
La supraconductivité pourrait permettre de transporter de l’électricité sans pertes en l’absence de résistance électrique. (©EDF-Stéphanie Jayet)
Un volume d’électricité produit ne peut être acheminé jusqu’au consommateur final sans « pertes en ligne » : « même si elles sont invisibles, les pertes d’électricité sont bien réelles et impossibles à éviter, mais on peut chercher à les réduire », souligne le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France métropolitaine RTE.
Pourquoi y a-t-il des pertes sur le réseau ?
L’essentiel des pertes en ligne (78% selon RTE(1)) est lié au passage du courant électrique dans les matériaux conducteurs qui lui opposent une résistance.
Cela provoque une perte d’énergie qui se traduit par un dégagement de chaleur. Ce phénomène d'échauffement des câbles est appelé effet Joule.
RTE souligne 3 autres causes de pertes d'électricité entre les lieux de production et de consommation :
- les pertes liées au passage du courant dans les postes de transformation du niveau de tension (environ 11% des pertes selon RTE) ;
- les conditions climatiques (près de 8% des pertes, en raison d'une décharge électrique entre l’air et le conducteur) ;
- le fonctionnement des postes de transformation eux-mêmes nécessite la consommation d’une part d’électricité (autoconsommation comptant pour environ 3% des pertes).
Taux de pertes sur les lignes en France
Pertes en ligne sur le réseau de transport
Sur le réseau de transport d’électricité (lignes à haute et très haute tension), RTE indique un taux de pertes « compris entre 2 et 3,5% de la consommation, suivant les saisons et les heures de la journée »(2). En moyenne, ce taux atteint 2,5%, soit environ 11,5 TWh d'électricité par an selon le gestionnaire de réseau.
Les pertes réalisées sont calculées comme « la différence entre les injections (productions injectées + importations physiques) et les soutirages (consommations soutirées + exportations physiques) aux bornes du réseau public de transport ».
Pertes en ligne sur les réseaux de distribution
Sur les réseaux de distribution, Enedis (qui exploite près de 95% de ces réseaux à plus faible tension) annonce que les pertes s’élèvent en moyenne à près de 6% de l’électricité acheminée. En 2020, ces pertes se sont par exemple élevées à 23,2 TWh(3).

En incluant l’autoconsommation des postes de transformation et les pertes dites « non techniques » (fraudes, erreurs humaines, etc.), les pertes d’électricité en France entre le lieu de production et de consommation avoisinent 10% en moyenne.
Suivi des pertes en lignes et communication
Depuis la loi du 10 février 2000, RTE a « l’obligation de veiller à la compensation des pertes d’énergie liées au transport de l’électricité ». Les pertes doivent être prises en compte pour maintenir en permanence l'équilibre offre-demande sur le réseau électrique.
RTE indique ainsi faire des prévisions chaque semaine des pertes « pour la semaine à venir [...] sur la base de prévisions de consommation, de production, et d'échanges ». Le gestionnaire de réseau communique lesdites prévisions en ligne chaque jeudi à 12 h (avec une révision à J-2 en fonction des dernières prévisions météorologiques).
Comment les limiter ?
À puissance délivrée égale, plus la tension est élevée et l’intensité réduite, plus les pertes en lignes (proportionnelles au carré de l’intensité) sont faibles.
Le courant transite donc sur les lignes électriques à haute et très haute tension sur le réseau de transport d’électricité français (63 000 à 400 000 volts). RTE indique ainsi pouvoir diminuer l’effet Joule « en faisant varier légèrement le niveau de tension ».
La distance parcourue par l'électricité entre points de production et de livraison impacte naturellement le niveau des pertes.
Sur les réseaux de distribution (acheminement à la plupart des consommateurs finaux), la tension est réduite et les pertes sont donc plus importantes.
Sur ces différents réseaux, le courant alternatif est utilisé en partie pour cette raison : il permet d’élever les tensions, de réduire les intensités donc de limiter les pertes.