Selon EurObserv'ER, le solaire thermique « a retrouvé le chemin de la croissance » dans l'Union européenne en 2018. (©Pixabay)
EurObserv’ER(1) a publié le 8 juillet son baromètre annuel consacré au secteur du solaire thermique dans l’Union européenne(2). Présentation des derniers chiffres clés sur la « chaleur solaire ».
Le solaire thermique dans l’Union européenne à fin 2018
À fin 2018, l’Union européenne comptait près de 53,5 millions de m2 de capteurs solaires thermiques au sein de ses 28 États membres (pour une puissance totale de 37,4 GW thermiques) selon les dernières données d’EurObserv’ER. Pour rappel, un système solaire thermique exploite le rayonnement du Soleil afin de le transformer directement en chaleur (chauffage et eau chaude). Au niveau européen, le marché du solaire thermique « a retrouvé le chemin de la croissance en 2018 », avec 2,2 millions de m2 de nouvelles installations solaires thermiques(3) l'an dernier dans l'UE(4) (soit 8,4% de plus qu’en 2017).
Parmi les développements positifs en 2018, EurObserv’ER souligne entre autres la croissance du parc solaire thermique en Grèce (+ 328 500 m2) et en Pologne (+ 310 000 m2, avec la mise en œuvre d’appels d’offres municipaux). La situation de l’Allemagne – qui constitue encore de loin le premier marché européen (+ 573 500 m2 en 2018) – est en revanche considérée comme « le principal point noir » pour la filière car les installations y ont baissé de 11,8% par rapport à 2017, malgré des incitations publiques « généreuses » (jusqu’à 3 600 € pour un système solaire thermique avec une nouvelle chaudière).
En France, le solaire thermique est « globalement en croissance » (+ 150 622 m2 en 2018), le déploiement de nouvelles installations intervenant principalement dans les départements d’outre-mer qui « bénéficient d’incitations ciblées avec un soutien public important », en particulier en Guadeloupe où 18 000 chauffe-eaux solaires (CES) ont été installés en 2018 et à La Réunion.
Selon EurObserv’ER, l’industrie européenne du solaire thermique « reste en difficulté sur le marché du résidentiel » mais trouve de nouveaux relais de croissance, en particulier avec des systèmes appliqués aux processus industriels. En témoigne, le début de la construction fin 2018 de la 3e plus grande centrale thermique au monde en France pour les besoins de chaleur d'une malterie dans l’Indre (fourniture de 8,7 GWh de chaleur par an)(5). La filière solaire thermique mise également sur un développement dans les réseaux de chaleur.
Même si la croissance du solaire thermique dans l’UE se confirmait en 2019 et 2020, EurObserv’ER juge que « la contribution de la chaleur solaire ne devrait finalement atteindre que 2,6 Mtep » en 2020, soit bien moins que les objectifs européens fixés à cet horizon (6,45 Mtep). Parmi les freins au développement de la filière figure en premier lieu l’investissement initial (malgré des coûts de production compétitifs par la suite).
Avec 19 269 490 m2 de capteurs solaires thermiques à fin 2018 (et 573 500 m2 installés en 2018), l'Allemagne est de loin le pays où la filière s'est le plus développée dans l'Union européenne. (©Connaissance des Énergies, d'après EurObserv'ER)
Le solaire thermodynamique : l’avenir de la filière européenne toujours en Espagne
Le baromètre d’EurObserv’ER porte également sur le parc d’installations thermodynamiques qui « n’a pratiquement pas évolué depuis 2013 » en Europe, avec une puissance installée de 2 314 MW à fin 2018 (en incluant pilotes et démonstrateurs) concentrée quasi intégralement en Espagne. Pour rappel, un système solaire thermique à concentration (thermodynamique ou CSP pour Concentrated Solar Power), exploite le rayonnement du Soleil en orientant, au moyen de miroirs, les flux de photons. Ce système thermique concentré permet d’atteindre des niveaux de température bien supérieurs à ceux des systèmes thermiques classiques non concentrés (ce qui permet entre autres de pouvoir produire de l'électricité).
L’essentiel du développement actuel de ces centrales se situe « dans des pays où les conditions d’ensoleillement sont très propices, tels que la Chine, l’Inde, l’Australie, l’Afrique du sud, les Pays du golfe ou du Maghreb », rappelle EurObserv’ER. La puissance mondiale était estimée à 5 663 MW à fin 2018 selon les dernières données de Protermosolar(6).
EurObserv’ER juge le marché européen « en sommeil » mais fait état de plusieurs projets susceptibles d’être finalisés d’ici 2020-2021 (outre la centrale Ello dans les Pyrénées Orientales « opérationnelle depuis la fin du mois d’octobre 2018 », plusieurs projets de plus grande envergure en Sicile sont notamment cités dans le baromètre : Solecaldo 41 MW, Reflex Solar Power 12,5 MW, Lentini 55 MW, etc.). D’ici à 2020, les perspectives européennes de croissance de la filière restent bien en dessous des objectifs que s’étaient assignés les pays membres dans le cadre de leurs Plans d’action nationaux en faveur des énergies renouvelables.
EurObserv’ER estime que « l’avenir de la filière européenne du solaire thermodynamique se trouve encore en grande partie en Espagne », ce pays faisant état dans son projet de PNIEC (Plan Nacional Integrado de Energía y Clima) d’un objectif de 4 803 MW installés pour le solaire thermodynamique en 2025 (pour une production d'environ 13,9 TWh) et de 7 303 MW en 2030. Le solaire thermodynamique pourrait à cet horizon compter à lui seul pour 6,7% de la production d’électricité du pays, soit une contribution proche de celle du nucléaire (7,3%) selon EurObserv'ER. La technologie « a déjà montré sa fiabilité et sa robustesse, sa capacité également à contribuer à l’équilibre du réseau » mais elle doit encore « confirmer sa trajectoire actuelle de baisse des coûts », conclut le Baromètre.