Les États peuvent utiliser les leviers des taxes, de l'approvisionnement et des aides pour faire baisser le prix du gaz pour les consommateurs. (©Pixabay)
Au 2e semestre 2023, le prix du gaz en France pour les particuliers était en moyenne de 0,1181 € TTC par kWh, un niveau légèrement supérieur à la moyenne de l'Union européenne (0,1125 € par kWh). Selon les données d'Eurostat(1), l'augmentation des prix du gaz en France entre le 1er semestre 2019 et le 2e semestre 2023 a avoisiné 60%, soit légèrement moins que l'augmentation moyenne dans l'Union européenne (+ 68%).
Cette comparaison montre que bien que les prix du gaz en France soient légèrement plus élevés que la moyenne européenne en 2023, l'augmentation en pourcentage est inférieure à celle de l'ensemble de l'Union européenne. Autrement dit, la France a mieux réussi à contenir la hausse des prix du gaz par rapport à d'autres pays de l'UE.
Comparaison européenne des prix du gaz en 2023
Les prix du gaz ont fortement augmenté partout en Europe, essentiellement depuis la crise des prix de 2022. Une baisse devrait toutefois s'opérer en 2024.
En 2023, les pays où le gaz est le plus cher incluent la Suède, le Liechtenstein, l'Irlande, l'Italie, et les Pays-Bas. En Suède, le prix du gaz était de 0,2070 € par kWh au 2e semestre 2023, ce qui en fait le plus élevé d'Europe.
À l'inverse, c'est en Turquie que le prix du gaz était le plus bas : 0,0161 € par kWh. Au sein de l'UE, c'est en Hongrie que le prix était le moins élevé : seulement 0,0335 € par kWh. Le pays a su garder de bonnes relations avec la Russie. La Roumanie, qui couvre presque entièrement sa demande de gaz grâce à sa production interne, s'en sort également bien mieux que la moyenne européenne : le prix hors taxes du gaz est environ 4 fois plus faible en Roumanie que la moyenne européenne. Les producteurs dans ce pays ont l’obligation d’affecter une partie de leur gaz au marché interne.
Compte tenu des différences de développement entre les pays européens, il convient aussi, pour les comparer, de prendre en considération les prix rapportés au pouvoir d’achat. Au regard de ce critère, c’est au Luxembourg que les ménages paient le moins leur gaz en Europe.
Pays | Semestre 1 2019 | Semestre 2 2023 | Évolution (%) |
---|---|---|---|
France | 0,0738 € | 0,1181 € | 60,14% |
Union européenne - 27 pays | 0,0670 € | 0,1125 € | 67,91% |
Allemagne | 0,0632 € | 0,1145 € | 81,17% |
Autriche | 0,0660 € | 0,1477 € | 123,18% |
Belgique | 0,0554 € | 0,0994 € | 79,42% |
Bosnie-Herzégovine | 0,0335 € | 0,0514 € | 53,43% |
Bulgarie | 0,0449 € | 0,0783 € | 74,39% |
Croatie | 0,0375 € | 0,0457 € | 21,87% |
Danemark | 0,08855 € | 0,1220 € | 37,77% |
Espagne | 0,0736 € | 0,1010 € | 37,21% |
Estonie | 0,0458 € | 0,0791 € | 72,71% |
Géorgie | 0,0151 € | 0,0177 € | 10,59% |
Grèce | 0,0555 € | 0,0926 € | 66,85% |
Hongrie | 0,0346 € | 0,0335 € | -3,18% |
Irlande | 0,0683 € | 0,1638 € | 139,76% |
Italie | 0,0769 € | 0,1347 € | 75,16% |
Lettonie | 0,0446 € | 0,0901 € | 101,56% |
Liechtenstein | 0,0752 € | 0,2053 € | 173,15% |
Lituanie | 0,0450 € | 0,1454 € | 223,11% |
Luxembourg | 0,0448 € | 0,0850 € | 89,73% |
Macédoine du Nord | 0,0598 € | 0,0914 € | 52,84% |
Moldavie | 0,0297 € | 0,0894 € | 201,68% |
Pays-Bas | 0,0921 € | 0,1500 € | 62,83% |
Pologne | 0,0473 € | 0,0730 € | 54,32% |
Portugal | 0,0760 € | 0,1374 € | 80,74% |
République tchèque | 0,0586 € | 0,1125 € | 91,95% |
Roumanie | 0,0347 € | 0,0558 € | 60,80% |
Serbie | 0,0335 € | 0,0489 € | 45,97% |
Slovaquie | 0,0449 € | 0,0611 € | 36,08% |
Slovénie | 0,0572 € | 0,1107 € | 93,56% |
Suède | 0,1183 € | 0,2070 € | 75,06% |
Turquie | 0,0199 € | 0,0161 € | -19,10% |
Les plus fortes augmentations des prix du gaz ont été observées en Lituanie (+223%), en Moldavie (+201%), au Liechtenstein (+173%) et en Irlande (+139%). Ces hausses spectaculaires sont attribuées aux augmentations des coûts des importations et aux tensions géopolitiques depuis l'invasion de la Russie en Ukraine, et des politiques énergétiques nationales visant à diversifier les sources d'approvisionnement ou à réduire les émissions de carbone. De telles augmentations ont des implications significatives pour les économies locales, augmentant les coûts de production et de vie, tout en affectant le pouvoir d'achat des consommateurs.
Les pays qui à l'inverse ont le mieux résisté sur la période sont la Turquie (-19%), la Hongrie (-3%), la Géorgie (+11%), et la Croatie (+22%), en raison de subventions gouvernementales, de nouveaux accords d'approvisionnement favorables, et de régulations tarifaires visant à protéger les consommateurs et les entreprises contre les fluctuations de coûts trop sévères.
Prix du gaz en France en 2022, année de crise des prix de l'énergie
En 2022, le prix moyen du gaz naturel facturé aux ménages français s'est élevé, toutes taxes comprises, à 96 €/MWh PCS (pouvoir calorifique supérieur(2)), selon le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique(3). C'est 25% de plus qu'en 2021 (et qu'en 2020, les prix ayant stagné entre ces des années).
La hausse aurait dû être plus forte, mais elle a été réduite grâce à la mise en place d'un bouclier tarifaire. Cette intervention de l'État français a permis de contenir la hausse, faisant passer la France dans la moyenne basse des prix du gaz en Europe. En 2022, le prix du gaz dans l'UE avait augmenté de 40% en moyenne pour les ménages, pour s'établir à 98 €/MWh PCS.
La Suède, avec 273 €/MWh, avait le prix moyen le plus élevé en 2022, devant le Danemark et la République tchèque.
Comment expliquer ces écarts de prix ?
Ces écarts de prix entre les différents États membres s’expliquent « à la fois par les coûts de fourniture (en fonction notamment de la distance aux pays producteurs), ceux d’acheminement (pouvant dépendre de l’âge du réseau, de sa taille rapportée au niveau de la consommation, etc.) et la fiscalité ». Chaque pays est en effet libre de structurer les prix de son gaz comme il l'entend.
La France est généralement « pénalisée par un certain éloignement de ses principaux pays fournisseurs (Norvège, États-Unis, Algérie, Pays-Bas, Nigeria, Qatar) ainsi que par des coûts d’acheminement relativement élevés du fait d’une densité et d’une consommation de gaz par habitant plus faibles que la moyenne », précise le ministère de la Transition écologique qui fait état de :
- coûts de réseaux plus élevés que la moyenne (24/MWh contre 17€/MWh en moyenne en Europe) ;
- coûts de fourniture plus bas que la moyenne (47€/MWh contre 60€/MWh en moyenne en Europe) ;
- coûts de taxes plus bas la moyenne (15€/MWh contre 21€/MWh en moyenne en Europe).