Portée par l’exploitation d'hydrocarbures non conventionnels, la production de pétrole brut du Texas a atteint près de 4,7 Mb/j en septembre 2018. (©Anadarko)
Pour la première fois depuis des décennies, les États-Unis ont été exportateurs nets de « pétrole » (en comptabilisant brut et produits pétroliers) durant la semaine du 24 au 30 novembre 2018 selon les données de l'EIA américaine.
221 000 barils par jour d'exportations nettes fin novembre
Les États-Unis ont exporté 3,2 millions de barils par jour (Mb/j) de pétrole brut et 5,8 Mb/j de produits pétroliers (fioul, carburants, propane, etc.) durant la semaine du 24 au 30 novembre 2018 selon les estimations de l’EIA. Au cours de cette période, ils ont importé dans le même temps près de 7,2 Mb/j de brut et 1,6 Mb/j de produits pétroliers, ce qui a fait globalement du pays un exportateur net de « pétrole » (de 0,21 Mb/j en incluant donc brut et produits pétroliers) durant cette semaine, une première depuis le début des publications de statistiques de l’EIA en 1973(1).
Cette information a été largement relayée, bien que l’EIA indique qu’elle correspond à des estimations qui « peuvent varier jusqu’à 2 à 3 millions de barils par jour, selon la manière dont les données sont collectées et traitées ». La semaine du 1er au 7 décembre, les États-Unis étaient d’ailleurs à nouveau importateurs nets de brut et de produits pétroliers (+ 1,3 Mb/j).
Ces données constituent toutefois une nouvelle preuve du rôle croissant des États-Unis (déjà exportateurs nets de gaz naturel) sur les marchés pétroliers. Avec l’exploitation croissante de son pétrole de schiste et l’activité importante de ses raffineries(2), le pays était déjà redevenu exportateur net de produits pétroliers dès le 2e semestre 2011.
Début 2008, les importations nettes de pétrole brut et de produits raffinés des États-Unis dépassaient 12 Mb/j en moyenne. (©Connaissance des Énergies, d'après EIA)
Le pays toujours fortement importateur net de pétrole brut
Ces informations sur les échanges américains de pétrole sont à mettre en parallèle avec la production de pétrole brut des États-Unis qui a fortement augmenté ces dernières années et qui a atteint un record de 11,5 Mb/j en septembre 2018, dépassant la production de la Russie (11,4 Mb/j ce mois-là). Les importations américaines de brut restent toutefois très importantes : après avoir atteint un montant record de 10,1 Mb/j en 2005, elles ont été réduites à 7,3 Mb/j en 2014 et ont depuis « légèrement augmenté », avoisinant 8 Mb/j en 2017.
Les informations de l'EIA sont mises en parallèle avec le concept de « domination énergétique » américaine porté par Donald Trump mais la tendance remonte bien avant l'élection du président actuel. Cette évolution est liée à la révolution des hydrocarbures de schiste aux États-Unis depuis les années 2000 mais aussi à la levée de l’interdiction des exportations de brut américain fin 2015 par Barack Obama.
En 2019, la production américaine de pétrole brut pourrait encore augmenter, à hauteur de 12,1 Mb/j selon les estimations de l’EIA. En mars 2018, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait estimé que l’ogre américain pourrait couvrir à lui seul 80% de la hausse de la consommation mondiale de pétrole entre 2018 et 2023.
Rappelons par ailleurs que les 25 pays dits « OPEP+ » (15 pays membres de l’OPEP et 10 producteurs hors OPEP) se sont entendus le 7 décembre sur une réduction de leur production de pétrole brut de 1,2 million de barils par jour (Mb/j), une décision susceptible de faire remonter les cours du brut… et de stimuler encore la hausse de production américaine.