Selon le scénario de référence de l'EIA, la production et la consommation américaines de pétrole et d'autres liquides pourraient respectivement augmenter de 17% et 15% d'ici à 2050, par rapport au niveau de 2021. (©ConocoPhillips)
L’EIA américaine (Energy Information Administration) a publié début mars son Energy Outlook 2022 dans lequel elle présente ses prévisions d’ici à 2050. Dans son scénario de référence (basé sur les lois et réglementations actuellement en vigueur(1)) dont nous vous présentons ci-après quelques grandes données, le mix énergétique des États-Unis ne connaîtrait pas de grands bouleversements.
Consommation d’énergie : le pétrole et le gaz toujours omniprésents en 2050
Selon le scénario de référence de l’EIA, la consommation américaine d’énergie pourrait augmenter de 12% d’ici à 2050, sous l’effet des croissances démographique et économique(2). Fait plus surprenant : la part du pétrole et du gaz naturel dans ce mix énergétique au milieu du XXIe siècle resterait quasiment identique au niveau actuel (69,4% en 2050 contre 69,5% en 2021).
La part du charbon dans le mix énergétique américain est envisagée en fort recul (5,7% en 2050 contre 11,2% en 2021) tandis que la consommation d’énergies renouvelables hors hydroélectricité et biomasse pourrait quasiment tripler dans les 3 prochaines décennies (atteignant 13,1% du mix énergétique américain en 2050). La part du nucléaire reculerait enfin dans ce scénario (de 8,4% en 2021 à 6,4% en 2050).
Précisons que l’EIA envisage une hausse de 17% de la production américaine de pétrole et d’autres liquides d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 2021) et de 24% pour le gaz (soit environ le double de la croissance de la consommation américaine de gaz durant cette période). La production de gaz naturel aux États-Unis en 2050 pourrait excéder de 25% le niveau de la demande nationale, permettant ainsi d'augmenter fortement les exportations américaines sous forme de GNL.
Production d’électricité : une forte progression des renouvelables, le gaz naturel toujours au cœur du mix
L’EIA envisage une hausse de 29,3% de la production américaine d’électricité d’ici à 2050, cette électrification n'étant pas totalement « décarbonée ». La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables pourrait certes quasiment tripler dans les prochaines décennies : les filières renouvelables compteraient pour 43,8% de la production américaine d’électricité en 2050 dans le scénario de référence de l’EIA, contre 20,9% en 2021. C’est le solaire photovoltaïque qui devrait connaître de loin la plus forte croissance : cette filière pourrait compter pour 51% de la production américaine d’électricité d’origine renouvelable en 2050, contre 19% en 2021 (en dépassant la production éolienne dès le début des années 2030).
Mais le gaz naturel resterait toujours de loin la principale filière productrice d’électricité aux États-Unis, comptant pour 34,1% du mix électrique américain en 2050 (contre 37,2% en 2021).
La production d’électricité des centrales à charbon américaines pourrait par ailleurs chuter de 45% d’ici à 2050 : cette filière pourrait toutefois encore compter pour près de 10% de la production totale d’électricité des États-Unis au milieu du XXIe siècle (contre 22,7% en 2021). Elle serait dépassée par le nucléaire malgré un recul de cet autre filière dans le mix électrique américain (12,2% de la production en 2050, contre 18,5% en 2021).
Émissions de CO2 liées à l’énergie : une trajectoire bien éloignée de la neutralité carbone...
Dans son scénario de référence, l’EIA envisage un pic des émissions américaines de CO2 liées à l’énergie en 2022 (4 884 Mt) : celles-ci pourraient par la suite baisser jusqu’au milieu des années 2030, avant de remonter légèrement jusqu’au milieu du XXIe siècle, en raison de la hausse de consommation de pétrole et de gaz attendue.
Autrement dit, l’EIA envisage dans son scénario de référence que les émissions américaines de CO2 atteignent encore 4 738 Mt en 2050, soit seulement 1,1% de moins que le niveau de 2021.
Précisons que l’EIA communique principalement sur son scénario de référence dans son Annual Energy Outlook tout en présentant également des évolutions alternatives (prix élevé du pétrole, développement accéléré des renouvelables, faible croissance économique, etc.).