c’est une grande région française : c’est précisément à cette échelle qu’il faut étudier la cohérence des systèmes énergétiques intelligents renouvelables, et leur retour d’expérience est absolument édifiant. Je vous rappelle que le Danemark est le deuxième publieur de l’OCDE en termes de recherches sur les énergies renouvelables et les Smart Energy Systems (SES). Je pense que nous éviterions à notre pays de bien lourdes désillusions, pertes de temps, pertes d’énergie, pertes financières et d’immenses retards en lui évitant l’aventurisme d’une fuite en avant nucléaire sans autre objectif que de « maintenir debout la machine nucléaire comme un cycliste qui tombe s’il s’arrête ». Les fiascos industriels de l’EPR, du surgénérateur de Creys-Malleville, du Concorde, et bientôt de Cigéo plombent notre pays au lieu de l’aider à préparer les solutions du présent et du futur. Seule la conscience des choix, basée sur l’analyse critique et ouverte et holistique des systèmes PRIS DANS LEUR ENSEMBLE peut garantir le choix optimal, réaliste pour fonder les prospectives à long terme (en prenant en compte les implications climatiques mondiales). Bien cordialement Pr Thierry de LAROCHELAMBERT
Bernard Tamain
Scientifique moi-même et, comme vous, Professeur d’Université, je comprends très bien vos critères de démarche scientifique. Dans toute démarche scientifique, il faut d’abord analyser les hypothèses faites et leurs conséquences. Dans le cas de RTE, les scenarii ont été faits dans le cadre des objectifs de la loi sur la transition énergétique : division par 2 de la consommation d’énergie finale en 2050. Cette diminution très forte implique une baisse de la consommation d’électricité, prise comme hypothèse de départ dans les scenarii RTE ou dans ceux de l’ADEME avec laquelle j’ai eu un débat (au nom de l’Association « Sauvons le Climat ») dans lequel il est apparu clairement cette hypothèse de départ. C’est elle qui est irréaliste compte tenu de la croissance de la population, du développement des véhicules électriques, du nécessaire passage du gaz aux pompes à chaleur pour le chauffage, de la relocalisation nécessaire d’une partie de la production industrielle et de la croissance des besoins en technologies nouvelles, toutes fondées sur l’électricité. L’amélioration de l’isolation des logements, absolument nécessaire, sera limitée pour les logements déjà chauffés à l’électricité car ils sont déjà relativement isolés. Au total, la consommation d’électricité doit croïtre pour transférer sur ce vecteur les formes d’énergie polluantes ou émettrices de gaz à effet de serre. Il est vrai que le scenario AMPERE est le plus raisonnable sauf sur cet aspect importations/exportations qui, lui, est totalement irréaliste si tous les pays ont trop misés sur les mêmes énergies intermittentes. Notez aussi que ce scenario maintient 57% de consommation électrique utilisant le nucléaire (46% pour ce qui est de la production). Je comprends mal votre acharnement contre le chauffage électrique qui est très propre, énergétiquement très rentable si on utilise des pompes à chaleur, et très facilement modulable ou effaçable avec les compteurs dits intelligents puisque l’on peut alors utiliser le fait que la chaleur se stocke facilement (dans les ballons d’eau chaude ou dans les structures des bâtiments), permettant de lisser la pointe de 19h en hiver si l’isolation des logements est correcte. Evidemment, et je vous rejoins sur ce point, il ne faut pas faire que du chauffage électrique et développer autant que faire se peut les réseaux de chaleur. Cette solution est adaptée en ville et peut être assurée par la biomasse (mais attention à la pollution associée en particulier via les particules fines), mais aussi par l’utilisation de la chaleur résiduelle des centrales nucléaires. Cette dernière solution, développée dans d’autres pays, pourrait absolument l’être aussi en France et une étude de l’ANCRE a été faite sur ce point pour étendre aussi ce concept à la production de chaleur industrielle. La durée d’amortissement des installations est de moins de 10 années et le rendement global est excellent, son seul inconvénient étant la réduction nécessaire du rendement de production d’électricité nécessité par une source froide à plus haute température que dans les fonctionnements actuels. La complémentarité de l’éolien et du solaire pourrait être appréciée à ce niveau. Sur le stockage de l’électricité, je vous avais bien lu, mais le problème est qu’il faut disposer à chaque instant de la puissance nécessaire et de la quantité d’électricité déstockée nécessaire. Dix millions de voitures fournissant 10kWh (Une petite centaine de km d’autonomie en moins), ne représentent que 100GWh, soit 5% de la consommation électrique journalière d’hiver. Et vous supposez implicitement que, chaque jour, il est possible des recharger ces batteries. Si on s’appuie essentiellement sur l’éolien (le solaire d’hiver est très faible), que faites-vous en cas d’anticyclone de 2 semaines sans vent sur toute l’Europe? Les STEPS font aussi ce chiffre de 100GWh, mais c’est aussi un fusil à un coup. Quand elles sont vides, c’est fini. Le problème est donc, entre autres, la continuité du service. RTE fait l’hypothèse que la puissance éolienne garantie est de 10% de la puissance nominale. Or il arrive que cette proportion tombe au pourcent ou en dessous. D’ailleurs, les Allemands, eux, considèrent que seulement 1% de la puissance éolienne installée est garantie. Le stockage de l’électricité doit être maîtrisé sur des temps courts (journée), moyens (anticyclone de 2 semaines), ou longs (inter-saisonnier) au moins dans les pays qui ont des différences fortes entre été et hiver. On ne sait tout simplement pas le faire au niveau inter-saisonnier et c’est sans doute la chaleur que l’on sait le mieux stocker sur ces périodes. C’est d’ailleurs le principe de ce qui est appelé abusivement géothermie de surface : on stocke dans le sol la chaleur de l’été pour la restituer l’hiver : c’est très bien mais non généralisable. Vous vantez la biomasse et le biogaz : d’accord, sauf que le potentiel de développement est limité et ENGIE qui développe une communication massive pour cette énergie oublie cette limitation (mais il s’en moque car il vend du gaz dit naturel) en oubliant aussi que le gaz naturel contribue beaucoup aux émissions de gaz à effet de serre, par sa combustion et aussi par les fuites inhérentes à sa distribution, fuites toujours ignorées et qui risquent de mettre le gaz au niveau du charbon pour ce qui est du réchauffement climatique. Le gaz n’est donc pas, et de loin, un mode de production idéal. Vous dites que « le maintien du parc nucléaire actuel obligera à effacer des productions renouvelables pourtant « gratuites » ». Vous savez pourtant bien que les productions éoliennes et solaires sont prioritaires sur le réseau et que le nucléaire n’arrive qu’ensuite. Si on installe trop d’éolien ou de solaire, il faudra écrêter leurs productions quand elles dépasseront la demande, mais cela n’a rien à voir avec le nucléaire qui viendra seulement en cas de manque. Cette situation est d’ailleurs aberrante au niveau économique puisqu’elle revient à accroître le coût du kWh nucléaire qui reflète non pas celui du combustible (négligeable) mais celui de l’investissement qui n’est plus rentabilisé si le taux d’utilisation baisse à cause d’une saturation du réseau par les énergies intermittentes. Il est clair que le nucléaire n’est pas rentable si les réacteurs ne fonctionnent que moins de la moitié du temps, seulement pour résoudre le problème d’intermittence de l’éolien et du solaire. Vous dites que les réacteurs nucléaires actuels vont devenir dangereux à cause de l’irradiation de la cuve aux neutrons. Sachez que tout cela est clairement maitrisé et contrôlé par l’ASN. Sachez aussi que les bons ingénieurs du nucléaire ont trouvé des modes de production qui minimise les flux de neutrons à la cuve. Sachez enfin qu’on saurait même recuire des cuves en cas de besoin (cela a été déjà fait). La situation est donc clairement sous contrôle. Quant aux coûts, il faut comparer ce qui est comparable : c’est-à-dire les coûts par MWh produit. Et, grand carénage compris, désolé, c’est actuellement le nucléaire qui est le meilleur. 42€ du MWh est le prix de l’électricité vendue par EDF à ses concurrents qui ne font rien d’autre que revendre plus cher. Vous dites que l’éolien est à 54€ ; Ce n’est pourtant pas le prix d’achat qui lui est garanti et pourtant, ce prix n’inclue pas la gestion de l’intermittence, ce qui fausse complètement la démonstration. D’ailleurs, les concurrents d’EDF supplient les autorités d’imposer à EDF de leur vendre plus d’électricité nucléaire… A 42€/MWh, ça vaut le coup ! Les lobbies ne sont pas où l’on croit. Je n’ai aucun dédain pour le Danemark : vous avez mal lu. Je dis simplement que sa petite taille lui permet de bénéficier du potentiel hydraulique énorme de la Scandinavie. Le fait que le Danemark ait une production éolienne relative forte n’est tout simplement pas transposable à un grand pays (France et surtout Allemagne) qui dispose d’une hydraulique limitée. Vous devez penser que je suis un pro-nucléaire. Ce n’est même pas le cas. Je suis simplement spécialiste universitaire du nucléaire (j’ai fait toute ma recherche dans ce domaine) et je connais les forces et faiblesses qui y sont liées. Je dis simplement que l’on n’a pas le choix. Ou bien on accepte une décroissance destructrice, ou bien il faut disposer d’une énergie suffisamment abondante, fondée sur une électricité propre qui permette de préserver le climat. La nature nous a appris, par les ordres de grandeur qu’elle impose, que le nucléaire est la seule forme abondante et durable permettant une production électrique pilotable suffisante. Ceci ne veut pas dire que éolien et solaire sont inutiles mais … ils sont intermittents et l’étude de RTE R&D situe à 40% la pénétration d’électricité intermittente ne posant pas de problème majeur de stabilité du réseau. La question qui se pose alors est celle de l’acceptabilité au niveau écologique et de santé publique. Au niveau écologique, les problèmes sont surtout pour les mines d’uranium, comme d’ailleurs pour toutes les mines des métaux rares utilisés dans les éoliennes. Ce problème des mines est un argument pour passer aux réacteurs à neutrons rapides (comme Super Phenix et Phenix qui fonctionnaient très bien après les problèmes de jeunesse) car, pour ces réacteurs rapides, on a déjà sur étagère le combustible nécessaire pour 5000 ans !. Dans la suite du cycle nucléaire, il n’y a pas de problème en fonctionnement normal, la question des déchets étant parfaitement sous contrôle dans un projet comme celui de Cigeo. Sachez à ce niveau que la nature nous a même montré la marche à suivre. Elle a fait fonctionner des petits réacteurs à Oklo il y a 2 milliards d’années. Ils ont dégagé 100TWh d’énergie nucléaire et leurs déchets transuraniens (ceux qui ont des périodes très longues et qui inquiètent certains) sont restés sur site car ce sont des éléments très peu mobiles qu’il est facile de confiner. Le site de Bure ne fait que suivre cet exemple de la nature. Reste la possibilité d’accident qui revient seulement au risque de dissémination des déchets contenus dans un réacteur. A ce niveau, il faut savoir que l’accident de Fukushima s’est déroulé en France au Blayet pendant la tempête de 1999 qui a conduit, comme à Fukushima, à une inondation de réacteur. Ce problème n’a pas eu de conséquences car l’alimentation électrique de secours par diesel non inondable avait été prévue en France (pas à Fukushima). Il a donc été possible de maintenir le refroidissement qui est la parade absolue à l’accident. Depuis, EDF a aussi créé des cellules d’intervention rapides pouvant en 24 heures assurer le refroidissement de tout réacteur accidenté. Sachez aussi que si l’accident de Fukushima s’était passé en France, les filtres à sable installés sur les réacteurs auraient réduit les fuites d’un facteur 100. Sachez enfin que les explosions subies à Fukushima étaient dues à l’hydrogène libéré par action de l’eau sur le zirconium des tubes de combustibles. Cet hydrogène aurait, en France été adsorbé par des adsorbeurs passifs non installés à Fukushima ; il n’y aurait pas eu d’explosion. Sachez enfin que les conséquences épidémiologiques de l’accident du Fukushima sont celles de l’évacuation et non celles de la radioactivité. Les dernières données publiées par l’IRSN indiquent que, contrairement à Tchernobyl, il n’apparait aucune déviation statistique de cas de cancer de la thyroïde par rapport à une population témoin. Quant à l’évacuation des terres, elle a été exagérée à cause de la panique du moment. La dose reçue par la population est en moyenne de 0,8mSv sur les 4 mois qui ont suivi l’accident. La valeur maximale reçue est de 25 mSv. Ces chiffres doivent être comparés à des valeurs naturelles de 2 mSv annuel subies en région parisienne, de 70 mSv (naturels !) par an subies à Ramstar en Iran, de 10mSv d’un scanner, sachant que l’on n’a jamais constaté d’effet néfaste d’irradiation en dessous de 70mSv. Ma conclusion est bien sûr qu’il faut tout mettre en œuvre pour rendre quasi-impossible une catastrophe, ce qui sera fait en France si on ne décourage pas les jeunes brillants d’apporter leur compétence à cette industrie.
Pr T de Laroch…
Cher Collègue, je viens de survoler rapidement votre développement et j'y répondrai à tête reposée dès que j'aurai un peu de temps, mais la situation fait que je suis beaucoup trop pris aujourd'hui. Juste un point sur lequel il semble que vous ne m'ayez pas bien compris: quand je parle du "chauffage électrique", il s'agit bien évidemment du chauffage par effet joule (convecteur ou radiateur électrique), pas des pompes à chaleur dont je suis partisan pour supprimer précisément le chauffage électrique en connectant les bâtiments et logements concernés à des réseaux de chaleur urbain alimentés simultanément par pompes à chaleur industrielles, chaufferies biomasse-biogaz, chaleur solaire, chaleur fatale. Pour les maisons isolées, une pac géothermale et/ou un chauffage solaire sont bien plus efficaces également que le chauffage électrique dont je prône l'élimination la plus rapide possible, en même temps que l'obligation d'isolation thermique (financement CDC + régions), précisément pour accroître l'efficacité énergétique de notre pays, diminuer la consommation électrique, baisser fortement la puissance appelée en hiver qui plombe notre réseau RTE et qui coûte cher en électricité importée (et parfois charbonnée). Je reprendrai ma réponse plus tard. Bien cordialement Pr TdL
studer
Votre titre de professeur ne doit certainement être lié à une activité scientifique, vu les énormités que vous débitez. Et vous n'avez pas lu (ou pas compris ?) les arguments très clairs et factuels de ce document rédigé par de vrais scientifiques, pour le coup. Sans vouloir égaler la longueur de votre logorrhée, voici quelques remarques : - le nucléaire émet en moyenne 6 g CO2/kWh, si on en croit l'ADEME qui n'est pas spécifiquement défenseur du nucléaire (source parlementaire : https://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ190209117.html). Soit un peu moins que le solaire et l'éolien seuls, mais leur intermittence nécessitant le recours à des centrales au gaz pour les soutenir en période de météo défavorable, leurs émissions réelles sont bien plus élevées. - pour l'incidence sur ces émissions de l'arrêt de Fessenheim : lors des pointes de consommations électriques d'hiver (80 à 100 GW) le nucléaire seul (moins de 63 GW) ne suffit pas, même avec l'apport de l'hydraulique. Il faut donc soit démarrer des centrales au gaz, soit importer de l'électricité très carbonée d'Allemagne notamment. En dehors de ces pointes, on arrive à exporter (en Allemagne notamment !) une énergie décarbonée. Si on supprime Fessenheim il faudra importer davantage d'énergie carbonée lors des pointes d'hiver, et exporter moins d'énergie nucléaire décarbonée en demi-saison, ce qui obligera nos amis Allemands à faire tourner encore davantage leurs centrales au charbon. Avez-vous compris ? - où avez-vous vu qu'EDF s'est vue effacer des dettes sous Giscard ?? Le parc nucléaire actuel, né en effet sous ce président, a fait uniquement appel à des emprunts émis par EDF car son actionnaire (l'Etat) dont c'est pourtant le rôle, a été défaillant. Donc l'Etat (ou plutôt le contribuable) n'a jamais financé le nucléaire, ce sont les consommateurs au travers de leurs factures (comme pour tout produit) qui l'ont fait. Quelques recherches sérieuses (site de la Cour des Comptes par ex, surtout pas sur les réseaux sociaux !!) devraient vous en convaincre... - un réacteur seul est en effet rarement disponible à 100 %, ne serait-ce que parce qu'il lui faut s'arrêter périodiquement pour renouveler son combustible. Mais 58 réacteurs gérés comme une flotte sont TOUJOURS suffisamment disponibles pour répondre aux besoins. Avec l'éolien par ex., quand le vent est absent, pas d'électricité même avec des milliers d'éoliennes. C'est plus clair ? - vous n'avez rien compris (ou rien voulu comprendre) à l'indemnisation d'EDF pour l'arrêt de Fessenheim que vous confondez avez les provisions réalisées pour son démantèlement. C'est pourtant simple : cela correspond au "manque à gagner" pour EDF dont l'outil de production, aux dires de l'ASN, aurait pu encore fonctionner 10 ou 20 ans de plus et ainsi rapporter des bénéfices à son propriétaire. C'est bon maintenant ? Cette lettre est donc non seulement totalement pertinente, mais son ton est modéré en comparaison des provocations des ministres et parlementaires qui se glorifient de leur forfait. Si je l'avais écrite, j'aurais même rajouté un autre argument majeur : la ministre Borne affirme qu'elle a ordonné à EDF de ne licencier aucun salarié suite à l'arrêt de l'usine. D'abord cette dame n'est pas le PDG d'EDF-SA et n'a pas à se mêler de la gestion d'une entreprise, même quand l'Etat en est l'actionnaire principal. Mais surtout EDF n'a jamais licencié personne et le personnel de Fessenheim encore moins, vu son haut niveau de technicité. Il sera donc redéployé dans d'autres centrales, faisant ainsi barrage à un millier environ de jeunes qui auraient pu y être embauchés. Quand au personnel de Fessenheim appartenant à des entreprises privées, il ne lui restera que ses yeux pour pleurer. Cela aussi aurait mérité d'être souligné et dénoncé dans une période où le chômage est endémique. J'espère que tout est plus clair pour vous à présent. Bonne soirée.
Thomas
Encore une intervention pleine de méprise et d’arrogance. Ça résume assez bien quasi toutes les positions des défenseurs du nucléaire, c’est surprenant. Pour corriger vos absurdités, le bilan carbone d’un mode de production d’énergie est pris seul en fonction de l’energie nécessaire à sa fabrication, son exploitation et son démantèlement. Ainsi, dire comme vous le faites que le bilan carbone de l’eolien ou du solaire devrait être plus élevé que ceux évoqués par l’ademe (ou toutes les autres publications qui le confirment) est une erreur grossière. En effet vous confondez le bilan carbone d’un mode de production d’energie a celui d’un mix énergétique. Rien que cette erreur discrédite tout votre discours de donneurs de leçon. En effet un mix énergétique composé de nucléaire et de charbon est plus défavorable qu’un mix nucléaire/EnR.
studer
Mon intervention était relative aux absurdités du pseudo professeur ci-dessus qui, comme malheureusement beaucoup d'intellectuels autoproclamés, n'ont jamais vu une centrale et connaissent très mal les problématiques industrielles. En outre je ne confonds aucunement le bilan carbone de l'éolien ou du solaire avec celui d'un mix où ils seraient présents : je dis simplement qu'ils induisent par leur intermittence la nécessité de disposer du secours d'autres sources pilotables, le nucléaire en étant évidemment une. Mais si on la supprime comme c'est le cas en Allemagne et que cela pourrait le devenir en France, il sera nécessaire de revenir au gaz dans la mesure où les capacités hydrauliques sont insuffisantes et où on exclut légitimement le charbon. Et dans ce cas on aura remplacé le nucléaire très peu émetteur par un mix éolien/gaz beaucoup plus émetteur. Cela vous convient ? Mais pour conclure, je suis tout à fait d'accord avec vous qu'il vaut mieux un mix nucléaire/EnR qu'un mix nucléaire/charbon... du point de vue environnemental (CO2 émis). Tout dépend ensuite de la composition de ce mix nucléaire /EnR car intervient un autre facteur, lui aussi lié à l'intermittence de l'éolien ou du solaire : la capacité à satisfaire la demande en toutes circonstances, l'hiver notamment. Avec 75 % de nucléaire et pas trop de souci sur la gestion des centrales, on y est toujours parvenu (en 2012, la pointe à 102 GW a quand même bien failli provoquer un blackout). Avec 50 % de nucléaire (et le même taux de soucis sur le fonctionnement des centrales) et beaucoup plus d'EnR intermittentes, si on ajoute un anticyclone qui inhibe l'éolien ce qui est fréquent par période de froid intense, on va au tapis, c'est sûr ! C'est la raison pour laquelle, prenant en compte l'arrêt de Fessenheim, le RTE commence à paniquer en demandant au gouvernement de ne pas arrêter les dernières centrales au charbon françaises avant 2026 !
Thomas
même si ça ne me concernait pas, il ne me semble pas nécessaire d’etre insultant comme vous le faites. Par ailleurs, la personne que vous insultez n’a clairement pas l’air d’être un pseudo professeur auto-proclamé et ses interventions sont largement plus étayées techniquement que la tribune des anciens directeurs de centrales. Ensuite, qq points: - le nucléaire n’est pas pilotable comme vous le dites mais l’hydraulique oui. - les analyses Rte sont faites pour savoir quel mix peu carboné est possible à moyen et long termes. Toute insinuation comme la vôtre et comme celle des auteurs de la tribune n’a pas de sens car elle repose sur un sentiment. Votre phrase: « on aura remplacé le nucléaire par un mix éolien gaz » est donc complètement hors contexte puisque le mix visé en 2035 par exemple est bcp plus varié et maintient encore une grosse part de nucléaire. La suite est du même acabit : «si on ajoute un anticyclone ce qui est fréquent par période de froid intense on inhibe l’eolien ». Donc vous avez réalisé une analyse météo long terme pour estimer le nombre de périodes anticycloniques en périodes de froid? Et vous avez considéré le solaire au même moment? Quand bien même, lorsque l’on voit les tendances de ces derniers hivers, on peut se demander si on aura à nouveaux des hivers rigoureux.. et si ça se trouve, les pointes vont se multiplier en été plus qu’en hiver.. au moment ou les centrales nucléaires devront gérer les sujets de refroidissement des réacteurs avec des fleuves de plus en plus secs..
Jean-Mathieu Fallard
Tout à fait d'accord, je rajoute 1/que le nucléaire fonctionne à la même puissance la nuit = pas économique 2/si les français en possèdent 80% et que les français versent une indemnité aux propriétaires...où est le problème ? 3/ le signataire est un ancien directeur de centrale (comprendre très competent) on aurait dû mal à croire que l'EPR est construit par des personnes compétentes ! Surtout vu de l'étranger. Arrêtez le blabla sur cet excellent site, sous prétexte de libre expression on publie des articles "lobbyistes"...
JEAN
Bonjour, je ne suis pas pro-nucléaire, les déchets radioactifs restent un problème sans autre solution que l'enfouissement (sauf à mettre en œuvre la transmutation par laser des déchets que propose le nobelisé Pr. Gérard Mouroux) mais les centrales nucléaires de production électrique existent, pour encore longtemps (le temps que la dernière de nos actuelles centrale soit démantelée, fin du 21ème siècle ?). A quoi rime la fermeture de celle de Fessenheim alors que l'ASN ne l'a pas décidée et ordonnée ? Si les politiques interviennent dans ou contre les avis scientifiques d'une agence indépendante créée par l'Etat pour contrôler, prescrire et exiger les travaux correctifs, valider ou interdire toute centrale nucléaire en fonction, qui des politiques ou des scientifiques dois-je croire ?
EtDF
Texte sobre et précision, vision très objective car savante. A opposer à l'hypocrisie gouvernante et aux sectaires du paganisme écologiste. Mérite d'être très largement diffusé et pourquoi pas en faire l'objet d'un référendum citoyen.
Thomas
pfff.. cette "tribune" venant de la part de tous ces anciens du nucleaire est une bien belle rigolade. Encore une fois ces messieurs ne trouvent pas mieux que d'opposer nucleaire et renouvelables alors que le mixte actuel montre que les 2 fonctionnent bien ensemble et permettent de compenser la fermeture des centrales thermiques. Ces messieurs ne semblent pas lire les etudes et rapports de Rte et font tout comme les opposants aux EnR, en citant le cas allemand. Sauf que si ils voulaient etre juste, ils diraient que les EnR en Allemagne ont permis justement de compenser la baisse du nucleaire sans augmentation des emissions de CO2. Dans tous les cas, le cas francais est different et permet justement de reduire raisonnablement le nucleaire qui possede d'enormes enjeux externes que ces messieurs oublient deliberement de parler. Il est facile visiblement de parler d'intermittence des EnR mais semble difficile d'admettre que la filiere qui les a nourri n'a pas que des avantages. Limiter le sujet aux emissions de CO2 est facile mais exclut du debat l'ensemble des problematiques fortes du nucleaire. Par ailleurs, a partir du moment ou le démantèlement est une phase aussi critique et longue que la phase de construction, il semble raisonnable de demarrer cette tache dès maintenant pour maitriser le sujet au moment ou les nombreuses autres centrales devront a leur tour etre démantelées. Enfin, bien sûr que la décision d'arrêter est politique mais alors? Les décisions en matière d'energie sont effectivement toutes politiques, comme celle d'avoir lancé le programme nucleaire francais dans les annees 70. Et donc? Ces messieurs la remettent-ils en cause? Dernier point: si ces messieurs etaient si concernés par le climat, ils auraient pu prévoir que la solution a l'epoque aurait ete de miser sur la sobriété energetique en developpant un systeme energetique vertueux limitant les consommations et non un systeme nucleaire surcapacitaire. Mais reconnaissons que lorsque les salariés EDF même a la retraite (donc les auteurs de cette tribune) ne payent que 10% de leur facture, la notion de sobriété energetique n'est pas dans l'esprit de la maison... https://www.leparisien.fr/amp/economie/electricite-quels-sont-les-avantages-des-salaries-d-edf-31-05-2019-8083647.php
Stéphane B.
Bonjour, j'apporte une correction majeure à vos dires concernant la fin de votre 2ème paragraphe, l'Allemagne compense sa baisse du nucléaire en remettant en service les centrales à charbon et dont la dernière en date toute neuve de 1085MW le jour où la Tranche 1 de Fessenheim s'est arrêtée définitivement. Hasard ? Perso je n'y crois plus à ce niveau. Les EnR en Allemagne il y en a comme en France mais ça ne compense qu'une infime partie du nucléaire. Dire que ça compense de manière implicite l'ensemble de la production nucléaire allemande est une grossière erreur car depuis la décision d'arrêter le nucléaire le taux de CO2 dans l'atmosphère côté allemand (et faut pas se leurrer qui vient aussi faire un tour dans l'hexagone) a grimpé en flèche à cause principalement des centrales à charbon. Il faut un mixte énergétique mais cohérent et non utopique. Dire que les EnR actuelles compensent l'arrêt du nucléaire ça me fait bondir, désolé.
Thomas
https://decrypterlenergie.org/la-sortie-du-nucleaire-en-allemagne-entraine-t-elle-une-hausse-des-emissions-de-co2 Ok et ces éléments sont donc faux?
Thomas
D’accord donc toutes les sources de l’article sont fausses? Et donc pour vous l’avis sans aucune source de ces retraités du nucléaire serait plus objectif ?!
Daniel SCHRICKE
Je crois que "Rblase" vous a répondu ? Je m'apprêtais à vous répondre la même chose ! NEGAWWATT est à peu près aussi objectif que peut l'être Mr Bal, Président des ENR, qui est le lobbyiste par excellence de son juteux "fond de commerce" ! Mais, pour en revenir au "sujet", comment expliquez-vous que le Kwh Allemand produise toujours (malgré les grands progrès évoqués !) 80 % de GES de plus que ce turbulent voisin Français, (décidément très mauvais élève ?), avec, cerise sur le gâteau, un prix du Kwh supérieur de 70 % par rapport à son homologue français ? A quand remonte la dernière fermeture de centrale nucléaire en Allemagne ? Et comment expliquer la mise en service récente d'une grosse centrale charbon ? Ou serait donc "l'erreur" ?
Thomas
Et donc si on raisonne comme vous, quel crédit peut on donner à un groupe d’anciens du nucléaire? Donc si on résume: ceux qui bossent dans les ENR ne peuvent pas donner d’avis car c’est forcément faussé et orienté ; mais ceux qui bossent dans le nucléaire le peuvent car ce sont des vrais experts sans aucun intérêt derrière ? C’est pas un peu facile comme raisonnement ?! Merci de votre retour sur ce point. Et Encore une fois arrêtez avec l’Allemagne! La France n’est pas l’Allemagne et l’objectif n’est pas d’arrêter brutalement le nucléaire mais de le réduire. Pourquoi vouloir opposer systématiquement EnR et nucléaire, c’est agaçant.
AtomicBoy44
IL n'est même pas de l'arrêter tout court. Il faut immédiatement arrêter de prendre vos délires irrationnels pour des Réalitées. Je pense que la crise qui vient de faire tomber le commerce mondial et la croissance économique va se charger de rapperler a tous ce que signifie vraiment décroissance. Et dans un monde ou la démographie croit (au sens de croître), Vous verrez qu'il ne faut pas moins d'énergie et que ces gadgets a 1.5 ou 2 millions d'euros pièce ne sont que des attrapes-nigauds. je vous propose la lecture de ce monsieur qui répondra sûrement a vos assertions fausses sur l'alllemagne et aussi sur un grand nombre d'autres pays qui ont pris la même voi de la décroissance utopique du nucléaire, tout au moins en apparence. https://www.lepoint.fr/societe/le-nucleaire-a-sauve-deux-millions-de-personnes-05-04-2019-2306077_23.php Si le solaire et l’éolien sont si bon marché, pourquoi rendent-ils l’électricité si chère ? https://www.contrepoints.org/2018/04/27/315021-si-le-solaire-et-le-vent-sont-si-bon-marche-pourquoi-rendent-ils-lelectricite-si-chereusg=AOvVaw3rmBpcW96sbJnsdPb2vck4 Soyez écolo, prônez le nucléaire ! https://www.lepoint.fr/debats/soyez-ecolo-pronez-le-nucleaire-09-03-2019-2299505_2.php Son site qu'il alimente depuis des années : http://environmentalprogress.org/europe Quelques graphiques : http://environmentalprogress.org/germany http://environmentalprogress.org/france Mais vous pouvez aussi regarder ce logiciel Libre reprenant les statistiques de production électrique mondiale en temps réel : https://www.electricitymap.org/?page=country&solar=false&remote=true&wind=false&countryCode=DE A l"heure ou j'écris ces mots (17/03/2020 a 1h du matin), moins de 3GW de "production" éolienne sur les 60.8 GWe de puissance installée... Éolien, très très faible, Solaire V zéro (il fait nuit), Charbon 33% (16.5/24) et Gaz a 1 quart de la puissance (7/29) KWh a 409gCO2eq ... Nous sommes a 77g CO2eq grâce au nucléaire (65%) et l'hydraulique(16%) (le flotte du ciel qui trempe la France, ça fait du jus !), et les capacités ne sont pas au max 67% de la puissance nucléaire installée, et 40% de la puissance hydroélectrique installée. Eolien : 2/16.5 GWe de puissance installé ! 3% ! Ces deux 2GW de production sont plus cher que le poids en or de ces machines ! Les marchands de gaz, grand défenseur médiatique, politiques et même financiers (cf Mme Kocher qui fut encore récemment a la tête d'Engie), et de charbon sont vraiment trop fort pour cérébrolessiver les masses. Coluche serait encore vivant, il pourrait dire qu'elle est conne la voisine a pas vouloir prendre deux barils de lessive a la place d'un pour MOINS cher ! La voisine France est assez conne pour saboter son parc nucléaire performant et peut même l’être encore plus, comme les réacteurs allemands restants par exemple Toutes ces entraves juridiques, politiques, et médiatiques, qui ne cherchent absolument pas la sécurité mais faire peur a la populace (qui donne comme a l'église/mosquée) et coûtent des sous a EDF et AREVA, c'est a dire nous tous, consommateurs..., leurs objectifs sont atteints : Du pouvoir, des dons des plus crédules manipulés par l'émotion et surtout la peur, et une croyance aveugle entretenant des rhétoriciens, bientôt théologiens de la dictature verte. La grande prêtresse van Der Leyen ayant pris la tête de la dictature, pardon je m'égare, commission européenne (Chuuuuuutttttt, faut pas l'dire trop fort et trop souvent qu'ils ne sont pas élus, mais négociés ces postes de commissaires dictateurs) , Vous noterez au passage que le foisonnement, c'est de la rhétorique. pas de vent en France, pas de vent en Allemagne....Pas non plus en Belgique, pas non plus aux pays bas, et un peu au Danemark, mais j'aimerais bien que les photos du paysage danois circulent un peu plus sur les sites français. parc que quand on voir leur puissance installée qui sert a pomper le remplissage des barrages norvégiens a grands frais, mais c'est leur problème, ces photos disais-je donc donneraient une idée de ce que veulent nous balancer les antinucléaire pro-éolovoltaique de France te de Navarre. Pas de vent en Europe, si pas de backup =====>>>>>>>black out assuré. La production de base du réseau électrique européens synchronisé est incomparable en terme de services rendus et de stabilité du réseau. Toute comparaison doit être faite dans l’état actuelle des techniques et pas avec des hypothétiques avancées futures comme celles du stockage qui prendra des surfaces et engendrera aussi des risques énormes. Ce n'est JAMAIS ce que font les antinucléaires quand ils comparent les réacteurs nucléaires avec leurs centrales éolovolatiques favroqites. Des choux et des carottes comme disait mon instituteur....
Marie NADEAU
Bonjour, la fédération CGT des personnels des IEG a produit un film pour rappeler les étapes de transformation du mix énergétique français... il s’agit de « main basse sur l’énergie »a voir sur www.mainsurlenergie.com ou sur YouTube. Aurelien Bernier a écrit un excellent bouquin sur l’histoire de l’énergie dans le monde « les voleurs d’énergie »... les titres se ressemblent pourtant les projets n’étaient pas communs. Cela montre peut être que par delà les opinions, les faits éclairent !
studer
@Thomas, cette boule puante sur les salariés d'EDF rappelle celle de Fillon à propos de son concurrent, en référence au Gl De Gaulle. On connait la suite... Sortons donc du fossé et raisonnons sainement : on peut, du point de vue environnemental, baisser un peu la part du nucléaire et augmentant celle des EnR intermittentes. On compense une énergie non carbonée par une autre également non carbonée : ça marche, c'est juste un peu plus cher ! C'est quand on raisonne en puissance que ça ne marche plus : avec 50 % de nucléaire + 12 % d'hydraulique (EnR pilotable) on ne peut passer les pointes de consommation car les EnR intermittentes n'offrent aucune garantie, même pas 10 % de leur puissance max installée comme l'écrit le RTE. D'ailleurs cet organisme (dont le patron JF Brottes n'est autre que l'ancien député PS père de la LTECV rédigée essentiellement pour arrêter des centrales nucléaires, et auparavant ancien journaliste) commence à prendre peur : sans Fessenheim, le respect de l'équilibre production/consommation dont il est responsable pourrait ne pas être possible lors de pointes de consommation hivernales en l'absence de vent, d'où sa demande de maintenir les dernières centrales au charbon, qui devaient s'arrêter en 2020, en service jusqu'en 2026 ! Un comble, non ?
Thomas
Heureux de vois entendre dire qu’on peut effectivement baisser la part du nucléaire. Plus cher, je ne suis pas si sûr, du moins une fois que l’ensemble des projets initiaux auront fini leur tarif d’achat, les projets EnR seront quasi neutres en termes de coûts. On le voit déjà sur le solaire au sol où les tarifs d’appels d’offres avoisinent les 45€/Mwh. Même en rajoutant les coûts de réseau, on passe à 50 ou 55€.. cf. SDDR de Rte. Il n’y a pas de sens à commenter le cas Brottes qui n’est que de passage. Ce n’est pas Rte qui décide de la politique énergétique française, la DGEC demande des scénarios, Rte répond sur ce qui est faisable ou non techniquement. Par exemple, la baisse du nucléaire a 50% en 2025 a été décalée en partie grâce aux scenarios de Rte. Enfin si on lit les analyses de Rte pour les années à venir, la crainte vient essentiellement de l’inconnu sur Flamanville (défaillance EDF donc), des retards sur les parcs offshore à cause des recours (merci les opposants), des inconnus sur les duree d’arrets de tranches des réacteurs dû au grand carénage et du rythme de développement des ENR terrestres qui doivent réussir à suivre les perspectives établies (encore une fois ralenties pour l’eolien terrestre par des recours quasi systématiques déposés par dogmatisme et qui n’aboutissent généralement pas ou peu, mais n’ont d’autre but que de ralentir les projets).

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