COP25 à Madrid (décembre 2019) : une nouvelle occasion « ratée »

Madrid (source : Pixabay)

La COP25 s'est tenue à Madrid du 2 au 13 décembre 2019.

Contexte

Changements de pays hôte

Il avait été initialement décidé lors de la COP24 de Katowice que la 25e conférence de l'ONU sur les changements climatiques (COP25) se tiendrait au Chili (qui devait lui même remplacer le Brésil, pays hôte supposé qui avait renoncer à accueillir l'événement en novembre 2018 - officiellement en raison de « restrictions budgétaires » - après avoir élu comme Président Jair Bolsonaro, climato-sceptique notoire d'extrême droite).

Préparation de la COP à Bonn

En juin 2019, une session de négociations à Bonn (en préparation de la COP25) est jugée « très intense » par Patricia Espinosa, responsable climat de l'ONU.

L'Arabie saoudite s'y oppose à toute référence aux conclusions du rapport spécial 2018 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sur les répercussions d'un réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à la période préindustrielle (qui démontre que limiter le réchauffement climatique à 1,5°C plutôt qu'à +2°C permettrait de réduire fortement les impacts négatifs).  Lors de la COP24 fin 2018, les États-Unis, l'Arabie saoudite, la Russie, la Pologne le Koweït avaient déjà plaidé pour que les délégations « prennent note » de ce rapport du GIEC, rejetant la possibilité que ce dernier soit accueilli « favorablement » dans le texte final de la COP.

Les règles des mécanismes d'échange de quotas d'émissions carbone décidées dans le cadre de l'article 6 de l'Accord de Paris occupent aussi à Bonn les négociateurs, lors de discussions très techniques. Cet article prévoit que les pays puissent atteindre leurs objectifs de réduction des émissions via des mécanismes de transfert. Il s'agit d'en définir précisément les contours et d'empêcher que des réductions d'émissions soient comptées deux fois. « Si on rate la définition des règles liées aux mécanismes de marché liés à l'Accord de Paris, on crée un trou béant », met alors en garde Lucile Dufour du Réseau Action Climat (RAC). "On touche à sa crédibilité même." Les discussions ont aussi porté sur les "dommages et pertes" subies par les régions touchées par des catastrophes liées au réchauffement climatique. Avec la question sous-jacente : qui doit payer ?

Sommet à New York en septembre 2019

Avant la COP25, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué un sommet en septembre à New York sur le climat. Il appelle les pays à présenter des plans concrets pour réduire de 45% les gaz à effet de serre sur les dix ans à venir et pour les supprimer totalement d'ici 2050.

Un piètre résultat

Comme de nombreuses conférences climat de l'ONU, la COP25 n'a pas été jugée « à la hauteur de l'urgence climatique », selon de nombreux observateurs, avec un accord a minima, malgré un retard de plus de 40 heures par rapport au calendrier initial.

Le texte final appelle à « des actions urgentes » pour réduire l'écart entre les engagements et les objectifs de l'accord de Paris, mais dans un langage « tortueux », selon Catherine Abreu, du Climate Action Network. Le manque d'annonces significatives est déploré, alors que tous les États sont censés remettre une version révisée de leurs plans de réductions d'émissions d'ici à la COP suivante (COP26 de Glasgow).

« Ces discussions reflètent le décalage entre les dirigeants d'un côté et l'urgence montrée par la science et les demandes des citoyens dans les rues », résume Helen Mountford, du think tank World Resources Institute, estimant que l'esprit de l'Accord de Paris n'était plus qu'un « lointain souvenir ».

Cette COP « laisse un goût doux-amer », a ainsi regretté la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera. « La communauté internationale a raté une occasion importante de faire preuve d'une ambition plus grande en matière d'atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre), d'adaptation et de financement de la crise climatique », a par ailleurs réagi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à l'issue de cette COP.

Rapport de la Conférence des Parties sur les travaux de sa vingt-cinquième session, tenue à Madrid du 2 au 15 décembre 2019

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