Tests au sein de l'Idaho National Laboratory. (©CC BY 2.0 flickR-Idaho National Laboratory)
Le département américain de l’Énergie (DOE) a annoncé le 15 août le lancement d’un centre pour favoriser le développement des réacteurs nucléaires « avancés »(1). Explications.
Le « NRIC », un centre dédié au « déploiement de réacteurs avancés »
Le nouveau centre dit « NRIC » (pour National Reactor Innovation Center) a vocation à aider les entreprises privées développant des nouveaux concepts de réacteurs nucléaires, en leur permettant d’effectuer des tests dans les laboratoires publics américains, d’y valider leurs systèmes pour accélérer in fine l’obtention de licences et la commercialisation desdits réacteurs. Ce centre doit ainsi favoriser l'émergence de nouveaux concepts de SMR (Small Modular Reactors) et de micro-réacteurs dans les 5 ans à venir.
Doté d’un budget de 5 millions de dollars pour l’année fiscale 2020, le NRIC sera hébergé au sein de l’Idaho National Laboratory, principal centre de R&D dans le domaine du nucléaire aux États-Unis (le premier SMR de NuScale doit entre autres être construit sur ce site). Pour le secrétaire américain à l’Énergie Rick Perry, le NRIC doit – en facilitant « le déploiement de réacteurs avancés qui définiront le futur de l’énergie nucléaire » – faire des États-Unis le « leader mondial » dans ce domaine, en renforçant par la même occasion « l’indépendance énergétique » du pays(2).
Le lancement de ce centre fait suite à l’adoption du Nuclear Energy Innovation Capabilities Act (NEICA) en 2018(3) et au lancement de l’initiative GAIN(4) (Gateway for Accelerated Innovation in Nuclear) qui visent à supprimer les freins à l’innovation dans le domaine du nucléaire. Notons par ailleurs que les sénateurs démocrate Chris Coons et républicaine Martha McSally ont présenté en août le Nuclear Energy Renewal Act (NERA)(5) qui a également pour d’ambition de faciliter le déploiement des réacteurs nucléaires dits « avancés » tout en apportant un soutien au parc actuellement en service (avec notamment des programmes visant à réduire les coûts de maintenance).
Rappels sur le parc nucléaire américain
Les États-Unis disposent actuellement du plus grand parc nucléaire au monde, avec 97 réacteurs « fonctionnels » répartis entre 58 centrales (d’une puissance cumulée de 98,4 GW). En 2018, l’énergie nucléaire a compté pour 19,3% de la production américaine d’électricité (contre 71,7% en France métropolitaine).
La très grande majorité des réacteurs nucléaires américains sont situés dans l’est du pays. (©Connaissance des Énergies, d’après U.S. EIA)
Toutefois, seul un réacteur nucléaire a été mis en service aux États-Unis au cours de la dernière décennie (Watts Bar 2 dans le Tennessee(6), 1 200 MW) tandis que 8 tranches ont été arrêtées depuis 2013 (la dernière en date, Pilgrim 1 dans le Massachusetts, a été arrêtée fin mai 2019). Seuls deux nouveaux réacteurs nucléaires pourraient démarrer dans un futur proche aux États-Unis : les tranches 3 et 4 de la centrale de Vogtle en Géorgie (réacteurs de 3e génération « AP1000 ») dont les mises en service sont actuellement prévues en 2021 et 2022.Rappelons que la Chine et l’Inde ont pour leur part 9 et 7 réacteurs nucléaires en cours de construction à l’heure actuelle(7).
Selon les projections de l’EIA, la production du parc nucléaire américain pourrait baisser de 17% en 2025(8) par rapport au niveau de 2018. Cette perte de production sera « largement compensée par (la hausse de production) des nouvelles centrales au gaz naturel, éoliennes et solaires » selon l’agence américaine.
Avec les fermetures de réacteurs annoncées, la production du parc nucléaire américain devrait baisser significativement dans les années à venir selon l’EIA. (©Connaissance des Énergies, d’après U.S. EIA)