Pipeline à proximité du site de sables bitumineux de Mackay River. (©Suncor)
Des ONG américaines ont analysé les investissements dans les énergies fossiles de 35 grandes banques privées dans le monde. Présentation des principaux chiffres clés de leur rapport publié le 17 mars(1).
Près de 2 660 milliards de dollars depuis la COP21
Au total, les 35 principales banques privées étudiées auraient « prêté près de 2 660 milliards de dollars à l'industrie des énergies fossiles depuis l’accord de Paris » fin 2015 selon le rapport Banking on Climate Change. La banque américaine JP Morgan Chase a à elle seule compté pour 10% de ces investissements. Suivent 3 autres banques américaines : Wells Fargo, Citi et Bank of America.
Les investissements dans les énergies fossiles des banques considérées ont augmenté chaque année depuis la COP21, passant de 640 milliards de dollars en 2016 à 736 milliards de dollars en 2019, d'après les ONG américaines à l'origine de ce rapport (Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International, Reclaim Finance et Sierra Club)(2).
Ces dernières considèrent que les stratégies des banques sont loin d'être « alignées avec l’accord de Paris » malgré certaines annonces visant à limiter les investissements dans le charbon, les hydrocarbures dans l’Arctique ou encore les sables bitumineux(3).
Selon le rapport Banking on Climate Change, la banque française ayant le plus investi dans les énergies fossiles entre 2016 et 2019 est BNP Paribas (84,2 milliards de dollars), devant la Société générale (54,1 milliards de dollars).
Près de 80% d'énergies fossiles dans le mix énergétique mondial
En ce qui concerne le charbon, principale filière énergétique montrée du doigt dans le cadre de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, les banques chinoises (China Construction Bank, Bank of China, ICBC, Agricultural Bank of China) restent très largement en tête des investissements et n'envisagent pas de restrictions dans ce domaine.
Pour rappel, la consommation mondiale d’énergie primaire repose encore à près de 80% sur les énergies fossiles selon l’Agence internationale de l'énergie. Selon le scénario « Stated Policies » de l'AIE, basé sur les politiques et objectifs annoncés par les différents pays en matière d’énergie, la demande mondiale d’énergie pourrait encore augmenter de près de 1% par an d’ici à 2040. À cet horizon, les énergies fossiles pourraient, dans ce scénario, toujours compter pour 74% du mix énergétique mondial.
En 2018, le charbon était la 2e source d’énergie consommée dans le monde après le pétrole et la première source d’électricité loin devant le gaz naturel. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)