Selon l’AIE, l’essor de la bioénergie pourrait compter pour un cinquième des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre en vue de la cible des « 2°C ». (©Pixabay)
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié aujourd’hui une feuille de route pour développer la biomasse « durable ». Elle en fait une solution centrale pour lutter contre le réchauffement climatique.
Un objectif de 17% dans la consommation énergétique mondiale en 2060
Les énergies solaire et éolienne focalisent souvent l’attention lorsqu’il est question des filières renouvelables. C’est pourtant bien la biomasse et les déchets qui constituent de très loin la principale source d’énergie « renouvelable » (près de 70% de la production renouvelable mondiale) à des fins de production d'électricité, de chaleur dans les bâtiments et pour l'industrie ou encore dans les transports.
L’AIE indique que leur part dans la consommation mondiale d'énergie finale avoisine actuellement celle du charbon, si on y inclut la biomasse « traditionnelle ». Les impacts négatifs de cette dernière sur l’environnement et la santé des personnes y ayant recours (pour se chauffer ou cuisiner dans les pays en voie de développement) sont toutefois pointés du doigt.
Dans son rapport, l’AIE se réfère ainsi par le terme « bioénergie » aux « solutions modernes » susceptibles de contribuer activement à la lutte contre le réchauffement climatique. Dans son scénario « 2°C »(1), la bioénergie compterait pour presque 17% de la consommation mondiale d’énergie finale en 2060, contre 4,5% en 2015. Elle serait ainsi « difficile à remplacer » selon l’AIE pour tendre vers l’objectif de l’Accord de Paris. L’AIE préconise de concentrer l’usage de la bioénergie dans les secteurs à décarboner où « les autres solutions sont limitées ».
Pour tendre vers l’objectif « 2°C » de l’Accord de Paris, la consommation mondiale de bioénergie moderne devrait être multipliée par 4 selon l’AIE, en réduisant par ailleurs le recours à la biomasse traditionnelle. (©Connaissance des Énergies, d’après l’AIE)
Une contribution particulière dans les transports
En 2016, la production mondiale de biocarburants a atteint 136,5 milliards de litres selon l'AIE(2). Cette production reste toutefois géographiquement limitée, rappelle l’AIE : seuls 6 pays (aux premiers rangs desquels les États-Unis et le Brésil) ont notamment produit plus d’un milliard de litres d’éthanol en 2016, comptant ensemble pour près de 85% de la production mondiale de ce biocarburant. Selon l’AIE, les pays d’Asie importateurs de pétrole sont voués à jouer un rôle majeur dans la croissance du marché des différents biocarburants.
L’AIE appelle au total à décupler la consommation de bioénergie dans les transports entre 2016 et 2060. A cet horizon, la bioénergie (en incluant le biométhane mais aussi la part de la biomasse et des déchets dans la production électrique) pourrait satisfaire près de 29% de la demande d’énergie finale du secteur. Elle jouerait en particulier un rôle important pour décarboner le transport long-courrier (aviation, transport maritime).
Dans le scénario 2°C de l’AIE, la bioénergie compterait par ailleurs pour plus de 7% de la production électrique mondiale en 2060 contre 2% en 2015. L’Agence envisage par ailleurs un rôle accru de la biomasse moderne dans la production de chaleur, que ce soit dans l’industrie ou dans les bâtiments. L’AIE précise que la dynamique actuelle reste éloignée de ces ambitions. Elle appelle entre autres dans sa feuille de route à fortement augmenter l’offre de matière première en ayant davantage recours aux déchets et résidus de la biomasse.
Dans le scénario « 2°C » de l'AIE, la contribution de l'essence et du diesel dans les transports serait fortement réduite au profit de carburants alternatifs. (©Connaissance des Énergies, d’après l’AIE)